Evaluation der im Kriegsfalle oder bei einem Angriff auf die Schweiz zu ergreifenden Massnahmen. Nicht in Frage kommt ein vorhergehendes Bündnis mit einem anderen Staat. Die Möglichkeit, mit der ausdrücklichen Anerkennung der Schweizer Neutralität der UNO beizutreten, besteht nicht und dieser Nichtbeitritt wird von der Schweiz auch nicht als Nachteil betrachtet.
Abgedruckt in
Diplomatische Dokumente der Schweiz, Bd. 19, Dok. 31
volume linkZürich/Locarno/Genève 2003
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| Archiv | Schweizerisches Bundesarchiv, Bern | |
▼ ▶ Signatur | CH-BAR#E2800#1990/106#100* | |
| Alte Signatur | CH-BAR E 2800(-)1990/106 19 | |
| Dossiertitel | Conversations avec des personnalités politiques étrangères : volume I (1945–1961) | |
| Aktenzeichen Archiv | 341.3 |
dodis.ch/8870
Le Chef du Département politique, M. Petitpierre, au Chef de la Division des Affaires politiques du Département politique, A. Zehnder1
NOTE CONFIDENTIELLE POUR MONSIEUR LE MINISTRE ZEHNDER
J’ai examiné les trois documents que l’Ambassadeur de France vous a remis au cours de l’été dernier. Le premier porte la date du 30 juillet 1952, le second n’est pas daté, le troisième est du 2 septembre 19522. J’ai examiné également votre note du 30 septembre 19523, ainsi que la notice de M. Bindschedler du 25 septembre 19524.
Il y a deux questions distinctes:
1) La première est celle des mesures préventives qui pourraient être prises par la Suisse, d’entente avec des gouvernements ou des autorités militaires étrangers, en vue d’une agression éventuelle contre la Suisse. Il est difficile de se prononcer sur le risque d’une telle agression. Il ne peut pas être absolument exclu. Toutefois, on peut avoir des doutes sur le caractère qu’aurait une nouvelle guerre en Europe. Ce ne sera vraisemblablement pas une guerre au sens classique, mais plutôt une guerre civile européenne. Quoi qu’il en soit d’ailleurs, la Suisse a une chance de rester en dehors d’une guerre. Pour aucun belligérant, il ne paraît y avoir une nécessité stratégique à l’occupation de notre pays, puisque nous sommes décidés à défendre notre territoire contre un agresseur, quel qu’il soit. Cette chance serait certainement diminuée, voire même compromise, si nous nous entendions préventivement avec un des belligérants éventuels5. Du point de vue de la politique de neutralité, une entente de même nature devrait intervenir avec l’autre belligérant probable. La conclusion d’accords secrets est, en principe, contraire à la conception que nous avons de la neutralité. Celle-ci doit être observée et appliquée d’une manière absolue et sans compromis.
Nous devons donc assumer le risque de la possibilité d’une agression sans qu’une entente préalable ait été conclue sur l’aide que pourrait nous accorder l’adversaire de l’agresseur éventuel. Notre attitude doit être absolument catégorique. Nous ne pouvons pas entrer en matière sur une suggestion qui nous serait faite dans le sens d’un accord à envisager dès maintenant. Notre position doit être la même, que nous restions à l’écart des Nations Unies ou que nous y adhérions6.
2) La question d’une adhésion éventuelle aux Nations Unies accompagnée d’une reconnaissance expresse de notre statut de neutralité m’a toujours préoccupé7. Les Etats-Unis8 et l’URSS n’ont pas reconnu la neutralité de la Suisse. Il y aurait intérêt à obtenir une confirmation de la reconnaissance de notre neutralité qui engagerait ces deux grandes puissances. Mais il y a un danger à vouloir solliciter cette reconnaissance. Toute démarche constituerait un affaiblissement de notre position actuelle, en ce sens qu’elle pourrait être interprétée comme la manifestation d’un doute que nous avons nous-mêmes sur la valeur de notre neutralité.
Au surplus, le risque d’échec des démarches que nous entreprendrions me paraît plus grand que les chances de succès. Il semble douteux que l’URSS veuille reconnaître expressément la neutralité de la Suisse. Elle prendrait vraisemblablement une attitude passive en ne se prononçant pas. Les Etats-Unis de leur côté auraient sans doute de la peine à s’associer à une déclaration de reconnaissance, qui pourrait engager d’autres pays, comme les Etats de l’Amérique du sud ou les Etats arabes, ou même certains pays européens, à solliciter une situation analogue à la nôtre. Une brèche serait ainsi ouverte dans le système de sécurité collective créé par la Charte des Nations Unies. De notre point de vue, nous risquerions de perdre la position exceptionnelle que nous avons grâce à notre statut de neutralité permanente. Un échec des démarches entreprises compromettrait peut-être irrémédiablement notre position internationale.
Pour le moment, nous ne retirerions aucun avantage de notre présence dans l’ONU9. Le fait que nous soyons restés à l’écart ne présente aucun inconvénient, toujours pour le moment. La situation peut changer, surtout si des pays actuellement à l’écart, comme l’Italie, l’Autriche et l’Allemagne, nos voisins, en deviennent membres. A cela s’ajoute qu’une votation populaire serait nécessaire sur la question de notre adhésion. Il faudrait la majorité affirmative du peuple et des cantons. Même si l’acceptation de notre candidature était accompagnée d’une reconnaissance de notre neutralité, le résultat d’une votation populaire serait vraisemblablement négatif. L’affaire se présenterait plus mal qu’en 1920, lors de l’accession de la Suisse à la Société des Nations. A ce moment-là, on avait l’opinion que la création de celle-ci mettait fin, sinon définitivement, du moins pour un temps très long, à la guerre. Aujourd’hui, la crainte d’une troisième guerre mondiale inquiète les esprits. Depuis sept ans, nous sommes restés en dehors des Nations Unies sans que cela présente d’inconvénients pour notre pays. Dans l’opinion publique, on a le sentiment que c’est un bienfait pour la Suisse que de n’en être pas membre. Il serait donc difficile de rallier les électeurs à une adhésion.
Sur cette seconde question, mon opinion est aussi entièrement négative, et j’estime que nous ne devons prendre actuellement aucune initiative.
- 1
- (Copie): E 2800(-)1990/106/19.↩
- 2
- Cf. E 2800(-)1990/106/8.↩
- 3
- Cf. la notice de J. Chauvel du 2 septembre 1952, ibid. (dodis.ch/10692) et la notice de A. Zehnder à M. Petitpierre du 30 septembre 1952, ibid. (dodis.ch/9593).↩
- 4
- Ibid.↩
- 5
- Cf. DDS, vol. 18, doc. 135, dodis.ch/7228(dodis.ch/7228).↩
- 6
- Cf. DDS, vol. 19, doc. 57.↩
- 7
- Cf. les notices de M. Petitpierre du 16 avril 1953 pour une séance du Conseil fédéral, E 2800(-)1990/106/1.↩
- 8
- Cf. DDS, vol. 19, doc. 63.↩
- 9
- Cf. DDS, vol. 19, doc. 69.↩
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