dodis.ch/35
Le Ministre de Suisse à
Tokyo, C.
Gorgé, au Département politique
1
Tokio, 13 août 1945, 15 h. 15 (Reçu: 22 août, 11 h. 30)
Numéro 479 – Depuis refus indigné Japon accepter ultimatum Potsdam, événements se sont précipités. Gouvernement parle à mots couverts de nouveaux engins destruction, mais malgré réticences journaux, tragique vérité sur bombe atomique se répandrait rapidement dans public après catastrophe Hiroshima et Nagasaki. Dernières illusions sur possibilités résistance prolongée disparurent après déclaration guerre Soviets qui provoqua véritable panique gouvernementale, mais que presse ne commente pas. Ministre Togo qui se trompa lourdement sur attitude soviétique rentra précipitamment Karuizawa2 littéralement effondré. Flegme ne remplace pas intelligence. Dimanche, public japonais ignorait encore offre reddition inconditionnelle. Soldats creusant au bout mon jardin vaste refuge pour famille impériale, continuent travailler comme si ne se passait rien. Ne pus rien tirer positif de hauts fonctionnaires Gaimusho3 muets comme carpe sur événements dont poids les écrasent. On escompte généralement fin hostilités, mais personne ne saurait dire comment, public et armée se comporteront quand connaîtront désastreuse vérité, surtout que propagande leur martela chaque jour assurance que victoire était absolument infaillible. Peuple pourrait assez facilement se résigner, car sa détresse matérielle avivée par détresse morale résultant de revers continuels et ruines quotidiennes est devenue insupportable, mais réaction peut être différente chez militaires imbus malgré tout de dogme invincibilité armée impériale. Actes désespoir sont à craindre.