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Documenti Diplomatici Svizzeri, vol. 8, doc. 60
volume linkBern 1988
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dodis.ch/44702
Comme des racontars de toute espèce circulent, dans la presse suisse et étrangère, à propos de l’équipée de l’ex-empereur et roi Charles et de l’attitude de la Suisse, nous tenons à vous communiquer ce qui suit, en nous référant d’ailleurs à notre lettre politique No . 132, afin que vous puissiez en faire usage dans vos conversations:
1) L’incident fut connu à Berne, dans la nuit du 29/30 mars. Dans la matinée du 30, le Chargé d’Affaires de Hongrie sollicita une audience de M. le Président de la Confédération pour lui demander, au nom du Gouvernement de Budapest, d’accueillir de nouveau Charles en Suisse. Cette demande fut immédiatement accueillie pour rendre service à la Hongrie (dont la situation délicate vis-à-vis de l’Entente est connue) et pour contribuer, par l’éloignement rapide du prétendant, au maintion de l’ordre et de la paix dans l’Europe orientale. Nous savions donc rendre, par cette rapide décision, un service à tout le monde. A 16 heures 30, nous en avons informé, à l’intention de qui de droit, la Légation de Suisse à Vienne et le Consulat général à Budapest, en les autorisant à viser un sauf-conduit pour l’exsouverain et en les invitant à nous télégraphier le jour et l’heure de son arrivée à la frontière. Le Chargé d’Affaires d’Autriche avait appuyé la demande de son collègue magyar.
Le même jour, visite du Conseiller de Légation yougoslave, qui annonça une démarche de la Petite-Entente.
2) Le 30 mars 1921, à 17h.45, notification du départ de Charles par le Comte AlexandreEsterhazy, ancien grand-maître de l’Impératrice.
3) Le 1er avril, remise, par le Conseiller d’Etat Dufour, de la lettre par laquelle le Gouvernement vaudois, en date du 31 mars, s’oppose au retour de Charles dans le Canton.
Au cours d’une conférence entre M. le Président de la Confédération, M.le Conseiller fédéral Häberlin, M. Dufour, M. Jaquillard, chef de la Sûreté vaudoise et le soussigné, la décision présidentielle fut confirmée au délégué vaudois, avec l’adjonction que l’accès du territoire vaudois serait interdit à l’ex-souverain.
4) Le même jour, constatation que le Prince Xavier de Bourbon-Parme est entré à Genève le 24 mars (jour où l’Empereur disparut, le soir, de Prangins) et sorti par Bâle, à destination de Strasbourg, en même temps que trois Espagnols, dont celui qu’on soupçonnait être l’empereur, [qui]&st en réalité un commerçant espagnol établi à Zurich.
5) Aucune grande Puissance n’a fait une démarche quelconque auprès de nous. Comme vous le savez par la lettre politique No . 131, nous avons pris soin de tenir la Légation d’Angleterre et l’Ambassade de France exactement au courant. Les Anglais paraissent s’être désintéressés de la question. Quant à M. de Lacroix, il comprend parfaitement les motifs qui ont dicté notre attitude, approuvée depuis lors par le Conseil fédéral. Le Ministre d’Italie et le Chargé d’Affaires de Roumanie sont venus simplement aux renseignements.
La démarche collective de la Petite-Entente, dont le Conseiller yougoslave nous menaçait le 30 mars, n’a pas eu lieu. M. Georgevitch est bien revenu, le 8 avril, nous informer que son Gouvernement s’opposait au retour de Charles en Suisse. Il prit rendez-vous pour dimanche pour nous remettre une note, qu’il n’avait soi-disant pas encore eu le temps de déchiffrer entièrement. Mais il ne parut pas et son chef, rentré de Genève, ne remit aucune note au cours de l’audience du 3 avril, où il lui fut rappelé qu’au moment du drame de Belgrade Pierre Karageorgevitch séjournait en Suisse.
Le Chargé d’Affaires tchécoslovaque obtint, le 1er et le 4 avril, des audiences. Dans la première, il attira, au nom de son Gouvernement, l’attention sur le danger que courait la Suisse en accordant de nouveau asile au prétendant et sur la grave violation du droit d’asile dont la Suisse aurait été victime. Il lui fut expliqué que toute tentative de pression ne pourrait avoir, auprès du Conseil fédéral, que l’effet contraire à celui espéré par le Cabinet de Prague. Lors de l’audience de lundi, il répéta, plus ou moins d’ordre de M. Bénès, sa première communication, ce qui donna l’occasion de rappeler un passage du discours prononcé par M. Dusek, au moment de la remise de ses lettres de créances, à teneur duquel M. Masaryk a préparé en Suisse toute l’émancipation tchécoslovaque.
6) Le lieutenant-colonel Kissling, chargé de recevoir le prétendant à la frontière, de lui notifier nos conditions (ci-jointes)3, d’ailleurs déjà communiquées, en résumé, le 2 avril, à Vienne et Budapest et de l’engager à choisir un lieu de séjour provisoire dans la Suisse centrale, l’a reçu hier soir, à 16 h. 50, à Buchs, des mains de délégués du Ministère hongrois des Affaires étrangères, de la Préfecture de Police de Vienne et de 3 officiers de l’Entente. Charles que son épouse était allée rejoindre à la frontière, a choisi, comme il lui avait été suggéré, Lucerne comme lieu de séjour.
Ni Charles ni ceux qui l’accompagnaient n’ont communiqué de détails sur sa fugue et son voyage jusqu’à Vienne. L’ex-souverain était calme, mais très fatigué par un long et douloureux voyage.
7) En ce moment, le Conseil fédéral ne désire pas que l’ex-souverain reste en Suisse, mais il réserve sa décision définitive.
Nous préparons actuellement la réponse à l’interpellation Grimm sur les menées des Habsbourg en Suisse et la fugue de l’hôte de Prangins4, que vous connaissez par les journaux.
8) L’enquête faite par la Sûreté vaudoise et la Police des Etrangers5 pour établir par où et comment Charles a quitté notre territoire n’a fourni aucun résultat positif. L’Impératrice dit avoir tout préparé elle-même, a l’insu du personnel de Prangins.
- 1
- (Copie): E 2001 (B) 3/48.↩
- 2
- Non reproduite, cf. E 2001 (D) c 1/2.↩
- 3
- Dans sa séance du 5 avril 1921, le Conseil fédéral a précisé les conditions que le lieutenantcolonel Kissling est chargé de transmettre: Dieser wird dem Exkaiser eröffnen, dass der Bundesrat, ohne die Frage des dauernden Aufenthaltes in der Schweiz damit zu präjudizieren, beschlossen habe, ihn provisorisch wieder in das Land einzulassen, dass er aber, da ein Aufenthalt in einer Grossstadt und im Grenzgebiet und auch die Rückkehr nach dem Kanton Waadt ausgeschlossen ist, in der Zentralschweiz Aufenthalt zu nehmen habe. Ferner soll dem Exkaiser gegenüber nachdrücklich darauf hingewiesen werden, der Schweizerboden eigne sich für ihn nicht mehr zu einem längeren Aufenthalt und es wäre besser, wenn er sich entschlösse, anderswo ein Asyl zu suchen. Der Exkaiser soll überdies verhindert werden, auf der Reise an seinen neuen Aufenthaltsort Vertreter der Presse zu empfangen (E 1004 1/279). Sur les conditions du séjour en Suisse de Charles de Habsbourg et de sa suite convenues avec les Puissances de l’Entente en mars 1919, cf. DDS 7/1 nos 44, 49, 244, 255. Sur le séjour de la famille impériale entrée en Suisse le 24 mars 1919 et installée au château de Wartegg (Canton de St-Gall), puis à Prangins (Cantonde Vaud) cf. E 2001 (B) 2/41 etE 2001 (B) 3/48. Voir aussi le rapport de Kissling sur le retour de l’ex-empereur Charles et de sa suite le 6 avril 1921 et son voyage de Buchs à Lucerne. (E 2001 (B) 3/48).↩
- 4
- Pour le texte de cette interpellation du 4 avril 1921, les commentaires de Grimm au sujet de cette affaire, à la session du 9 juin du Conseil national et les renseignements fournis par G. Motta, cf. Procès-verbaux des Délibérations du Conseil National, session du 9 juin 1921, pp. 157–198.↩
- 5
- Pour les rapports de la police, cf. E 2001 (B) 3/48, 49.↩
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