Abgedruckt in
Diplomatische Dokumente der Schweiz, Bd. 10, Dok. 254
volume linkBern 1982
Mehr… |▼▶Aufbewahrungsort
Archiv | Schweizerisches Bundesarchiv, Bern | |
▼ ▶ Signatur | CH-BAR#E2300#1000/716#772* | |
Alte Signatur | CH-BAR E 2300(-)1000/716 343 | |
Dossiertitel | Paris, Politische Berichte und Briefe, Militärberichte, Band 86 (1933–1933) |
dodis.ch/45796
Dans son intéressant rapport du 16 de ce mois2, dont vous avez bien voulu me communiquer le texte, mon excellent Collègue Wagniére3 vous écrivait, à la veille des entretiens Mussolini-MacDonald4, que, dans la capitale italienne, le Nonce5, l’Ambassadeur d’Angleterre6 et même l’Ambassadeur de France7 considéraient comme inévitable, mais «dans certaines limites», la révision des traités de paix.
Il paraît aujourd’hui certain que le Duce et son interlocuteur britannique ne désiraient apporter aucune restriction à la poussée révisionniste ou que, du moins, s’ils estimaient eux aussi, que cette poussée devait être contenue «dans certaines limites», leur plan tendait surtout à enlever, avant tout débat, aux adversaires de la révision leurs moyens de résistance8. En désarmant à l’avance tous ceux qui désirent conserver à l’Europe son statut politique actuel, MM. Mussolini et Mac Donald excitaient l’appétit des mécontents et supprimaient tout frein aux convoitises les plus démesurées. L’opinion britannique semble s’en être aperçue: elle commence à montrer quelque méfiance. En Europe orientale, la réaction a été, comme il fallait s’y attendre, plus prompte et plus vive encore. Ainsi s’expliquent les divers phénomènes dont vous parlait mon rapport du 25 de ce mois9.
De plus en plus, il apparaît que le projectile anglo-italien parti de Rome a décrit la même trajectoire que l’arme australienne dénommée «boomerang» qui, lancée en l’air, retombe à son point de départ10. Que voulaient MM. Mussolini et Mac Donald? Réduire à l’impuissance la Petite-Entente11 et la Pologne, pour ouvrir largement la voie aux révisions. Qu’ont-ils obtenu? Ils ont donné à la Petite-Entente une occasion inespérée de s’affirmer en démontrant que la Conférence de Genève12 doit compter avec elle et que les vetos réunis de Prague, de Belgrade et de Bucarest valent celui d’une grande puissance. Sans compter qu’aux résistances des Tchécoslovaques, des Yougoslaves et des Roumains est venue s’ajouter celle de la Pologne, soudainement rapprochée d’eux par le péril commun.
Doit-on craindre que cette contre-offensive diplomatique de l’Europe Orientale, combinée avec le refus de la France d’entrer dans les vues des dictateurs italien et allemand (auxquels est venu se joindre l’ancien socialiste Mac Donald, pèlerin d’un nouveau Canossa), mette en danger la paix du monde?
Avant-hier, M. Paul-Boncour13, dans un dîner offert par les «Amis de la Paix» à la presse internationale, s’écriait: «Sachons regarder en face nos difficultés présentes. Elles sont graves. Elles ne sont pas insolubles. Mais, sûrement, la paix ou la guerre se jouent dans les mois que nous vivons». Au sujet de la Conférence du désarmement, il a déclaré que «le pessimisme serait au moins prématuré». Quant au Directoire des quatre grandes puissances, il en a nettement repoussé l’idée14, tout en affirmant qu’une collaboration plus étroite entre ces puissances serait «un élément de détente et d’apaisement», à la condition qu’elle s’exerce dans le cadre de la S.D.N. et qu’elle respecte le principe de l’égalité des Etats. [...]
- 1
- Rapport politique: E 2300 Paris, Archiv-Nr. 86.↩
- 2
- Non reproduit.↩
- 3
- Ministre de Suisse à Rome.↩
- 4
- Premier Ministre britannique. Les entretiens, du 12 au 20 mars 1933 ont porté sur le projet italien de Pacte à Quatre.↩
- 5
- Mgr.F. Borgoncini ûuca.↩
- 6
- Sir R. W. Graham.↩
- 9
- Non reproduit.↩
- 11
- II. LaRoumanie, la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie ont créé en février 1933 un conseil permanent.↩
- 12
- Sur la limitation et la réduction des armements.↩
- 13
- Ministre français des Affaires étrangères.↩
- 14
- Remarque marginale de Mot ta: ?↩
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