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Le Chef de la Division des Affaires étrangères du Département politique, P. Bonna, au Gérant du Consulat de Suisse à Paris, R. Naville1

Nous avons l’honneur de revenir sur le contenu de notre lettre du 29 décembre2 concernant la situation des israélites suisses en zone occupée. Nous vous demandions notamment de revoir la question du rapatriement collectif éventuel de ces compatriotes et de limiter, autant que possible, le nombre des personnes à admettre au convoi envisagé.

La Légation d’Allemagne à Berne vient de nous faire savoir3 que les mesures restrictives appliquées actuellement en France à l’égard des israélites, telles que port de l’étoile, domicile forcé et déportation, seront étendues dorénavant également aux juifs ressortissants de pays neutres, séjournant actuellement dans les régions occupées de l’Europe occidentale. La Légation ajoutait, à ce propos, et ainsi que les Services d’occupation à Paris vous l’avaient du reste déjà fait entrevoir au mois de décembre, que les autorités allemandes étaient disposées à permettre le rapatriement des israélites suisses en France occupée, de même qu’en Belgique et en Hollande. Une autre solution paraissant exclue, nous avons estimé devoir nous incliner et avons chargé télégraphiquement la Légation de Suisse à Berlin de se mettre à cet effet en rapport avec vous et d’appuyer, s’il y avait lieu, auprès des autorités allemandes compétentes, les demandes tendant à l’obtention des visas de sortie.

Nous admettons que vous aurez reçu dans l’intervalle, de la Légation, les instructions nécessaires4. Nous tenons cependant, en portant ce qui précède à votre connaissance, à vous recommander encore de vous conformer, relativement à l’organisation du ou des convois5, dans toute la mesure possible aux directives de la Division de Police (dernier alinéa de notre lettre du 29 décembre). Par ailleurs, vous voudrez bien veiller à ce que les israélites suisses actuellement internés puissent également, s’ils le désirent, bénéficier de la mesure de rapatriement envisagée.

P.S. - La Légation d’Allemagne a déclaré en outre que les autorités allemandes se réservaient de procéder à un contrôle très serré des papiers de légitimation des personnes demandant à être rapatriées. Elles allèguent, à cet égard, que parmi les israélites titulaires de passeports suisses il s’en trouve qui sont naturalisés de fraîche date (après 1933) et qui seraient en réalité des réfugiés allemands ou des juifs des pays de l’Est. Nous avons fait toutes réserves quant au bienfondé d’une telle affirmation.