Également: Note de la Division politique II du 19.4.1993 (annexe).
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Diplomatic Documents of Switzerland, vol. 1993, doc. 13
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Archive | Swiss Federal Archives, Bern | |
Archival classification | CH-BAR#E2010A#2001/161#1954* | |
Dossier title | Zamora Jaime Paz, Staatspräsident (1990–1993) | |
File reference archive | B.15.50.4 • Additional component: Bolivie |
Archive | Swiss Federal Archives, Bern | |
Archival classification | CH-BAR#E7001C#2001/86#760* | |
Dossier title | Bolivien (1993–1993) | |
File reference archive | 2310-1 |
Archive | Swiss Federal Archives, Bern | |
Archival classification | CH-BAR#E2025A#2002/145#5513* | |
Dossier title | Offizielle Besuche beim Departementschef, Generalsekretär, usw. und deren Besuche im Ausland, Band 6 (1993–1993) | |
File reference archive | t.712-5(2) |
Archive | Swiss Federal Archives, Bern | |
Archival classification | CH-BAR#E4801.2#2004/5#227* | |
Dossier title | Bundesratssitzung vom 21.4.1993 (1993–1993) | |
File reference archive | 5 |
Archive | Swiss Federal Archives, Bern | |
Archival classification | CH-BAR#E2200.143#2003/132#13* | |
Dossier title | Staatsbesuch von Präsident Jaime Paz Zamora, 1993 (1993–1996) | |
File reference archive | 061.4 |
Archive | Swiss Federal Archives, Bern | |
Archival classification | CH-BAR#E7115A#2002/69#1529* | |
Dossier title | Besuch v. Präs. Zamora (April) (1993–1993) | |
File reference archive | 877.3 • Additional component: Bolivien |
dodis.ch/61433
Entretiens du Président de la Confédération Ogi et des Conseiller fédéraux Delamuraz et Cotti avec le Président bolivien Paz Zamora le 2 avril 1993 à Berne1
Visite officielle de travail du Président bolivien Jaime Paz Zamora (JPZ)
La visite de J[aime Paz Zamora] à Berne, la première d’un Chef d’État bolivien en Suisse, a fourni aux deux parties l’occasion de signer un accord de désendettement portant sur un montant de 53 mio. de Frs. (cet accord prévoit la création par le gouvernement bolivien d’un fonds de contrepartie, en monnaie locale, pour un montant équivalent au 11% de la dette remise, et destiné à financer des projets de protection de l’environnement, d’encouragement aux petites entreprises et à l’artisanat),2 ainsi qu’une déclaration d’intention sur la coopération économique, qui engage les deux parties à entamer des négociations en vue de la conclusion d’un accord visant à éviter la double imposition.3
La signature de ces deux documents a été précédée d’un entretien entre les deux délégations (la délégation suisse était dirigée par M. le Président de la Confédération Adolf Ogi, lui-même entouré des Chefs du DFAE et du DFEP, MM. les Conseillers fédéraux Cotti et Delamuraz).4 Après que le Président Adolf Ogi ait souhaité une cordiale bienvenue à J[aime Paz Zamora], les thèmes suivants ont été abordés:
Le Conseiller fédéral Delamuraz (CFD) a distingué 3 volets:
– les relations économiques bilatérales5
– le désendettement
– les aspects multilatéraux (GATT)
CFD s’est référé à l’émergence de l’Amérique latine au plan économique,6 dont la Bolivie constitue un exemple remarquable, à en juger par les résultats sur le front de l’inflation, réduite à des niveaux très bas, et de la croissance du produit intérieur brut. Ces résultats ont pu être atteints en même temps que le pays a bâti sa stabilité politique.7 Au niveau des échanges bilatéraux, CFD a relevé que les instruments à la disposition de la Bolivie (système généralisé des préférences) ont pu être utilisés de façon maximale.8 Afin d’améliorer les performances des produits boliviens, en outre, l’OSEC a établi une note d’information qui a été remise à la partie bolivienne à cette occasion.9
Les accords signés lors de cette visite ont permis aux deux pays de se doter de nouveaux moyens pour intensifier leur coopération économique. Ils s’ajoutent à l’accord de promotion et de protection des investissements de 1987.10
En ce qui concerne le désendettement, CFD [Conseiller fédéral Delamuraz]a relevé que l’accord y relatif constitue une première, qui montre la disponibilité de la partie suisse à aider concrètement les pays en difficulté mais dont la politique économique est de nature à s’attaquer efficacement aux problèmes du pays.11
À propos du GATT, CFD a exprimé le souhait que la Bolivie puisse persuader les pays de sa région à œuvrer en vue d’un achèvement rapide de l’Uruguay Round, contemplant un arrangement équilibré entre les différents domaines de négociation.12 La Bolivie, pour sa part, œuvre aussi en faveur de la libéralisation du commerce mondial. La Bolivie espère pouvoir augmenter ses exportations agricoles et agro-industrielles en direction de l’Europe (à ce propos, J[aime Paz Zamora] a regretté le «protectionnisme» dont font preuve les pays d’Europe). Ce pays ouvre ses frontières économiques dans un contexte d’intégration et de libre-échange (accords en ce sens avec le Chili, le Brésil et dans le cadre du Pacte andin). La Bolivie suit de près les discussions qui ont lieu entre les pays du Groupe de Rio et la CE. Une réunion entre ces deux groupes de pays, concernant le commerce, aura lieu prochainement à Copenhague. À propos de la propriété intellectuelle, la Bolivie considère que ce domaine devrait être mieux réglementé, ce qui favoriserait le transfert de technologie en direction des pays en développement.13
La partie bolivienne (ont pris la parole, outre J[aime Paz Zamora], le MAE Ronald MacLean et le Directeur de la Banque centrale Jaime Delgadillo) a exprimé son appréciation positive au sujet de la disponibilité de la Suisse. Avec la nouvelle orientation de sa politique économique, la Bolivie espère passer du statut d’assisté à celui d’associé, de devenir un bon partenaire d’affaires. En ce sens, l’engagement du secteur privé devient essentiel. La Bolivie, grâce à certains avantages comparatifs, pourrait accueillir des investissements productifs par des entreprises suisses, dont les produits pourraient ensuite être réexportés à d’autres pays de la région, avec lesquels la Bolivie a conclu des accords de libre-échange.
Quant à l’accord de désendettement, la partie bolivienne a relevé que celui-ci est un exemple d’imagination et de générosité, dans ce sens qu’il permet au pays à la fois d’alléger le fardeau de sa dette extérieure tout en libérant des fonds qui seront utilisés à l’intérieur du pays, pour son développement. Pour cette raison, la partie bolivienne a souligné que cet accord est le meilleur instrument international que l’administration bolivienne a pu conclure pendant le mandat de J[aime Paz Zamora]. La Bolivie espère prendre l’exemple suisse comme modèle à utiliser pour des arrangements similaires avec d’autres pays.14
Répondant à une question de CFD au sujet des projets d’aide soutenus par la Banque Interaméricaine de Développement (BID), J[aime Paz Zamora] a relevé que cette institution est celle qui entreprend le programme de développement le plus substantiel dans son pays, en particulier dans le domaine des infrastructures routières. La BID coopère avec le secteur privé dans de nombreux projets. Elle cherche par ailleurs à augmenter son capital afin de pouvoir intensifier son action, en particulier dans le domaine social (cette nouvelle orientation de la BID est très appréciée par la Bolivie). La Bolivie espère que, à l’avenir, la BID concèdera aussi davantage de prêts concessionnels et commerciaux.15
Le Conseiller fédéral Cotti (BRC) a évoqué le développement de la démocratie et de la stabilité en Bolivie, pays qui abrite des diversités ethniques qui cohabitent pacifiquement. Il a fait référence à la politique du gouvernement de J[aime Paz Zamora] en faveur d’un plus grand respect des droits des populations autochtones, sujet à propos duquel BRC a posé des questions, notamment quant au contenu et à la portée des décrets promulgués par le gouvernement bolivien. À ce propos, J[aime Paz Zamora] a relevé que la Bolivie a non seulement pris des initiatives au plan interne, mais international aussi. À l’occasion du 500ème anniversaire de la découverte des Amériques,17 la Bolivie a lancé, lors du Sommet Ibéro-américain de Madrid de 1992, un Fonds pour le développement des populations autochtones d’Amérique latine et des Caraïbes.18 Ce fonds, dont la structure est tripartite (pays membres, populations autochtones, pays tiers qui coopèrent avec le fonds), va bénéficier d’un apport de 2,5 mio. de dollars de la part de la BID pour son fonctionnement. En outre, certains pays européens se sont déclarés prêts à en soutenir des projets concrets.
La Convention relative à la constitution du fonds, déposée auprès de l’ONU, devrait entrer en vigueur dès que 3 pays signataires l’auront ratifiée. Selon J[aime Paz Zamora] ce fonds contribuera à la fois à résoudre des problèmes relatifs à la pauvreté critique, au développement et au trafic de drogue, domaines qui ne sont pas sans relation avec la situation de marginalité dans laquelle se trouvent les populations autochtones.
BRC [Conseiller fédéral Cotti] a également évoqué la coopération suisse au développement, en relevant que la Bolivie en est le principal bénéficiaire en Amérique latine.19 À ce propos, il a demandé à la partie bolivienne de lui faire part de son évaluation. La partie bolivienne a déclaré sa gratitude et sa satisfaction avec le programme suisse d’aide au développement, qui bénéficie directement aux populations dont il est destiné à améliorer les conditions de vie. J[aime Paz Zamora] a relevé que l’aide suisse en Bolivie est celle qui a augmenté le plus rapidement lors des 7 dernières années, ce qui est un signe de la qualité atteinte par cette coopération, dont les effets commencent à devenir tangibles pour la population bolivienne.20 Par ailleurs, J[aime Paz Zamora] a loué l’engagement dont font preuve les coopérants suisses en Bolivie.
Enfin, BRC a abordé le thème de la coopération bilatérale en matière de répression du trafic de stupéfiants, en se déclarant d’accord avec la position bolivienne, selon laquelle il est aussi bien nécessaire d’agir au niveau de l’offre que de la demande. BRC a évoqué les résultats positifs obtenus par la police bolivienne et s’est renseigné auprès de la partie bolivienne quant aux modalités de cette coopération, en mentionnant la possibilité que la Suisse envoie un agent de liaison en Bolivie.21 À ce propos, J[aime Paz Zamora] a déclaré qu’une coopération suisse et européenne serait la bienvenue, non seulement parce qu’il s’agit d’un problème mondial, mais aussi parce que ce thème est devenu central dans les relations Bolivie–États-Unis, ce qui déforme non seulement la nature de ces relations mais aussi la perception des solutions au problème du trafic de drogue.
À propos de l’agent de liaison, la Bolivie se déclare intéressée par la possibilité que la Suisse en dépêche un sur place. Les pays européens pourraient tout aussi bien essayer de se coordonner et ouvrir un bureau commun en Bolivie, étant donné que l’efficacité de la lutte contre le trafic de drogue dépend aussi d’une politique commune, d’un consensus à propos des problèmes à résoudre.22 Enfin, J[aime Paz Zamora] n’a pas manqué de souligner que la coopération suisse au développement contribue déjà indirectement à la solution du problème, étant donné que son action s’exerce en partie dans des domaines qui créent des alternatives viables à l’activité de cultivation de la coca.
- 1
- CH-BAR#E2010A#2001/161#1954* (B.15.50.4). Ce rapport est rédigé par Aldo de Luca de la Division politique II du DFAE et signé par son supérieur, le Chef de section Beat Loeliger. Le Chef de la Division politique II, l’Ambassadeur Pierre-Yves Simonin, distribue ensuite le rapport à divers services du DFAE et du DFEP, cf. le facsimilé dodis.ch/61433. Pour la note d’information du DFTCE au Conseil fédéralsur la visite du Président bolivien Jaime Paz Zamora, cf. dodis.ch/62494. Pour l’évaluation bolivienne de la visite en Suisse, cf. la lettre de l’Ambassadeur de Suisse à Lima, Marcus Kaiser, du 27 avril 1993, dodis.ch/65919.↩
- 2
- Cf. le PVCF No 635 du 31 mars 1993, dodis.ch/64231. L’accord original se trouve dans le dossier CH-BAR#K1#1000/1480#374* (K1.4329).↩
- 3
- Cf. dodis.ch/65944.↩
- 4
- La liste des participants des deux délégations se trouve dans le dossier CH-BAR#E8001D#1997/5#2967* (320.4) de même qu’un programme détaillé de la visite.↩
- 5
- Cf. la notice du Chef de la Section Amérique latine de l’Office fédéral des affaires économiques extérieures (OFAEE) du DFEP,Jean-Jacques Maeder, du 10 mars 1993, dodis.ch/65945.↩
- 6
- Cf. à ce propos les notices du Chef de section Maederdu 10 avril 1992, dodis.ch/61142, et du 13 septembre 1991, dodis.ch/58372.↩
- 7
- Cf. le rapport politique No 1 du Chargé d’affaires a. i. de l’Ambassade de Suisse à La Paz, Max Inhelder, du 18 février 1993, dodis.ch/65911.↩
- 8
- Pour une réflexion sur le système suisse de préférences tarifaires, cf. le rapport du Chef suppléant du Service Commerce, produits de base, industrialisation du DFEP, Cyril Müller, du 10 mai 1990, dodis.ch/56232.↩
- 9
- Cf. dodis.ch/65942.↩
- 10
- Accord entre la Confédération suisse et la République de Bolivie concernant la promotion et la protection réciproques des investissements du 6 novembre 1987, cf. RO, 1991, pp. 1624–1630. Cf. également le PVCF No 1888 du 21 octobre 1987, dodis.ch/65939.↩
- 11
- Dans le cadre du plan de développement multilatéral soutenu par le FMI, la Suisse participe à hauteur de 5 mio. CHF à une action de désendettement de la Bolivie déjà en 1988, cf. le PVCF No 739 du 4 mai 1988, dodis.ch/57851.↩
- 12
- Sur l’état des négociations du GATT en mars 1993, cf. DDS 1993, doc. 8, dodis.ch/61211, et sur la conclusion des négociations à la fin de l’année, cf. DDS 1993, doc. 60, dodis.ch/64443.↩
- 13
- Sur la question de l’intérêt suisse pour une protection accrue de la propriété intellectuelle dans les pays en développement, cf. la compilation dodis.ch/C2035.↩
- 14
- Pour la Suisse aussi, l’accord avec la Bolivie a valeur de modèle et il permet à la Suisse «eine wesentliche Stellung in der internationalen Entschuldungsdiskussion einzunehmen», cf. la circulaire du Directeur de l’OFAEE, le Secrétaire d’État Franz Blankart, du 8 septembre 1993, dodis.ch/64458.↩
- 15
- En mai, la Section Développement, pays de développement de l’OFAEE mène un bref échange avec la BID sur ses expériences et ses attentes en Bolivie, cf. le rapport sur la mission à Managua, Lima et Washington du 26 mai 1993, dodis.ch/65215. Lors d’une mission en Bolivie à l’automne 1993, la Section Développement, pays de développement de l’OFAEE s’est également penchée en détail sur les projets de financement de la Banque mondiale en Bolivie, cf. le rapport du 9 décembre 1993, dodis.ch/65558.↩
- 16
- Pour les relations bilatérales, cf. la notice de la Division politique II du 25 mars 1993, dodis.ch/65912.↩
- 17
- À la même occasion, l’ONU décide de proclamer 1993 année internationale des populations autochtones. Pour la position suisse à ce sujet, cf. la notice de la Section des droits de l’homme du DFAE du 22 mars 1993, dodis.ch/65922.↩
- 18
- Cf. la notice du Secrétariat politique du DFAE du 13 août 1992, dodis.ch/61472.↩
- 19
- Sur la coopération suisse au développement avec la Bolivie, cf. la notice de la Section Amérique latine de la Direction de la coopération au développement et de l’aide humanitaire (DDA) du DFAE du 15 mars 1993, dodis.ch/65903.↩
- 20
- Pour le programme annuel 1994 de la DDA en Bolivie, cf. dodis.ch/65566.↩
- 21
- Sur cette possibilité de coopération, cf. la lettre de l’Ambassadeur Kaiser du 28 avril 1993, dodis.ch/61949, ainsi que la lettre du Chargé d’affaires a. i. Inhelder à la Division politique II du 12 mai 1993, dodis.ch/62332.↩
- 22
- Sur l’envoi de dix agents de liaison de la police suisse en tant qu’attachés à l’étranger, cf. DDS 1993, doc. 55, dodis.ch/61948. Pour la Politique internationale en matière de drogue, cf. la compilation thématique dodis.ch/T1707.↩
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