dodis.ch/44229 CONSEIL FÉDÉRAL
Procès-verbal de la séance du 15 juillet 1919
1 2547. Agrégation de Täufers
Département politique (Affaires étrangères). Proposition du 3 juillet 1919
Par sa décision du 9 mai3, le Conseil fédéral a approuvé la proposition du Département politique et a pris la résolution que l’incorporation de Täufers ne devait pas être prise en considération. Depuis lors, M. le Conseiller aux Etats Brügger a transmis au Département politique des pièces4, émanant de la commune de Münster, en demandant au Département politique d’examiner à nouveau la question de l’agrégation de Täufers. Le Département politique n’a pas manqué de transmettre tous ces documents au Département militaire en le priant de vouloir bien lui faire connaître son opinion. Le Département militaire a remis au Département politique un rapport de l’Etat-Major de l’Armée. Celui-ci aboutit à la conclusion qu’au point de vue strictement militaire une incorporation de Täufers apporterait de précieux avantages et aucun inconvénient, tandis qu’au point de vue politico-militaire, cette agrégation serait plutôt désavantageuse. Les avantages positifs l’emportent de beaucoup sur les inconvénients, mais la question ne présente qu’une importance très inférieure dans l’ensemble du système défensif de la Suisse, et l’agrégation de Täufers n’empêcherait pas la vallée de Münster de rester militairement un poste très exposé.
Malgré les avantages militaires que présenterait l’incorporation de Täufers, et même si ces avantages étaient beaucoup plus considérables, le Département politique maintient sa proposition de ne pas prendre en considération la requête des habitants de Täufers. Le Département estime en effet qu’il est de la plus grande importance d’éviter en ce moment toute discussion territoriale dans les régions qui touchent aux frontières italiennes et aux contrées dont la possession peut être contestée par l’Italie.5 Le mouvement nationaliste italien est exaspéré par les derniers événements et certains éléments italiens suivent de très près les manifestations de l’opinion publique tessinoise, ou tout au moins de la petite fraction de la population de ce canton qui s’appuie sur la Dante Alighieri et cherche un contact plus étroit avec l’Italie. L’Italie ne fait rien pour améliorer les relations de frontière entre les deux pays et pour régler d’une manière satisfaisante les petites questions en cours, et la Légation d’Italie à Berne ne paraît pas animée d’un esprit conciliant. Dans un moment délicat comme celui que la Suisse traverse, il faut absolument éviter toute contestation territoriale avec l’Italie, et la question de Täufers serait de nature à créer des difficultés avec nos voisins du sud.
En se basant sur ces considérations, le Conseil fédéral décide de maintenir sa décision du 9 mai, à teneur de laquelle l’incorporation de Täufers n’est pas prise en considération.