dodis.ch/45255
Der Vorsteher des Politischen Departementes,
G. Motta, an den schweizerischen Gesandten in
Berlin,
H.Rüfenacht1 confidentielle
handschriftlich
Berne, 8 décembre 1926
J’ai bien reçu votre lettre personnelle et confidentielle du premier de ce mois2.
Je vous en remercie. Comme je préfère écrire en français plutôt qu’en allemand, je me permets de vous répondre dans la première de ces langues. En même temps que je recevais communication de la conversation que vous avez eue avec M. de Schubert, j’avais des informations de Genève, par M. Jean Daniel de Montenach3, suivant lesquelles M. le secrétaire général Eric Drummond se préoccupait aussi de la question de la participation des Russes à la Conférence du désarmement. J’ai donc voulu consulter le Conseil fédéral. Celui-ci aurait été disposé à accepter les bons offices du Japon si le Gouvernement de celui-ci nous les avait proposés. Il aurait été entendu que les bons offices se limiteraient à régler le différend né de l’affaire Vorowski, sans empiéter sur la question générale de la reconnaissance de jure et sur nos relations diplomatiques avec la Russie soviétique. Ce matin je reçois de M. de Montenach une lettre d’après laquelle M. le vicomte Ischii, délégué du Japon au Conseil de la Société des Nations, n’aurait pas l’intention de prendre une initiative dans la question russe, pas même en une séance secrète du Conseil. Cette nouvelle m’a surpris. La communication que M. de Schubert vous a faite n’était-elle qu’un ballon d’essai? Je demeure persuadé que le différend entre nous et les Russes devrait une bonne fois être réglé. Nous n’avons rien à gagner à laisser toujours dans les mains des Russes un moyen de chantage. Il m’est venu à l’esprit que le Gouvernement allemand désire peut-être nous offrir ses bons offices lui-même, mais qu’il ne s’aventure pas à le faire de peur d’essuyer un refus. La question est assez délicate. Notre opinion publique est toujours très sensible à ce point douloureux. L’intervention de l’Allemagne pourrait donner lieu à des commentaires désagréables, surtout après l’échec de la négociation du début de cette année faite par l’entremise de la France. Mais j’incline à croire que si l’Allemagne savait de ne pas accomplir une démarche désagréable à la France, elle, l’Allemagne, caresserait assez l’idée d’offrir sa médiation ou ses bons offices aux deux Parties.
Je ne pense pas non plus que le Conseil fédéral refuserait les bons offices de l’Allemagne si celle-ci se décidait à nous les offrir. Mais bien entendu, il faudrait être assuré que les Russes agiraient de même et que le péril d’un nouvel échec fût réduit au minimum. La solution, à mon avis la plus simple et aussi la plus honorable pour les deux Parties, serait celle de laisser tomber d’un côté le boycott russe contre nous et, de l’autre côté, notre fermeture de frontière (Grenzsperre) contre les Russes. L’affaire Vorowski et tout ce qui s’y rattache gagneraient à sombrer dans l’oubli.
J’ai tenu à vous tenir au courant de mes idées afin que, si l’occasion se présente à nouveau de parler avec M. de Schubert, vous sachiez exactement à quoi vous en tenir.