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Le Chef de la Division des Affaires politiques, A. Zehnder, au Chef du Département politique, M. Petitpierre1

J’ai eu hier soir un long téléphone de M. J. H. Frey concernant les différents mouvements tendant à une union européenne2. La conférence que M. Vieli a convoquée a eu lieu vendredi à Zurich3. Assistaient à cette conférence les représentants de divers groupements parmi lesquels celui de Churchill (représenté par Sandys)4 et celui des fédéralistes représentés par quatre personnes parmi lesquelles Brugmans et Silva5.

M. Frey a demandé dans son vote l’unification de tous ces groupements en un seul mouvement et la désignation d’un trésorier commun. Les deux groupements les plus importants représentés d’une part par Sandys, d’autre part par Silva n’ont pas pu s’entendre. On prétend, derrière les coulisses, qu’une entente semble exclue parce que dans le mouvement de Silva il y a trop d’éléments syndicalistes de gauche tandis que celui de Churchill s’appuie plutôt sur des milieux politiques conservateurs. Par ailleurs, tandis que le groupement de Churchill est extrêmement modeste dans ses prétentions financières6 (ces messieurs cherchent notamment à se réunir dans des pays où la question de devises présente moins de difficultés qu’en Suisse), celles du mouvement Silva sont exagérées du fait que ses membres désirent absolument rester en Suisse où ils créeraient le secrétariat. M. Frey m’a indiqué que M. Silva espérait réunir entre un demi et un million de francs suisses à cet effet.

La conférence à La Haye7 a été entièrement financée par Philips.

Quant à la question au sujet des plans concernant l’Allemagne, M. Silva n’a pas eu d’idées précises, tandis que le représentant de Sandys a un plan politique tout prêt qui semble être réalisable. M. Frey désirerait vous le communiquer de vive voix.

M. Frey sera à Berne mercredi prochain à l’occasion de la réunion du conseil d’administration de la radio suisse. Il sollicite une audience auprès de vous. Je crois qu’il serait utile de le recevoir, bien que les idées qu’il ait sur ces mouvements soient essentiellement économiques8. C’est peut-être la raison pour laquelle il est plutôt favorable aux idées des conservateurs britanniques qu’à ceux des idéalistes groupés dans le mouvement de Silva. Bref, M. Frey donnera de l’argent à ceux qui permettront à la grande industrie de la Suisse orientale d’augmenter ses affaires d’exportation. Voilà pourquoi le statut futur de l’Allemagne joue un très grand rôle dans les considérations de M. Frey.

La conférence a accordé le délai d’un mois aux représentants des différents groupements pour s’entendre, et on se réunira de nouveau au milieu du mois de juin9. Dans l’intervalle, en vue de créer un front commun suisse, ces messieurs ont fondé un comité composé des personnes suivantes: MM. Sulzer, Golay, Koechlin, Vieli, Frey.