dodis.ch/32837

Le Secrétaire général du Département politique, P. Micheli, au Chef du Département politique, W. Spühler, et au Chef du Département de justice et police, L. von Moos1

Visite de M. Enrico Martino, Ambassadeur d’Italie

L’Ambassadeur d’Italie me fait part de la vive préoccupation de son gouvernement au sujet des manifestations de xénophobie2 qui se répètent en Suisse à l’égard d’ouvriers italiens. En particulier, la mort de l’ouvrier italien3 à St. Moritz, il y a une quinzaine de jours4, qui avait été attaqué par trois Suisses a soulevé un grand émoi en Italie et dans la communauté italienne en Suisse. L’Ambassadeur d’Italie me remet l’aide-mémoire5 ci-joint. Il pense qu’un geste de la part de la Suisse serait de nature à calmer les esprits. Il demande si le Conseil fédéral ne pourrait pas faire une déclaration déplorant cette agression et appelant la population suisse à se conduire correctement vis-à-vis des ouvriers étrangers; il suggère également qu’une réparation morale soit allouée à la famille. (L’ouvrier assassiné laisse une femme et quatre petits enfants.)

M. Martino saisit l’occasion pour s’enquérir de la suite donnée par les autorités fédérales au problème de l’assurance des familles d’ouvriers italiens demeurées en Italie6. Je le prépare à une prise de position négative, lui disant que le Conseil fédéral avait examiné un rapport7 de l’Office fédéral des assurances sociales d’où il ressort que dans l’état actuel des choses il ne serait guère possible de déférer à la requête italienne. L’Ambassadeur d’Italie reprend à nouveau tous les arguments déjà exposés préalablement dans cette affaire. Il souligne qu’une fin de non-recevoir pourrait avoir de sérieuses conséquences et se réfère à un entretien qu’il a eu avec Monsieur le Conseiller fédéral Tschudi et M. le Vice-Directeur Motta8.