dodis.ch/42297
Der Bundespräsident und Vorsteher des Politischen Departements,
N. Droz, an den schweizerischen Gesandten in
Berlin,
A. Roth1
très confidentielle
Berne, 10 février 1887
A diverses reprises et avec une insistance toute particulière, la Légation d’Allemagne à Berne a exprimé verbalement vis-à-vis de plusieurs membres du Conseil fédéral la satisfaction que le Gouvernement impérial éprouve de savoir que la Suisse ne craint, en cas de guerre, aucune violation de son territoire par les armées allemandes. Vous vous êtes fait également, Monsieur le Ministre, l’organe de ce sentiment dans votre rapport du [26 janvier.2
L’autre jour, un des chefs de l’armée suisse (M. Pfyffer), m’a exposé combien, si un conflit venait à éclater entre la France et l’Allemagne, une déclaration officielle, catégorique et surtout rapide dans le sens indiqué, aurait d’importance pour l’état-major fédéral.3 Je n’entrerai pas dans le développement des considérations stratégiques qui motivent cette manière de voir; comme militaire, vous les comprendrez sans cela.
Bien que ma foi dans le maintien de la paix ne soit pas trop ébranlée par tout ce qui se passe, je crois devoir appeler votre attention sur le point dont il s’agit. Il est certain que si les choses devaient tourner au pire, la promptitude et la netteté avec lesquelles les puissances voisines répondraient à notre déclaration de neutralité exerceraient la plus grande influence sur les décisions à prendre par notre état-major. Mais il faudrait pour cela que, dans l’espace de quelques heures, nous eussions cette réponse par télégramme. En 1870, le Conseil fédéral a télégraphié déjà le 15 juillet à Berlin et à Paris sa déclaration de neutralité4, mais la réponse de la France n’a été notifiée à M. Kern que le 175, et celle de l’Allemagne, par un télégramme à M. de Roeder, que le 216
. C’est un délai très long, trop long dirai-je, au point de vue de nos dispositions militaires.
En vue de cette éventualité, croyez-vous qu’il serait prudent de préparer d’une manière tout à fait discrète les voies à une réponse éventuelle et de s’assurer que la déclaration allemande sera aussi explicite que possible? Il serait non moins désirable qu’en pareil cas l’Italie donnât une réponse qui nous mît à l’aise du côté de notre frontière sud, en particulier de la Savoie. Jusqu’à quel point pensez-vous que l’Allemagne pourrait y contribuer?
Telles sont les questions qu’il m’a paru utile de vous soumettre. Je serai heureux de connaître votre manière de voir à ce sujet.