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Documenti Diplomatici Svizzeri, vol. 21, doc. 68
volume linkZürich/Locarno/Genève 2007
Dettagli… |▼▶Collocazione
Archivio | Archivio federale svizzero, Berna | |
▼ ▶ Segnatura | CH-BAR#E5001G#1970/5#80* | |
Vecchia segnatura | CH-BAR E 5001(G)1970/5 5 | |
Titolo dossier | Feldmarschall Montgomery, Winterferien 1960 (1959–1959) | |
Riferimento archivio | 03.4 |
dodis.ch/15417 Notice interne du Département militaire1 Résumé de l’entretien du Maréchal Lord Montgomery of Alamein
Comme l’année dernière2, un entretien animé par le Maréchal Montgomery s’est déroulé, le 26 janvier 1960, lors d’un dîner à l’Ambassade de Grande-Bretagne. Ont assisté à cet entretien, outre le Chef du Département militaire fédéral3, le chef de l’Etat-majorgénéral4, le chef de l’instruction5, le directeur de l’administration militaire6, le sous-chef EM front7 et le colonel brigadier
Bracher. L’orateur était d’excellente humeur, paraissait en bonne santé et semblait être convaincu plus que jamais de l’infaillibilité de son jugement. Les commentaires peuvent être résumés comme suit:
1. Les deux étapes. Deux étapes ont nettement marqué la période d’aprèsguerre. La première a été celle de la guerre froide en Europe. Il fallait pour les Occidentaux relever et réorganiser économiquement, politiquement et militairement l’Europe affaiblie. Ce but est atteint. La première étape constitue ainsi une victoire pour l’Ouest. Elle a pris fin avec la création de l’OTAN et à la mort de Staline.
La deuxième étape est placée sous le signe de l’équilibre des forces, ce qui exclut une guerre en Europe, et met en relief la nécessité de trouver une forme de coexistence. A cet égard, la «diplomatie de la visite», inaugurée par le voyage de Boulganine et Khrouchtchev en Angleterre, en est une manifestation typique.
Montgomery s’est rendu à l’évidence que, dans cette seconde phase, les problèmes de sécurité mondiale ne pourront plus être résolus dans le cadre d’une organisation défensive, telle que celle de l’OTAN, mais qu’il s’agit d’une affaire globale. Il a par conséquent décidé de résilier ses fonctions et, libre de tout lien, de s’informer en hauts lieux. Au cours de l’année dernière, il a rencontré Eisenhower, Herter, Khrouchtchev et Nehru.
Il sera reçu en mai prochain par Mao-Tse-Tung.
2. Les questions à Khrouchtchev. Au cours de son voyage à Moscou, Montgomery a tenu [sic] d’obtenir, en s’entretenant avec Khrouchtchev et d’autres interlocuteurs, notamment avec des maréchaux, une réponse aux 3 questions ci-après qu’il s’est posées. Il attache du prix au fait qu’au cours de sa conversation avec Khrouchtchev il était seul et que l’interprète était Russe et non pas
Anglais. Khrouchtchev a pu dès lors s’exprimer plus librement. a. La Russie veut-elle faire la guerre?
Montgomery a trouvé l’état d’esprit en Russie, qu’il avait visitée la dernière fois en 1947 sur l’invitation de Staline, très différent et détendu. Khrouchtchev a assuré que le but essentiel de la politique russe est d’assurer la paix. Pour les deux camps, les conséquences d’une guerre seraient par trop désastreuses. La
Russie est pressée d’avoir des biens de consommation et d’élever son standard de vie. Les gens veulent des appareils de télévision, des machines à laver, des radios, de bons logements, etc. Le temps est venu pour la Russie de rattraper son retard aussi bien dans ce domaine que dans celui de l’économie civile. Une guerre réduirait à néant ces aspirations.
Montgomery a retiré la même impression de ses entretiens avec les maréchaux. De plus, il a eu aussi le sentiment, dans ce milieu, que la Russie n’était pas organisée pour une guerre qui pourrait se transformer en conflit mondial.
Montgomery en a donc conclu que la Russie ne voulait pas la guerre. b. Quelle opinion les Russes ont-ils des Allemands?
Khrouchtchev a très nettement déclaré que les Allemands réunis à nouveau sous une même direction centrale redeviendraient un danger tout comme avant.
L’Allemagne ne doit donc pas être réunifiée si l’on veut préserver la paix. La
Russie ne doit pas abandonner ce point de vue. c. Que pense la Russie de la Chine?
Khrouchtchev a commencé par affirmer que la Chine et la Russie, attachées à la même idéologie, ne peuvent pratiquement en venir aux mains.
Montgomery dit alors à Khrouchtchev son étonnement d’une crainte plus grande face à 70 millions d’Allemands qu’à 700 millions de Chinois, qui dans
10 à 20 ans seront 1000 millions. Ce fut le seul moment dans l’entretien où
Khrouchtchev eut un instant d’hésitation avant de répondre. Il dit alors que la Russie considérait actuellement l’Allemagne comme une plus grande menace que la Chine. Ce que sera la situation dans 20 ans, personne ne peut le dire aujourd’hui.
3. Les erreurs des hommes d’Etat occidentaux. Selon Montgomery, l’Ouest n’aurait ni plan, ni chef pour déterminer sa politique dans la seconde phase, dans laquelle nous nous trouvons maintenant. Les hommes d’Etat occidentaux seraient enferrés dans des idées dépassées et prendraient volontiers leurs désirs pour des réalités. Ils seraient avides de popularité et n’auraient pas le courage d’innover. A l’appui de ses constatations, Montgomery cite 3 exemples: a. Il est illogique de ne pas reconnaître la République démocratique d’Allemagne. Cet Etat existe et il faut s’accommoder de cette réalité. b. Aucune entente ne peut être scellée, à moins de renoncer à la réunification de l’Allemagne. Les occidentaux devraient le faire comprendre à Adenauer. c. Il est complètement illogique d’ignorer l’existence du plus grand pays du monde, la Chine, et d’agir comme si sa capitale serait Taipeh et non Pékin.
4. Le problème Inde-Chine 8. Montgomery ne croit pas que la Chine veut faire la guerre à l’Inde. En revanche, l’opinion publique en Inde est très agitée et influe très fortement sur son gouvernement. La réception enthousiaste et indescriptible qui a été ménagée à Eisenhower à la Nouvelle Delhi s’explique par le fait que le peuple était persuadé que sa présence représentait l’aide américaine apportée à l’Inde dans le conflit avec la Chine avec toutes les conséquences que cela comporte.
Le commandant en chef de l’Inde a expliqué à Montgomery que les Chinois exercent une pression sur le territoire indien dans des régions impraticables ou ont pénétré sur le territoire indien avec des forces insignifiantes. Cette affaire en soi n’a pas grande importance. Sous la pression de l’opinion, l’Inde a dû cependant réagir fermement. Un corps d’armée au complet fut déplacé vers la région frontière menacée. II a fallu donc établir les liaisons, construire des baraquements, etc., travaux dont le coût est évalué à 200 millions de livres.
Dans les cercles gouvernementaux indiens, on a l’impression que la Chine chercherait avant tout à forcer l’Inde à faire de telles dépenses pour empêcher, ou tout au moins retarder, son renforcement économique et financier et, notamment, faire échouer le deuxième plan quinquennal. La Chine est non seulement supérieure à l’Inde par le chiffre de sa population, mais avant tout parce qu’elle a une idéologie, une discipline et un chef, tandis que l’Inde, si elle a aussi une idéologie, fondée sur une personnalité (Gandhi), n’a en revanche ni discipline, ni direction ferme.
Montgomery est de plus en plus fortifié dans son idée que les Chinois détiennent la clé de la paix mondiale. Il a donc décidé de visiter la Chine. Pendant sa visite de 4 jours à La Nouvelle Delhi, il en a fait la demande par le canal de l’Ambassade de Chine et a reçu la réponse sur place encore: Mao-Tse-Tung est prêt à le recevoir.
5. La vie pendant la deuxième phase. Montgomery estime qu’une guerre en Europe ou une guerre mondiale est exclue. Il appuie sa thèse sur les effets effroyables des armes nucléaires et bactério-biologiques. La règle pour l’Europe est de défendre et de maintenir les positions acquises et, pour le reste, de s’organiser sous le signe de la coexistence. La guerre froide continue, mais principalement en Asie et en Afrique.
Pendant la première phase, les préoccupations du monde occidental ont été, pour ainsi dire, d’ordre interne. Cette étape s’est achevée sur un succès pour l’Occident. Ce qu’il faut maintenant, c’est regarder vers l’extérieur et combattre les actions de la guerre froide, notamment en Asie et en Afrique. Pour cela, l’Ouest n’a ni plan, ni organisation. Il s’agit dans l’ensemble non seulement d’une question de puissance militaire, mais aussi et avant tout d’une question d’idéologie et de moral.
- 2
- Le Maréchal Montgomery a séjourné en Suisse en janvier-février 1959 (cf. E 5001(F)1970/4/18), mais aucun compte rendu de l’entretien organisé à cette époque à l’Ambassade de Grande-Bretagne n’a pu être retrouvé. En revanche, sur la visite de Montgomery à P. Chaudet du 26 février 1958, cf. la notice Secret de A. Käch transmise à tous les membres du Conseil fédéral le 18 mars 1958, E 5001(F)1970/7/ R 3698 (dodis.ch/16392).↩
- 4
- J. Annasohn.↩
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