Classement thématique série 1848–1945:
II. RELATIONS BILATÉRALES
A. AVEC LES ÉTATS LIMITROPHES
3. Italie
3.1. Affaires politiques
Imprimé dans
Documents Diplomatiques Suisses, vol. 13, doc. 79
volume linkBern 1991
Plus… |▼▶Emplacement
Archives | Archives fédérales suisses, Berne | |
▼ ▶ Cote d'archives | CH-BAR#E2001D#1000/1552#3640* | |
Ancienne cote | CH-BAR E 2001(D)1000/1552 138 | |
Titre du dossier | Französisch-englische Stellungnahme zur Unverletzbarkeit der niederländischen und schweizerischen Gebietshoheit im Falle eines deutschen Angriffs (1939–1940) | |
Référence archives | B.51.20.01 |
dodis.ch/46836
Le Ministre de Suisse à Rome, P. Ruegger, au Chef de la Division des Affaires étrangères du Département politique, P. Bonna1
Par ma lettre du 17 avril2 je vous avais remercié de vos deux lettres TG, du 12 du mois dernier3, concernant la question d’une intervention étrangère au cas où la neutralité de notre pays serait violée, ainsi que de la lettre B. 51.20.1, du 14 avril4, renfermant, en annexe, un complément d’informations apporté par M. le Ministre Frölicher à son précédent rapport.
Depuis lors, vous avez bien voulu, par votre lettre circulaire B.51.20.1, du 20 du mois dernier5, me donner des directives supplémentaires dont j’ai soigneusement pris note et dont je vous remercie également.
J’ai été amené, au cours d’une conversation que j’ai eue le 27 avril avec l’Ambassadeur Buti et qui avait principalement trait au problème du ravitaillement de notre pays en cas de guerre, à m’inspirer des directives contenues dans votre dernière circulaire. Je m’empresse de dire que le Directeur général des Affaires politiques ne s’est point départi, au cours de notre conversation, de la discrétion complète à l’égard du problème d’une intervention franco-britannique en cas de violation de notre neutralité, dont ont fait preuve jusqu’ici toutes les autorités italiennes et en premier lieu le Ministre des Affaires Etrangères, Comte Ciano.
Incidemment, la question a dû, toutefois, être abordée à propos du problème de l’étude en commun, avec les autorités italiennes, des possibilités techniques de coopération au point de vue de la fabrication, de la livraison et de l’emploi de munitions en cas d’attaque de notre pays par un adversaire de l’Italie. Vous vous souvenez que, d’entente avec le Département Militaire fédéral, vous nous aviez chargés d’opérer des sondages à ce sujet auprès des instances italiennes compétentes6. Notre Attaché militaire s’est mis en rapport avec le Ministre de la Guerre, mais, comme il s’agissait d’une question de principe et non sans importance, nous avions estimé indiqué, - et d’entente avec vous, le Département Militaire avait approuvé cette manière de procéder - de faire une démarche de principe auprès des Affaires Etrangères. Pour votre dossier, vous trouverez, sous ce pli, copie de la note confidentielle que j’avais remise le 28 mars au Comte Ciano7 et qui exprime en des termes, je crois, aussi prudents et «neutres» que possible, le désir de nos Autorités. Or, malheureusement, tandis qu’à Berlin et à Paris les pourparlers au sujet du problème spécial de la livraison et du ravitaillement en munitions paraissent progresser, la même question se trouve encore «bloquée» ici auprès des instances administratives, et j’ai donc été amené à demander avec insistance une réponse (que l’Ambassadeur Buti m’a promis de faire accélérer).
La conversation au sujet de ce point spécial a amené le Directeur général à poser, dans un esprit d’ailleurs tout à fait compréhensif, des questions au sujet des modalités de la collaboration éventuelle de notre armée, en cas d’attaque contre notre territoire, avec l’adversaire de l’envahisseur. M. Buti a tout de suite dit qu’il admettait que même dans ce cas d’une attaque contre la Suisse par un ennemi de l’Italie, la Suisse ne «deviendrait pas automatiquement «alliée» de l’Italie, mais plutôt «associée» ». Je l’ai évidemment confirmé dans cette manière de voir et j’ai cru opportun de préciser, selon vos directives, qu’une coopération des armées ne saurait avoir lieu dans ce cas hypothétique que sur une demande formelle du Conseil Fédéral Suisse. M. Buti a parfaitement compris, mais a estimé que cette indication était si importante «qu’il devait en informer le Ministre des Affaires Etrangères». Pour être sûr de ne pas trahir notre pensée, il a fait devant moi une petite notice pour le Comte Ciano qui précise le caractère «non automatique» d’une intervention étrangère en cas de violation de notre neutralité par une autre puissance.
Incidemment, j’ai eu l’occasion de rappeler, au cours de cet entretien, le mot que M. Mussolini m’avait dit à fin 1936 et à teneur duquel l’Italie nous défendrait en cas d’attaque contre notre territoire8. Je crois qu’ainsi la balance est complètement rétablie à l’égard de la nouvelle reproduite par l’Agence Havas le 22 mars dernier en ce qui concerne l’aide mutuelle franco-britannique en cas d’une attaque contre la Suisse.
- 1
- Lettre: E 2001 (D) 2/138. Neutralité de la Suisse. Question des garanties et ravitaillement.↩
- 2
- Non reproduit.↩
- 3
- Cf. No 65.↩
- 4
- Non reproduit; cf. aussi No 67.↩
- 5
- Non reproduit; les directives avisaient les représentants suisses à l’étranger d’appuyer sur le fait dass eine militärische Unterstützung erst auf schweizerisches Ansuchen hin zulässig und angenommen werden könnte (E 2001 (D) 2/138).↩
- 6
- Cette instruction n’a pas été retrouvée.↩
- 7
- Reproduit en annexe.↩
- 8
- Cf. DDS, vol. 11, doc. 324, dodis.ch/46245.↩
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