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Notice du Secrétaire général du Département politique, P. Micheli1

Vol inaugural Swissair Zurich–Moscou2 12–21 août 1967

Lors du séjour à Moscou de M. le Conseiller fédéral Gnägi3 pour l’inauguration de la ligne aérienne Zurich–Moscou4, deux visites de courtoisie avaient été inscrites au programme5. La première chez M. Ilyashenko, vice-président du Présidium suprême, Président de la République de Moldavie et remplaçant M. Podgorny absent de Moscou; la seconde chez M. Efremov, vice-président du Conseil des Ministres, remplaçant de M. Kossygin également absent de Moscou.

L’accueil fut courtois, avec la touche de solennité de rigueur au Kremlin (aide de camp attendant au pied du perron, marche lente à travers d’interminables corridors, introduction dans les salles d’audience à la minute fixée); du côté russe, à côté des deux vice-présidents, l’Ambassadeur de l’URSS6 à Berne et quelques hauts fonctionnaires, du côté suisse, à côté de M. Gnägi, l’Ambassadeur Lindt et moi-même.

Conversation courtoise ne sortant pas de généralités.

Nos hôtes se sont tous deux félicités de l’ouverture de la ligne Zurich–Moscou et ont exprimé l’espoir qu’elle servira à développer les relations entre les deux pays dans tous les domaines. M. Efremov, dont le ton était très direct, a relevé que les échanges entre les deux pays, bien que s’étant développés de façon réjouissante au cours des dernières années, étaient loin d’atteindre le niveau qui devrait être le leur7. Il a franchement déclaré que l’ambition de l’URSS était d’enlever à la Suisse la première place parmi les producteurs d’horlogerie, mais qu’elle savait également que nous déployerions tous nos efforts pour la maintenir.

M. Ilyashenko a surtout cherché à nous expliquer le mécanisme des institutions soviétiques, alors que M. Efremov qui supervise des ministères couvrant les mêmes domaines que notre Département des transports et communications et de l’énergie a échangé avec M. Gnägi quelques propos sur des questions techniques qui l’intéressaient.

Chaque entretien a duré 20 minutes environ. Entre les deux nous avons été admis à visiter les appartements de Lénine.

Lorsqu’on pénètre au Kremlin on éprouve un peu le même sentiment que l’on ressent à Washington: celui de se trouver au centre d’une gigantesque machine politique et administrative sortant tout à fait des normes habituelles; on y perçoit les pulsations des organes vitaux d’immenses empires à côté desquels la Suisse est bien petite. Cependant ni au Kremlin ni au Ministère des Affaires étrangères je n’ai eu l’impression que notre pays était considéré comme une quantité négligeable.