dodis.ch/4352

Notice du Chef du Département politique, M. Petitpierre1

ENTRETIEN AVEC M. VINCENT, MINISTRE DES ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE, LE JEUDI 4 NOVEMBRE 1948, À 17 H. 45.

J’ai félicité M. Vincent de la réélection de M. Truman2 et lui ai exprimé mes vœux pour le succès de son activité pendant les quatre ans à venir. M. Vincent m’a dit qu’il appartenait à une famille qui avait toujours été démocrate. Il pense aussi que, du point de vue de l’Europe, la réélection de M. Truman est une bonne chose.

J’ai ensuite renseigné M. Vincent, qui ne l’était pas, sur le résultat des pourparlers engagés à Washington dans la question de l’accord bilatéral3. J’ai exprimé ma satisfaction de la compréhension qu’il avait toujours témoignée et qu’il avait cherché à faire partager par son Gouvernement. M. Vincent s’est déclaré très content de la solution intervenue. Il m’a dit que M. Harriman avait envisagé l’envoi en Suisse d’un représentant personnel. Il m’a demandé si j’y verrais un inconvénient. Je lui ai répondu que nous n’avions aucune objection à faire à ce que quelqu’un attaché à la Légation et représentant M. Harriman s’occupe des problèmes en relation avec le plan Marshall, mais j’ai précisé, avec l’approbation du Ministre des Etats-Unis, que je ne voyais pas très bien ce que ce représentant pourrait faire chez nous. J’ai précisé également qu’il n’était naturellement pas question qu’il puisse exercer un contrôle quelconque, ni s’immiscer dans nos affaires économiques.

A la fin de l’entretien, M. Vincent m’a dit que, selon un télégramme qu’il aurait reçu aujourd’hui même, des informations reçues de Berlin par son Gouvernement laisseraient entrevoir un danger imminent4. On a le sentiment que les Russes préparent quelque chose de grave, sans qu’on soit exactement renseigné sur ce qu’ils préparent5.