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Notice du Département politique12

1) Nombre de démarches

Au cours des cinq premiers mois de cette année, le Département politique a enregistré une trentaine de démarches diplomatiques relatives à des publications de journaux.

Du côté allemand et italien, nous notons une période dont le début pourrait être fixé au mois de novembre de l’année dernière et le terme à fin avril 1943, au cours de laquelle le nombre des interventions est relativement peu élevé (deux par mois en moyenne). De fin avril à ce jour, les plaintes des Légations d’Allemagne et d’Italie accusent une nette recrudescence. Nous en comptons pour ces trois dernières semaines une dizaine. Elles sont énumérées en annexe3.

2) Attitude de nos journaux ces derniers temps

Fin avril est l’époque où l’on commente la découverte des fosses communes à Katyn et le différend polono-russe4. La grande presse s’applique à la réserve voulue. Les journaux de gauche, la «Nation», la «Weltwoche», cependant, prennent prétexte des révélations allemandes pour accentuer fortement leur campagne contre les pays totalitaires au sujet de leur attitude à l’égard des populations des territoires occupés. Ils parlent d’atrocités et tombent dans la «Greuelpropaganda». Leurs «brèves notices» deviennent venimeuses, les titres de dépêches, empreints d’aversion. C’est principalement sur des textes concernant ce sujet que portent les démarches allemandes.

En même temps s’accroît l’activité aérienne des Alliés au-dessus du continent. Quelques journaux insinuent que la responsabilité de ce moyen de guerre incombe aux Allemands. «Ceux-ci récoltent ce qu’ils ont semé» («Appenzeller Zeitung», «Tribune de Lausanne»).

Certains textes publiés par des journaux socialistes à l’occasion du 1er mai ont choqué les Allemands et les Italiens. Nous rappelons la première page de la «BernerTagwacht» surmontée du titre «Stalingrad» en gros caractères rouges5, et l’appel de Canevascini dans la «Libéra Stampa»6.

A ces événements succèdent les nouvelles des Alliés, d’abord réservés, sur leurs succès en Tunisie. La défaite des troupes de l’Axe survient plus rapidement que ne l’escomptait l’opinion publique. Les titres de nos journaux dissimulent mal la satisfaction. Exception faite, il s’entend, des feuilles partiales par excellence (la presse socialiste, «Nation», «Weltwoche»), les journaux semblent s’efforcer d’observer la réserve nécessaire en ce qui concerne le fait d’armes des Alliés et l’échec axiste, mais abandonnent cette attitude en formulant des pronostics souvent hâtifs, voire dangereux: l’invasion du continent par la Péninsule italienne est imminente, le peuple italien préfère sans doute la paix, son Gouvernement n’aurait-il pas avantage à composer. La propagande de dissociation des Alliés envers l’Italie trouve nombre d’interprètes parmi les commentateurs suisses. 3) Interventions du Département politique auprès du Département fédéral de Justice et Police et examen des démarches diplomatiques

Il convient de noter que les articles signalés par le Département politique au Département fédéral de Justice et Police ne le sont pas toujours à la suite d’une démarche de Légation. Le Département tient à garder un contact étroit avec les organes de contrôle de la presse en demandant occasionnellement leur avis au sujet de telle ou telle publication prêtant à discussion. Ainsi, signalions-nous au Département fédéral de Justice et Police, en date du 3 avril, plusieurs articles relatifs aux bombardements aériens, le 13 mai, les commentaires sur l’Italie publiés par la «Libéra Stampa».

Inversement, toutes les réclamations de Légations parvenues au Département n’ont pas été transmises au Département fédéral de Justice et Police. C’est le cas de plusieurs plaintes exposées verbalement par des attachés de presse. Le Département, chaque fois qu’il le peut, s’applique à faire comprendre à la Légation que sa démarche n’apparaît pas fondée ou fait état de sa documentation sur les attaques de la presse allemande contre notre pays. Il arrive aussi que le Département ne transmette une réclamation qu’aux fins d’obtenir une indication précise ou le matériel le mettant en mesure de répondre pièce en mains.

A propos de la plupart des démarches de la Légation d’Allemagne, le Département a pu constater que les articles dont elles étaient l’objet étaient jugés inadmissibles ou inopportuns par la Division Presse et Radio, ou encore que ses organes étaient intervenus auprès de la rédaction spontanément, avant même d’être au courant de la réclamation étrangère. Dans ces derniers cas, la situation des autorités s’est trouvée singulièrement renforcée.