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Diplomatic Documents of Switzerland, vol. 1992, doc. 29
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Archive | Swiss Federal Archives, Bern | |
Archival classification | CH-BAR#E1010C#1996/219#471* | |
Dossier title | Auslandreisen des Bundespräsidenten, des Bundesrates und von Chefbeamten (1992–1992) | |
File reference archive | 354 |
Archive | Swiss Federal Archives, Bern | |
Archival classification | CH-BAR#E2010A#2001/161#6858* | |
Dossier title | Allgemeines, Band 1 (1991–1993) | |
File reference archive | C.41.111.0 • Additional component: Chine |
Archive | Swiss Federal Archives, Bern | |
Archival classification | CH-BAR#E8812#1998/341#112* | |
Dossier title | BR-Sitzung vom 19. August und Klausur Wohneigentumsförderung mit der beruflichen Vorsorge,Krankenversicherung (1992–1992) | |
File reference archive | 1 |
Archive | Swiss Federal Archives, Bern | |
Archival classification | CH-BAR#E7001C#2000/124#812* | |
Dossier title | China (1992–1992) | |
File reference archive | 2310-1 |
Archive | Swiss Federal Archives, Bern | |
Archival classification | CH-BAR#E2010A#2001/161#5* | |
Dossier title | Delamuraz Jean-Pascal, Bundesrat (1991–1993) | |
File reference archive | A.11.10.51 |
dodis.ch/59914Entretiens du Chef du DFEP, le Conseiller fédéral Delamuraz, avec le Premier Ministre chinois Li Peng et le Ministre du commerce extérieur Li Lanqing à Beijing1
Ma visite en République de Chine (6–11 juillet 1992)
1. Buts du voyage et rencontres organisées
Mon voyage avait pour but de relancer les relations économiques bilatérales et d’améliorer le cadre pour le développement entre les entreprises suisses et la Chine, qu’il s’agisse de commerce ou d’investissement. Alors que les principaux pays industrialisés ont déjà envoyé depuis 1989 plusieurs délégations au niveau ministériel, le moment était venu pour la Suisse de réaffirmer son intérêt et sa présence, la dernière mission économique suisse remontant à 1979.2 C’est pourquoi j’ai dirigé une importante délégation mixte comprenant notamment l’Ambassadeur Nicolas Imboden, Délégué du Conseil fédéral aux accords commerciaux, et une trentaine de personnalités occupant des positions dirigeantes dans les principaux secteurs de l’économie, dont M. Pierre Borgeaud, Président du Vorort.3
J’ai eu l’occasion d’être reçu et de m’entretenir, accompagné de toute la délégation, avec:
– Le Premier Ministre Li Peng (l’entretien a duré 50 minutes, alors qu’il était prévu une visite de courtoisie d’une vingtaine de minutes)4
– Le Ministre des relations économiques extérieures et du commerce Li Lanqing
– Le Vice-Premier Ministre Tian Jiyun
– Le Conseiller d’État et Gouverneur de la Banque populaire de Chine Li Guixian
– Le Ministre et Président de la Commission d’État pour la restructuration de l’économie Chen Jinhua.5
J’ai également eu un entretien avec Mme Deng Nan, fille de Deng Xiaoping et Vice-Présidente de la Commission d’État pour la science et la technologie.
2. Nécessité et chances du renforcement des relations économiques Chine–Suisse
Tous ces contacts m’ont permis de constater, et ceci en accord avec mes interlocuteurs chinois, qu’il existait un énorme potentiel pour le développement des relations économiques sino-helvétiques, notamment dans les domaines de l’énergie, de l’agro-alimentaire et des machines. Le côté chinois a montré un vif intérêt à l’accroissement de la coopération, que ce soit pour les échanges de marchandises, et surtout pour les flux d’investissement et pour les transferts de technologies.6
Mes interlocuteurs ont tous souligné avec vigueur la nécessité d’ouverture de l’économie chinoise, tant vers l’extérieur que vers l’intérieur. Il apparaît clairement que pour les Autorités chinoises le mot d’ordre peut actuellement être synthétisé par les termes «changement» et «ouverture». Les intentions ainsi déclarées sont certes réjouissantes, mais leur concrétisation totale prendra du temps. Cependant, la voie vers les réformes et vers l’ouverture est maintenant tracée. Certaines mesures récentes comme la suppression des subventions à l’exportation, la délégation des pouvoirs dans le domaine du commerce extérieur, la réduction des tarifs douaniers pour 225 produits ou encore la signature de l’accord de Berne sur la protection des brevets en sont des preuves tangibles.7
J’ai eu l’occasion d’aborder, d’une part, des problèmes concrets (remise de neuf mémorandums)8 qui entravent les affaires des entreprises suisses, et d’autre part, des questions plus globales touchant l’établissement de conditions-cadre indispensables au développement des relations bilatérales.9 Sur le premier point, j’ai plus particulièrement mis l’accent sur des pratiques qui réduisent significativement l’accès au marché intérieur chinois pour les produits de consommation durables suisses. Il convient de citer, entre autres, les barrières tarifaires, la rigidité de la politique de fixation des prix et le système des licences d’importation. Sur le second point, j’ai particulièrement insisté sur l’absolue nécessité d’une plus grande transparence dans les lois et règlements. En effet, j’ai mis en exergue l’importance de la sécurité juridique et de la prévisibilité des règles du jeu pour les relations économiques bilatérales. À cet égard, la signature d’un accord sur la protection de la propriété intellectuelle,10 d’une importance fondamentale pour la non-discrimination de l’industrie chimique suisse, constitue un premier pas positif d’autant plus que sa conclusion n’était pas attendue si rapidement (la Suisse est le premier pays, après les États-Unis, à conclure un tel accord avec la Chine).
3. Réintégration de la Chine au GATT
Plusieurs interlocuteurs chinois m’ont fait part du vœu de leur pays de réintégrer le GATT aussi rapidement que possible. J’ai rappelé à cet égard que la Suisse était favorable à la réintégration de la Chine dans son statut de partie contractante et qu’elle appuyait la poursuite des travaux du groupe de travail, dont la Présidence est assurée par l’Ambassadeur Girard, afin que celui-ci puisse mener son mandat à terme dans les meilleurs délais. J’ai toutefois indiqué qu’une telle réintégration impliquait le respect de toutes les obligations assorties au GATT. Concernant l’accession de Taiwan, le côté chinois a signifié clairement qu’il ne s’opposait pas fondamentalement à cette requête à la condition que la Chine soit réadmise auparavant et qu’un compromis puisse être trouvé sur l’appellation de Taiwan au GATT.11
4. Droits de l’Homme
Concernant les droits de l’Homme, j’ai obtenu, en marge des entretiens officiels, une réponse des Autorités chinoises sur l’un des mémorandums (qui demandait des précisions sur la raison de l’incarcération, le lieu de détention et l’état de santé de six détenus) remis voici quelque mois. Même si le contenu de cette réponse ne saurait nous satisfaire, le fait que le dialogue initié par la Suisse se poursuive est un signe positif.12 J’ai également insisté auprès de tous mes interlocuteurs, y compris le Premier Ministre Li Peng, sur le respect du droit non seulement dans le domaine économique, mais aussi dans tous les autres domaines. J’ai clairement et fermement signifié qu’il s’agissait d’un élément indispensable à l’établissement de rapports de confiance sans lesquels il ne saurait y avoir de véritable économie de marché ou de partenariat sur la base de l’intérêt mutuel.
5. Shanghai et la nécessité d’une représentation consulaire suisse
À l’occasion de cette mission, je me suis également rendu à Shanghai où j’ai pu vérifier l’impressionnant développement économique de cette ville. Shanghai, véritable pôle de croissance, est appelé à devenir le poumon économique de la Chine ainsi qu’un centre de production, de commerce, de services et de finances de l’Est asiatique. Un entretien avec le maire de la ville, M. Huang Ju, m’a confirmé cette impression. À ce titre, il est indispensable pour renforcer la présence suisse à Shanghai que nous y nommions – dans un premier temps – un agent consulaire honoraire.13 Il pourrait, le cas échéant, être choisi parmi les Suisses toujours plus nombreux qui travaillent sur place.
6. En conclusion
Ma visite s’est déroulée à un moment opportun, car le développement économique de la Chine s’y décide. En effet, la deuxième année du plan quinquennal (91–95) correspond à une période charnière où les grandes orientations annoncées d’ouverture et de changement commencent à se concrétiser.14 Par ailleurs, la signature de l’accord sur la protection de la propriété intellectuelle constitue un résultat encourageant. Il reste à attendre maintenant la transformation dans les faits des intentions politiques déclarées unanimement par le gouvernement chinois, ce à quoi je crois car, sans que l’on puisse exclure quelques soubresauts temporaires, le point de non-retour a été atteint. Cette ouverture économique sera-t-elle associée à une ouverture politique? Rien ne l’assure dans le court terme, cependant avec l’accroissement des échanges et de la présence étrangère l’évolution paraît inéluctable dans le moyen et le long terme.
De plus j’ai pu constater le respect confirmé et la confiance que les dirigeants chinois portent à la Suisse, second État à avoir reconnu la «Chine nouvelle» en 1950 déjà, et pionnière des activités étrangères dans l’Empire du Milieu (la société Schindler fut la première entreprise étrangère à conclure un joint-venture en Chine en 1980).15
- 1
- CH-BAR#E1010C#1996/219#471* (354). Cette note d’information au Conseil fédéral est signée le 14 juillet 1992 par le Conseiller fédéral Jean-Pascal Delamuraz, Chef du DFEP. Selon la copie présente dans le dossier CH-BAR#E7001C#2000/124#812* (2310-1), elle est déjà rédigée le 13 juillet 1992 par Rudolf Kummer, Chef de la section pays asiatiques en développement et à commerce d’État de l’Office fédéral des affaires économiques extérieures (OFAEE) du DFEP, et transmise au Service Presse et Information du DFAE pour publication dans le télex hebdomadaire 29/92 du 13 juillet 1992, cf. dodis.ch/61265.↩
- 2
- Sur la mission économique de 1979, cf. le PVCF No 595 du 28 mars 1979, dodis.ch/61899.↩
- 3
- Pour la liste complète des membres de la délégation mixte, cf. le dossier CH-BAR#E7001C#2000/124#812* (2310-1).↩
- 4
- Le Premier ministre chinois Li Peng effectue une visite en Suisse le 29 janvier 1992, lors de laquelle il est reçu par le Chef du DFAE, le Président de la Confédération René Felber, et par le Conseiller fédéral Delamuraz, cf. DDS 1992, doc. 4, dodis.ch/61393.↩
- 5
- Pour les notices relatives à ces cinq entretiens menés par le Conseiller fédéral Delamuraz à Beijing, cf. dodis.ch/61853.↩
- 6
- Le développement des relations économiques entre la Suisse et la Chine est déjà à l’ordre du jour lors de la visite du Directeur de la Direction politique du DFAE, le Secrétaire d’État Klaus Jacobi, en mai 1991, cf. DDS 1991, doc. 21, dodis.ch/57590.↩
- 7
- L’accord de Berne, ou convention de Berne, est une des conventions administrées par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle. La Chine dépose son adhésion à cette convention le 8 juillet 1992, cf. l’annexe Memorandum of Understanding on the protection of Intellectual Property Rights, dodis.ch/61853.↩
- 8
- Huit de ces neuf mémorandums se trouvent en annexe des entretiens susmentionnés, cf. dodis.ch/61853.↩
- 9
- Cf. dodis.ch/62586.↩
- 10
- Cf. l’annexe Memorandum of Understanding on the protection of Intellectual Property Rights, dodis.ch/61853. ↩
- 11
- À propos de l’accession de la Chine et de Taïwan au GATT, cf. l’entretien du Conseiller fédéral Delamuraz avec le Ministre des affaires économiques extérieures et du commerce Li Lanqing, le 8 juillet 1992, dodis.ch/61853, ainsi que la notice du Délégué du Conseil fédéral aux accords commerciaux, l’Ambassadeur Pierre-Louis Girard, du 12 août 1992, dodis.ch/61294.↩
- 12
- Lors de la visite du Secrétaire d’État Jacobi en 1991, la Suisse et la Chine conviennent d’entretenir un dialogue sur les droits humains, cf. DDS 1991, doc. 21, dodis.ch/57590. À ce titre, la Suisse envoie une mission en Chine en décembre 1991, cf. le rapport du 10 janvier 1992, dodis.ch/59214. C’est lors de cette mission que le mémorandum est remis aux autorités chinoises, cf. le dossier CH-BAR#E2010A#2001/161#5757* (B.73.0). La Chine envoie elle aussi, fin 1992, une délégation en Suisse, cf. le télex hebdomadaire 50/92 du 7 décembre 1992, dodis.ch/61272.↩
- 13
- Sur la nécessité d’ouvrir un consulat à Shanghai, cf. la notice de la Direction administrative et du service extérieure du DFAE à l’Ambassade de Suisse à Beijing du 8 août 1992, dodis.ch/62891. Sur la question de l’ouverture du consulat, cf. la compilation dodis.ch/C2284.↩
- 14
- Cf. la notice de l’Ambassadeur de Suisse à Beijing, Erwin Schurtenberger, du 16 janvier 1992, dodis.ch/62892.↩
- 15
- Sur la reconnaissance de la Chine communiste par la Suisse, cf. la notice du 7 octobre 1949 du Conseiller fédéral Max Petitpierre, Chef du DPF, au Chef de la division des affaires politiques du DPF, le Ministre Alfred Zehnder, dodis.ch/8017, ainsi que la compilation dodis.ch/C1605. les joint-ventures d’entreprises suisses en Chine, cf. la compilation dodis.ch/C2286.↩
Relations to other documents
http://dodis.ch/59914 | is printed in | http://dodis.ch/61265 |
http://dodis.ch/61853 | see also | http://dodis.ch/59914 |
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