Abgedruckt in
Diplomatische Dokumente der Schweiz, Bd. 4, Dok. 112
volume linkBern 1994
Mehr… |▼▶Aufbewahrungsort
Archiv | Schweizerisches Bundesarchiv, Bern | |
▼ ▶ Signatur | CH-BAR#E2300#1000/716#732* | |
Alte Signatur | CH-BAR E 2300(-)1000/716 335 | |
Dossiertitel | Paris, Politische Berichte und Briefe, Militärberichte, Band 46 (1893–1893) |
dodis.ch/42522
Le Ministre de Suisse à Paris, Ch. Lardy, au Chef du Département des Affaires étrangères, A. Lachenal1
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A l’égard de la Suisse, l’attitude de Ferry a été constamment franche. J’aimais infiniment mieux avoir à traiter avec lui, qui savait refuser, qu’avec d’autres plus aimables qui ne concluaient rien ou qui, après avoir accepté, lâchaient pied. Dans l’affaire du Simplon, il a étudié, puis a refusé plutôt que de nous leurrer de bonnes paroles. Dans l’affaire des fortifications de la Savoie, il a nettement et courageusement admis le bien-fondé de nos réclamations.3 En matière commerciale, il a été, dans les dernières années, beaucoup plus transigeant que Méline et nous en a donné des preuves comme président de la Commission des douanes du Sénat, mais les maladresses de deux grands fabricants zurichois l’ayant convaincu qu’on pourrait attirer en France une partie de nos filatures de coton et de nos tissages de soieries, il en a habilement profité. Pourquoi M. Schwarzenbach et un autre fabricant zurichois se sont-ils naïvement laissés mener par le bout du nez et ont-ils cédé à la vanité de tout dire à M. Ferry? C’est à en pleurer.
Quant à la politique extérieure de Ferry, il l’avait trahie dans un jour d’abandon en me disant: «La France doit attendre la mort du trio de 1870; quand le vieux Guillaume, Moltke et Bismarck auront disparu, nous agirons au mieux de nos intérêts et comme la situation de l’Europe le permettra; d’ici là il faut attendre.» Au fond, Ferry voulait la revanche, cela est certain, mais avait le courage de ne pas céder au courant de la ligue des patriotes et de compter sur le temps. Les Allemands avaient tout à fait tort de le croire moins revanchard que d’autres plus bruyants; il l’était autrement, voilà tout.
Excusez-moi, Monsieur le Conseiller fédéral, d’être entré dans autant de détails rétrospectifs. Mes vieilles relations avec le défunt, mon chagrin personnel, la place que Ferry occupait et paraissait devoir occuper encore dans ce pays, me serviront de paratonnerre.
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