Classement thématique série 1848–1945:
6. POLITIQUE ET ACTIVITÉS HUMANITAIRES
6.4. MISSIONS MÉDICALES SUR LE FRONT DE L’EST
Également: Brève indication des missions médicales suisses en Grèce et sur le front de l’Est. Annexe de 12.6.1942 (CH-BAR#E2001D#1000/1552#6098).
Abgedruckt in
Diplomatische Dokumente der Schweiz, Bd. 14, Dok. 197
volume linkBern 1997
Mehr… |▼▶Aufbewahrungsort
Archiv | Schweizerisches Bundesarchiv, Bern | |
▼ ▶ Signatur | CH-BAR#E2001D#1000/1552#6099* | |
Alte Signatur | CH-BAR E 2001(D)1000/1552 176 | |
Dossiertitel | Entsendung von schweiz. Ärzten und Sanitätspersonal nach Deutschland hinter die deutsch-russische Front, 2. Mission (1942–1942) | |
Aktenzeichen Archiv | B.52.11.05.1 |
dodis.ch/47383
MISSIONS SANITAIRES SUR LE FRONT EST ÉMISSION DE L’AGENCE «TASS» DU 12 MAI 1942
Visite de M. von Bibra, Conseiller de la Légation d’Allemagne,
le 26 mai 1942 à 17 h 00
M. von Bibra avait tenté de m’atteindre le samedi 23 mai (voir rapport de M. Boerlin2).
Aussitôt rentré à Berne hier matin, je lui ai fait dire que je me tenais à sa disposition.
M. von Bibra est venu me voir hier à 17 h 00. Il m’a confirmé que Berlin manifestait des signes d’impatience. Il avait reçu l’ordre de faire une démarche auprès du Chef du Département politique; toutefois, M. Feldscher lui ayant dit que je m’occupais de ce genre d’affaires, il avait jugé préférable de venir m’en parler.
M. von Bibra confirme qu’à la date du 12 mai, l’Agence «Tass» a diffusé une nouvelle3 selon laquelle: «Die Schweizer Ärzte hätten berichtet, dass russische Kriegsgefangene systematisch von deutschen Behörden vernichtet wurden; sie wurden vergiftet; in Lager herrsche überall Hunger». Invitée à solliciter un démenti, la Légation se mit en rapport le lendemain même avec le Colonel von Erlach, qui fit observer à son interlocuteur qu’il «s’agissait d’une affaire politique». Ensuite de cette remarque, le Conseiller d’Ambassade Kordt fit au Département politique, le 15 mai, la communication qui se trouve consignée dans la note de M. Feldscher du lendemain4.
J’ai exposé à M. von Bibra, sans lui épargner aucun détail, l’historique des communiqués concernant les missions sanitaires sur le front Est. Je lui ai rappelé que toute publication sur ce sujet étant subordonnée à une autorisation du Conseil fédéral, il devait, partant, être tenu compte, dans l’élaboration des textes ainsi publiés, de leur caractère officieux. J’ai profité de cette occasion pour expliquer les conditions dans lesquelles le communiqué préparé peu après le retour de la deuxième mission sur le front Est5, avait dû être escamoté; M. von Bibra a admis que le Comité avait commis un impair en ne soumettant le projet de communiqué au Département politique qu’après l’avoir remis à l’Attaché militaire allemand!
En ce qui concerne la nouvelle «Tass» du 12 mai, nous avons constaté qu’un malentendu s’était produit: la Légation a compris que, s’agissant d’une affaire de caractère nettement politique, le Département l’évoquait à lui et faisait le nécessaire, tandis qu’il résulte de mes entretiens répétés avec le Secrétariat du Comité, que ce dernier se préparait à soumettre un texte au Conseil fédéral.
M. von Bibra est tout à fait d’accord avec moi pour constater que le Comité, dont le bilan d’œuvres charitables est brillant, a droit, comme toutes les institutions de caractère privé, à l’indulgence.
Je lui ai encore expliqué que je n’exerçais aucun pouvoir sur le Comité, au sein duquel je siège à titre d’hôte; que je m’efforce de lui servir de trait d’union avec l’autorité politique fédérale. Poursuivant, j’ai dit à M. von Bibra que, dans ma conversation avec le Secrétariat du Comité, j’avais préconisé - en réservant entièrement l’attitude du Conseil fédéral - de rédiger un communiqué6 donnant un aperçu général des activités récentes et dans lequel serait glissé un passage qui rectifie implicitement la dépêche «Tass». M. von Bibra a déclaré qu’il partageait personnellement cet avis.
J’ai fait remarquer au cours de la conversation que ni la Légation d’Allemagne, ni les services suisses chargés d’enregistrer les nouvelles radiophoniques étrangères n’avaient été en mesure de nous fournir le texte même de la dépêche «Tass». J’ai, en outre, fait observer que les autorités suisses pourraient prétendre que, s’agissant d’une polémique entre deux belligérants, c’est au Gouvernement allemand de démentir la nouvelle. A cela, M. von Bibra a répliqué en me demandant d’imaginer la réaction du Gouvernement, du public et de la presse suisses si la propagande allemande diffusait, comme elle le pourrait parfaitement, des nouvelles de ce genre sur le prétendu témoignage de ressortissants suisses, concernant les méthodes de guerre de la partie adverse. Je me suis borné à répondre que les relations entre la Suisse et la Russie, d’une part, et les relations entre la Suisse et l’Allemagne, d’autre part, ne pouvaient servir de termes à une comparaison raisonnable.
J’ai promis à M. von Bibra de faire toute diligence pour porter sa démarche à la connaissance du Chef du Département politique7, afin de lui permettre de donner à Berlin la réponse qu’il est impatient de communiquer.
- 1
- E 2001 (D) 2/176.↩
- 2
- Non reproduit. Cf. aussi E 2001 (D) 3/467.↩
- 3
- Le texte diffusé par l’Agence Tass ne semble pas avoir été porté à la connaissance des services du DPF; ceux-ci ne connaissent que les passages transmis par la Légation d’Allemagne à Berne.↩
- 4
- Dans la notice de Feldscher du 16 mai 1942, on lit: Herr Botschaftsrat Kordt telephoniert mir, dass die Deutsche Regierung die Deutsche Gesandtschaft beauftragt habe, die Schweizerische Ärztemission zu veranlassen, gegen eine Meldung des « Tass»-Bureaus, die am 12. Mai ci. J. verbreitet wurde, zu intervenieren. In dieser Meldung war behauptet worden, schweizerische Ärzte hätten bestätigt, dass russische Gefangene von der deutschen Armee vergiftet würden. Herr Kordt fügt hinzu, dass das Politische Departement von dem Schritte, den die Deutsche Gesandtschaft bei der Schweizerischen Ärztemission unternommen habe, verständigt werde, weil bei einem frühem gleichartigen Anlass die Deutsche Gesandtschaft darauf aufmerksam gemacht worden sei, dass das Politische Departement von derartigen Schritten unterrichtet werden sollte. Après avoir pris connaissance de cette notice, le 18 mai, Pilet-Golaz réagit: J’ai dit, lors de la précédente fois, que le Comité n’avait pas le droit de faire passer des communiqués sans l’autorisation du gouvernement; que par conséquent il était nécessaire que l’on passe par nous, à défaut de quoi des retards et des malentendus étaient possibles. - Avant de rien faire, il convient de savoir ce que c’est que cette nouvelle « Tass», en quoi elle concerne notre mission. Après nous verrons s’il y a lieu de faire quelque chose et comment. - A transmettre à M. de Haller pour qu’il prenne contact avec le Secrétariat du Comité.↩
- 5
- Cf. No 170, note 4.↩
- 6
- Le texte du communiqué est reproduit en annexe. E 2001 (D) 2/176↩
- 7
- Pilet-Golaz reçoit le Ministre d’Allemagne, Köcher, le 29 mai à 17 heures; il lui explique que si nous nous engagions dans une polémique avec l’agence Tass, notre action sur le front Est pourrait être compromise par les réactions de la presse de gauche suisse. Il lui a annoncé que le Conseil fédéral pourrait envisager d’approuver un communiqué sur les travaux du Comité au moment du départ de la 3e mission (environ le 19 juin). Brève notice manuscrite de de Haller, datée du 4 juin 1942. E 2001 (D) 2/176.La 3e mission médicale arrive effectivement à Berlin le 19 juin, où elle est officiellement accueillie avant de se rendre à Riga. Cf. lettre de Frölicher au Département militaire fédéral, du 25 juin 1942. E 2001 (D) 2/176.↩
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