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L’ancien Chef du Département politique, M. Petitpierre, au Président de la Confédération, H.-P. Tschudi1

Le Conseil fédéral m’a fait l’honneur de me demander de le représenter à la cérémonie organisée à Paris le 12 novembre à la mémoire du Général de Gaulle, ancien Président de la République française. Le Conseil fédéral aura sans doute été renseigné sur cette cérémonie et sur la réception à l’Élysée qui l’a suivie, par le Secrétaire général du Département politique2 qui m’accompagnait. Je tiens seulement à relever que l’accueil fait à la délégation suisse a été très amical. M. Georges Pompidou, lorsque je lui ai présenté les condoléances du Conseil fédéral et du peuple suisse, a fait allusion aux liens étroits qui unissent son pays au nôtre.

Les manifestations de Paris ont été l’occasion d’un vaste rassemblement de souverains, de chefs d’État et de gouvernement. Aussi ai-je eu le sentiment que la Suisse aurait dû être représentée par vous-même, Monsieur le Président. Vous auriez pu vous faire accompagner soit d’un ancien président de la Confédération soit d’un autre conseiller fédéral et du Secrétaire général du département politique.

À ce propos, je voudrais vous rappeler que le 9 mai 1967, à la suite des obsèques de M. Konrad Adenauer, ancien chancelier de la République fédérale d’Allemagne, auxquelles je représentais déjà le Conseil fédéral3, j’avais écrit au Président de la Confédération, M. Roger Bonvin, une lettre4 dans laquelle je m’exprimais ainsi: «Le Conseil fédéral m’a fait l’honneur de me demander de le représenter aux obsèques de M. Konrad Adenauer, ancien Chancelier de la République fédérale d’Allemagne. J’ai accepté avec l’arrière-pensée qu’il eût été préférable que vous-même ou le Chef du Département politique représentassiez la Suisse. Après avoir participé aux cérémonies qui ont eu lieu à Bonn et à Cologne, je pense que dans une circonstance analogue, c’est-à-dire en cas de décès d’un homme d’État ayant tenu un rôle exceptionnel dans l’histoire de notre temps, aux obsèques duquel de nombreux chefs d’État et de gouvernement, venus parfois de très loin, assistent, notre pays devrait être représenté par un membre en charge du Gouvernement, de préférence par le président de la Confédération. Et cela surtout s’il s’agit d’un chef d’État ou de gouvernement d’un pays proche.»

Lorsque M. Celio m’a téléphoné au nom du Conseil fédéral le 11 no vembre, je n’ai pas eu la présence d’esprit de lui rappeler cette lettre. Je n’étais d’ailleurs que partiellement renseigné sur la manière dont les autres pays se feraient représenter à la cérémonie de Notre-Dame.

Il n’y a pas de doute que le développement des communications et la facilité qu’il y a aujourd’hui de se déplacer ont profondément influencé les mœurs. Il me semble que la réserve que nous observons sur le plan international ne s’oppose pas à une certaine adaptation de notre part aux changements intervenus dans celles-ci.

J’espère que vous ne m’en voudrez pas de ces quelques remarques. Leur utilité est peut-être relative puisque les grandes personnalités qui ont marqué l’histoire au cours de ces trente dernières années ont actuellement toutes disparu, à l’exception de M. Mao Tsé-Toung, et que par conséquent la question de la représentation du Conseil fédéral aux obsèques d’un éminent homme d’État étranger ne se posera vraisemblablement plus avant longtemps5.