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Documenti Diplomatici Svizzeri, vol. 1991, doc. 10
volume linkBern 2022
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Archivio | Archivio federale svizzero, Berna | |
Segnatura | CH-BAR#E2010A#2001/161#6810* | |
Titolo dossier | Allgemeines, Band 2 (1991–1991) | |
Riferimento archivio | C.41.111.0 |
Archivio | Archivio federale svizzero, Berna | |
Segnatura | CH-BAR#E7001C#2001/86#797* | |
Titolo dossier | Korea (1993–1993) | |
Riferimento archivio | 2310-1 |
Archivio | Archivio federale svizzero, Berna | |
Segnatura | CH-BAR#E7115A#2000/383#1887* | |
Titolo dossier | Handelsgespräche (1991–1991) | |
Riferimento archivio | 821 • Componente aggiuntiva: Singapur |
Archivio | Archivio federale svizzero, Berna | |
Segnatura | CH-BAR#E2010A#2001/161#5* | |
Titolo dossier | Delamuraz Jean-Pascal, Bundesrat (1991–1993) | |
Riferimento archivio | A.11.10.51 |
Archivio | Archivio federale svizzero, Berna | |
Segnatura | CH-BAR#E7001C#1999/296#596* | |
Titolo dossier | Singapur (1991–1991) | |
Riferimento archivio | 2310-1 |
Archivio | Archivio federale svizzero, Berna | |
Segnatura | CH-BAR#E1010C#1996/219#470* | |
Titolo dossier | Auslandreisen des Bundespräsidenten, des Bundesrates und von Chefbeamten (1991–1991) | |
Riferimento archivio | 354 |
Archivio | Archivio federale svizzero, Berna | |
Segnatura | CH-BAR#E7115A#2000/383#1792* | |
Titolo dossier | CF Delamuraz à Séoul (1991–1991) | |
Riferimento archivio | 821 • Componente aggiuntiva: Korea, Republik |
dodis.ch/57647Entretiens du Chef du DFEP, le Conseiller fédéral Delamuraz, à Séoul et à Singapour1
Mission économique en Corée du Sud et à Singapour
Je viens d’effectuer une visite en Corée (1–4 avril) et à Singapour (4–7 avril). J’étais notamment accompagné de l’Ambassadeur de Pury, du Président du Vorort Borgeaud ainsi que d’une quinzaine de chefs d’entreprise et de présidents d’associations faîtières.2
L’objectif de ma visite, une première suisse dans la région, était, – comme cela avait déjà été le cas en 1990 lors de ma visite au Brésil3 – de manifester le désir de la Suisse de développer sa présence dans des régions économiquement dynamiques hors d’Europe, à un moment où la Suisse court le danger, tant politiquement qu’économiquement, de se concentrer de manière excessive sur ses intérêts européens.4 L’objectif de ma visite était aussi de relancer notre coopération économique avec deux économies particulièrement dynamiques d’Asie orientale et, pour ce qui est de la Corée, de contribuer au règlement d’un nombre important de problèmes bilatéraux délicats.
Mes deux visites furent un plein succès. En Corée, je fus reçu à déjeuner par le Président de la Corée et eus des entretiens avec les Ministres du Commerce et de l’Industrie, des Finances et des Affaires étrangères avec le Vice-Premier Ministre chargé de l’Économie.5 Des contacts avec l’économie privée coréenne et une excursion auprès de la délégation suisse à Panmunjom complétèrent la partie coréenne du voyage.6 À Singapour, je me suis entretenu avec le Premier Ministre,7 avec l’ancien Premier Ministre (Lee Kuan Yew) qui reste membre du Gouvernement, avec les Ministres du Commerce, des Finances, de l’Éducation et des Affaires étrangères ainsi qu’avec le Gouverneur de la Banque Centrale.8 Dans les deux capitales, la délégation a rencontré la colonie suisse et plus particulièrement les nombreux représentants de l’économie suisse.
À une époque où l’économie mondiale et en particulier les économies de la zone OCDE montrent des signes d’essoufflement,9 à un moment où le décollage économique de l’Amérique latine se révèle plus difficile que prévu10 et où l’Europe de l’Est, fraîchement libérée, est plongée dans une crise de transition profonde,11 l’essor impressionnant et continu de l’Asie orientale est particulièrement spectaculaire et économiquement bienvenu. J’ai pu constater tant à Séoul qu’à Singapour que le dynamisme économique de la zone du Pacifique se confirme comme un des éléments les plus marquants et prometteurs de l’avenir de l’économie mondiale. À la tête de ce mouvement se trouvent, outre le Japon,12 des pays tels que la Corée, la Thaïlande, la Malaisie, Taiwan, Hong Kong, l’Indonésie et bien entendu Singapour, qui avec un tiers des habitants de la Suisse exporte plus que tous ses partenaires de l’ASEAN pris ensemble et a ravi à notre pays la place de troisième centre financier mondial.
Alors que Singapour, un peu comme Hong Kong, a réussi sa percée grâce à une politique d’ouverture économique agressive, raison pour laquelle il n’existe pas de contentieux bilatéral entre Singapour et la Suisse,13 il n’en va pas de même de la Corée. Ce pays a suivi l’exemple du Japon il y a quinze ans et a conquis les marchés mondiaux en protégeant son économie naissante derrière des barrières de toutes sortes.14 Malgré de gros efforts récents de libéralisation, le nombre de problèmes bilatéraux qui encombrent les relations helvético-coréennes reste impressionnant.15
C’est ainsi qu’à Séoul, j’ai passé une bonne partie de mon temps à négocier des dossiers bilatéraux, alors que les entretiens de Singapour ont été l’occasion d’un vaste tour d’horizon sur le développement économique de la région, sur les mouvements de coopération régionale en voie d’éclosion, sur l’Uruguay Round du GATT et sur les relations entre l’OCDE et les économies dynamiques d’Asie.
À Séoul, soutenu par les représentants du secteur privé suisse, j’ai notamment abordé les dossiers bilatéraux suivants: accès des trois grandes banques suisses au marché coréen des titres (une percée semble avoir été obtenue dans ce domaine),16 tarifs et taxes élevés frappant un nombre important de produits suisses (horlogerie notamment), obstacles non tarifaires dans le secteur des textiles, protection de la propriété intellectuelle, problèmes fiscaux de même que les difficultés rencontrées par nos deux plus grandes multinationales (Nestlé et ABB).17 Dans l’ensemble, ma visite semble avoir décrispé nos relations bilatérales avec Séoul et avoir fait substantiellement avancer nos dossiers. Contrairement à la menace et au chantage qui sont les arguments classiques utilisés par les «grands» (US, Japon, CE) en Corée, je me suis employé à faire ressortir auprès des autorités coréennes la communion d’intérêt de nos deux pays face à un monde de plus en plus dominé par les grands blocs commerciaux. Un «follow-up» très intense sera nécessaire pour faire fructifier toutes les démarches entreprises durant ma visite.18 En outre, le Président Roh a invité la Suisse à participer à l’exposition de Taejon en 1993.19
Quant aux autres sujets abordés, à Singapour en particulier mais aussi à Séoul, il convient surtout de relever la quasi-identité de vues entre Berne, Singapour et Séoul en ce qui concerne le Cycle de l’Uruguay du GATT. Autant les Coréens que les Singapouriens sont frappés, sinon consternés, par le manque total d’élan dont souffre actuellement l’Uruguay Round.20 Leur attitude est un mélange de combativité axée vers une reprise aussi rapide que possible de la négociation au niveau politique et de résignation face au manque d’intérêt des Grands. C’est ainsi d’ailleurs que l’avant-scène tant à Séoul qu’à Singapour est, comme en Europe et à Washington, occupée par l’intégration régionale. C’est là un phénomène inquiétant, car – nous l’avons constaté avec nos partenaires asiatiques – la seule coalition pro-multilatéralisme qui subsiste est celle des moyennes puissances commerciales n’appartenant encore à aucun bloc, c’est-à-dire l’AELE, l’ASEAN, la Corée, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et éventuellement le Canada. Si les membres de cette coalition perdent l’espoir et se rabattent sur un régionalisme introverti, l’économie mondiale, en manque de croissance, pourrait amèrement s’en repentir d’ici l’an 2000.
Cela dit, le régionalisme type «Asie» (l’APEC – Asian Pacific Economic Cooperation – et aussi, bien qu’avec quelques réserves, le projet malaisien d’une zone économique de l’Asie orientale) est loin d’être introverti.21 Les pays de l’Asie et du Pacifique sont – contrairement à l’Europe – des commerçants éminemment mondiaux, conscients de l’avantage qui en résulte pour leur compétitivité économique. Ces mêmes pays recherchent d’ailleurs des alliances face aux blocs en émergeance. Mon message tant à Séoul qu’à Singapour a été: créons avec vous une alliance mondiale pro-multilatéralisme. Ce message a été bien reçu.
Quant à l’OCDE, j’ai pu constater que Séoul se prépare à une adhésion,22 alors que Singapour, plus développé pourtant que la Corée, n’envisage pas pour l’instant une telle démarche. La raison en est la volonté politique de ne pas se démarquer par rapport aux autres pays de la région, notamment ceux de l’ASEAN.23
En conclusion, le périple en Corée et à Singapour m’a confirmé qu’il y a dans cette partie du monde des trains qui partent et qui pourraient partir sans la Suisse, si notre pays n’entreprend pas un gros effort de présence accrue. Rater ces trains signifierait pour la Suisse une perte de compétitivité économique d’ici l’an 2000. Car seule une économie qui se mesure sur le marché le plus compétitif du monde pourra être compétitive en Europe en l’an 2000. S’ajoute à cela que la Suisse a aussi des raisons politiques de lutter contre la régionalisation (européanisation) excessive de ses relations économiques extérieures.24
- 1
- CH-BAR#E1010C#1996/219#470* (354). Cette note d’information aux membres du Conseil fédéral est signée par le Chef du DFEP, le Conseiller fédéral Jean-Pascal Delamuraz. Elle correspond au Rapport sur la mission économique suisse en Corée du Sud et à Singapour (1er—6 avril 1991), très probablement rédigé par Claude Barras de l’Office fédéral des affaires économiques extérieures (OFAEE) du DFEP, cf. dodis.ch/57873. Le rapport est envoyé le 11 avril 1991 aux membres de la délégation économique suisse et au Secrétaire d’État Franz Blankart, Directeur de l’OFAEE, par l’Ambassadeur David de Pury, Délégué du Conseil fédéral aux accords commerciaux. Pour la liste complète des destinataires, cf. le facsimilé dodis.ch/57647. Selon le visa du Vice-chancelier Achille Casanova, le Conseil fédéral prend connaissance de la note d’information lors de sa séance du 10 avril 1991, cf. le facsimilé dodis.ch/57647. Lors de la 12ème séance du Conseil fédéral du 10 avril 1991, le Conseiller fédéral Delamuraz a informé de son voyage «dense et très positif» avec le commentaire: «Les marchés asiatiques sont très importants pour compenser notre déficit vis-à-vis de la CE.», cf. le PVCF de décision II du 15 avril 1991, dossier CH-BAR#E1003#2003/92#2* (4.32).↩
- 2
- Pour la liste complète de la délégation suisse, cf. dodis.ch/57873. Selon le communiqué de presse du Sécretariat général du DFEP du 26 mars 1991, c’est «la première fois qu’une délégation mixte (Confédération-secteur privé) de cette importance se rend en Asie», cf. le dossier CH-BAR#E7001C#1999/296#596* (2310-1).↩
- 3
- Pour la mission mixte dirigée par le Conseiller fédéral Delamuraz au Brésil en juillet 1990, cf. DDS 1990, doc. 26, dodis.ch/56121. Cette mission est également mentionnée à titre d’exemple dans les préparatifs de la mission actuelle, cf. dodis.ch/59925.↩
- 4
- La référence à l’universalité de la politique étrangère suisse et l’idée que la Suisse ne doit pas limiter ses relations à ses partenaires européens se retrouvent dans de nombreux documents sur les visites bilatérales de la Suisse, cf. DDS 1990, doc. 4, dodis.ch/56233 (Mexique), doc. 26, dodis.ch/56121 (Brésil) et DDS 1991, doc. 12, dodis.ch/58462 (Argentine); doc. 21, dodis.ch/57590 (Chine); doc. 47, dodis.ch/57398 (Inde).↩
- 5
- Respectivement Roh Tae-Woo, Lee Bong-Suh, Chung Yong-Euy, Lee Sang-Ock et Choi Gak-Kyu. Un dossier regroupant toutes les notices des entretiens menés à Séoul est disponible sur dodis.ch/59787.↩
- 6
- Pour le toast du Conseiller fédéral Delamuraz lors du dîner donné par le Chef de la délégation suisse à la Commission des nations neutres pour la surveillance de l’armistice en Corée (NNSC), le Major général Bernard Sandoz, à Panmunjom, cf. dodis.ch/59932. Sur les effets du processus de réforme en Europe de l’Est sur la NNSC à Panmunjom cf. la compilation dodis.ch/C2086. Pour plus de documents, cf. la compilation thématique Commission des nations neutres pour la surveillance de l’armistice en Corée (NNSC), dodis.ch/T2067.↩
- 7
- Goh Chock Tong.↩
- 8
- Respectivement Lee Hsien Loong, Richard Hu (également Gouverneur de la Banque centrale), Eng Soon Tay et Wong Kan Seng. Pour les notes d’entretien, cf. dodis.ch/59786. La rencontre avec le Ministre de l’éducation a lieu à la demande du recteur de l’école d’ingénieurs de Saint-Gall et vise une coopération à plus long terme dans le domaine de la formation professionnelle (notamment dans le secteur des hautes technologies), cf. dodis.ch/60174.↩
- 9
- Sur la situation économique dans les pays de l’OCDE, cf. dodis.ch/57417 et dodis.ch/57418.↩
- 10
- Cf. DDS 1991, doc. 12, dodis.ch/58462.↩
- 11
- Cf. DDS 1991, doc. 35, dodis.ch/57522 et dodis.ch/59043.↩
- 12
- Sur les relations bilatérales avec le Japon, cf. DDS 1990, doc. 27, dodis.ch/54862.↩
- 13
- Pour un aperçu général des relations entre la Suisse et Singapour, cf. dodis.ch/60140 et dodis.ch/58437. Sur la place financière de Singapour et les banques suisses qui y sont actives, cf. dodis.ch/59312. ↩
- 14
- Pour un aperçu de la situation économique du Japon, cf. dodis.ch/58991.↩
- 15
- Pour les relations politiques de la Suisse avec la Corée du Sud, cf. dodis.ch/59929. Pour les relations financières, cf. dodis.ch/59933, et pour les relations économiques, dodis.ch/59936.↩
- 16
- Pour le détail des demandes suisses, cf. dodis.ch/59933.↩
- 17
- Pour le mémorandum, cf. dodis.ch/59787, annexe 1. Pour la réponse coréenne audit mémorandum, cf. dodis.ch/59898.↩
- 18
- Cf. à ce propos la compilation dodis.ch/C2039.↩
- 19
- Sur la Taejon Expo '93, cf. dodis.ch/59943. Conformément à la recomandation qui y est faite, la Suisse accepte l’invitation, cf. le Message concernant la participation de la Suisse à l’exposition universelle spécialisée de Taejon (République de Corée) en 1993 du 24 juin 1992, dodis.ch/60172.↩
- 20
- Sur l’état des négociations du cycle de l’Uruguay, cf. DDS 1991, doc. 5, dodis.ch/58864 et la compilation thématique Cycle de l’Uruguay (1986–1994), dodis.ch/T1419.↩
- 21
- Cf. dodis.ch/60011.↩
- 22
- Pour les relations entre l’OCDE et la Corée du Sud, cf. dodis.ch/59278.↩
- 23
- Cf. dodis.ch/60011.↩
- 24
- Cf. la note 4.↩
Tags
Singapore (Economia) Corea del Sud (Economia)