Classement thématique série 1848–1945:
I. POLITIQUE GÉNÉRALE ET PRINCIPE DE LA NEUTRALITÉ
Imprimé dans
Documents Diplomatiques Suisses, vol. 13, doc. 329
volume linkBern 1991
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Archives | Archives fédérales suisses, Berne | |
▼ ▶ Cote d'archives | CH-BAR#E2809#1000/723#1* | |
Ancienne cote | CH-BAR E 2809(-)1000/723 1 | |
Titre du dossier | Séance du 3 juillet 1940 (1940–1940) |
dodis.ch/47086 Notes manuscrites du Chef du Département politique, M. Pilet-Golaz, pour la séance du 3 juillet 1940 de la Commission des affaires étrangères du Conseil national1 I. Impossibilité de réunir plus tôt la commission2 L’aurait désiré. Les événements se précipitent. Jamais sûr du lendemain Affaires vraiment urgentes.
Surcroît de travail considérable.
Personnel en partie mobilisé.
Les conférences qui rongent notre temps.
Très peu d’heures pour le travail gouvernemental proprement dit.
Encore moins pour la réflexion pourtant essentielle.
Les forces ont des limites.
Celles de Monsieur Obrecht sont irrémédiablement perdues3.
Les miennes très entamées.
Présidence - Pas de Vice-Président - Armée.
Département Politique lorsque son activité devient primordiale.
Négociations commerciales - Pas de plaintes - Simple explication.A.
Déclarations préliminaires
On est avide de renseignements sur situation internationale.
Cela procède d’un sentiment de sécurité. Déception.
Situation très confuse sur certains points malgré les apparences
(Angleterre-Allemagne; Allemagne-Russie)
L’avenir est inconnu.
Très délicat dans des circonstances pareilles de discuter politique étrangère.
Discrétion difficile (nombre des initiés: les commissions)
Ici: Commission des Affaires étrangères
Communications - Appréciations confidentielles.II. Déclarations présidentielles
Le gouvernement ne peut partager ses responsabilités.
Ne peut donc renoncer à ses compétences.
La Commission l’a toujours pratiqué ainsi (d’autant plus que pas de
Commission semblable aux Etats).
Discrétion absolue. Confidentielles.
Quelques-unes secrètes.
Sinon mon devoir serait de m’abstenir.
Période où le devoir envers le pays, non l’agrément - l’utilité - l’amitié, commande.
Période très difficile et très dangereuse.
Ne pas camoufler la vérité.III. La situation générale
Victoire éclatante des Allemands.
Impuissance sur terre et dans les airs de ceux qui furent les Alliés.
Garanties sont plus un danger qu’une protection.
Hégémonie germano-italienne sur le continent.
On ne voit pas quelle puissance militaire viendrait la briser de si tôt. Amérique?
Donc vieil équilibre rompu qui nous fut toujours si utile.
Périodes d’hégémonie toujours dangereuses pour nous.
Militairement, cette situation a des répercussions profondes.
Nouveau dispositif - Pas de ma compétence.
Mais économiquement, c’est bien pire.
Nous sommes une enclave.
Blocus anglo-français très désagréable mais pas exclusif. Compensation.
Actuellement les conventions ne jouent plus.
Que peut fournir l’Angleterre?
Que peut fournir la France?
Régime de
l’instabilité gouvernementale
de la parlotte
du système D.
Mais les mesures de blocus restent.
Nos voisins maîtres de nos importations et exportations.
Maîtres de notre ravitaillement.
Nécessité de nous adapter.
Opération difficile et dangereuse. Chômage?
Gros sacrifices
Mécontentement des uns et des autres
Fermentation et troubles = danger majeur.
Peu ou pas de bonne volonté chez nos partenaires.
Anglais ne pensent qu’à eux
(une colonie - des neutres)
Reculent devant effort militaire
Moyens économiques.
(Guerre se gagne avec de la chair et du sang). France?
Que sera-t-elle?
Que pourra-t-elle?
Colonies et Méditerranée Gibraltar. Italie
Très amicale
mais pas de matières premières
Ne peut adopter une politique économique opposée à celle de l’Allemagne.
IV. Rapports germano-suisses.
Pas très bons.
L’attitude de la Suisse
Manifestement Pro-alliée
Ne voyant de beau que ce qui se faisait à l’Ouest
Refusant de voir ce qui se faisait d’utile Outre-Rhin
Fermant les yeux sur réalités militaires
La presse
Le dossier gonflé
Là pas d’appui possible du côté italien
C’est un diagnostic - pas diatribe - pas une absoute
Pas un cordial discours6
Le médecin qui constate
Pas étonné de l’expulsion de Caratsch
Le Journal aurait beaucoup mieux fait de le rappeler.
Situation délicate
D’autant plus qu’elle s’est aggravée ces dernières semaines.Secret
Serment intérieur. L’internement.
Pense pas aux difficultés matérielles
Pas aux difficultés politiques
(prisonniers français)
(prisonniers polonais)
Arrangements de Wiesbaden.
Pense aux conditions mêmes de l’arrivée.
A l’attitude de la population
Gouvernement bernois
Cris - Complicité - Immoralité.
Pas rempli impartialement nos devoirs de neutres.
Pas une question d’humanité Discipline Prudence Décence
J’ignore les conséquences
Economiquement pas favorables.
Puis incidents aériens.
D’autant plus fâcheux que droit international hésitant.
Règles terrestres? Non
Règles maritimes? Pas telles quelles
Règles dépassées par les progrès de la technique.
Espace d’exploration.
Chutes de bombes.
Acte unilatéral donc simple.
D’où viennent les bombes?
Si on peut l’établir, protestation, suite
Sinon - Enregistrer - Danger inhérent à l’état de guerre actuel Courrendlin? Kreuzlingen? Genève-Daillens.
Rothenthurm - etc.Avions. Combats
Attention des pilotes détournée du terrain
Frontières très sinueuses et pas facilement repérables.
Altitude - 3000/4000/5000 mètres.
Vitesse: 450 km/h = 7,5 km/minute.
Observation difficile
Monter - descendre - virer
Erreurs - confusions - transgressions faciles.
Or, plusieurs rencontres au début de juin à notre extrême frontière
Plusieurs avions allemands tombés sur France.
Allemagne affirme que certains de nos aviateurs ont passé
la frontière.
Fort possible, sans qu’ils s’en rendent compte.
Mais c’est une circonstance extrêmement grave entraînant pour
nous des conséquences pénibles.
Représentez-vous ce qu’est une discussion avec un adversaire
fort et victorieux.
Selon que vous serez puissants ou misérables, les jugements de cœur...V. Avenir.
Présent très sombre.
Avenir? Il est à Dieu.
L’équilibre se rétablit lentement. Napoléon-Rome-Madrid-Berlin-Vienne-Moscou
épouse Marie-Louise.
La France rentre dans ses frontières.
La Prusse sort grandie.
L’Autriche conduit la politique.
L’Italie prépare son unité.
Ne pas désespérer.
Voir clair.
Agir vite.
Comme dans la tempête.
Confiance dans ceux qui sont aux responsabilités.
Le capitaine du bateau.
La croisière tranquille.
Le mauvais grain.
Personnellement confiance: intelligence - réalisme - dextérité.
Paix peut-être pas aussi éloignée.
Mais cohésion - union - discipline.
[...]7
- 1
- E 2809 1/1. Sur le choix de ce document, cf. la note 1 du No 295.↩
- 2
- Depuis le 6 juin 1940, la Commission des affaires étrangères du Conseil national est présidée par Th. Gut, qui est par ailleurs l’officier de liaison entre le Président de la Confédération et le Commandement de l’Armée. Sur cette nomination et sur la convocation de la Commission, cf. la correspondance de juin 1940 entre Gut et Pilet-Golaz (E 2809 1/5).↩
- 3
- H. Obrecht cessera officiellement de siéger au Conseil fédéral le 31 juillet et décédera le 21 août 1940 (Cf. PVCF No 1296 et 1374, E 1004.1 1/400).↩
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