dodis.ch/42427 Le Ministre de Suisse à
Paris, Ch.
Lardy, au Chef du Département des Affaires étrangères,
N. Droz1
L’opinion publique française suit avec un intérêt passionné la question de la Conférence ouvrière de Berlin, non à cause de cette conférence même qui intéresse fort peu les classes laborieuses et le clan socialiste français, s’il faut s’en rapporter aux déclarations des chefs de ce parti à Paris, mais à cause de la lutte engagée entre l’Empereur et le Chancelier.
Voici, d’une source que j’ai toujours trouvée parfaitement renseignée, mais que j’ai le devoir de ne pas indiquer, quelle serait la situation à cet égard:
«Le Chancelier désapprouve absolument l’attitude de l’Empereur dans l’affaire des rescrits2 et de la Conférence ouvrière. Il est inexact qu’il y ait eu réconciliation entre eux. Le Chancelier ne reste en fonctions que pour contrecarrer l’Empereur et faire échouer ses projets. Il se prépare une coalition formidable d’anciens conservateurs, de militaires, de mécontents, de vaincus de toutes sortes, y compris les plus haut placés, dans le but de précipiter la chute du Chancelier. Quant au Comte Herbert, il ne restera pas en fonctions une demiheure après la chute de son père.»
Tel est le résumé authentique de la situation, d’après mon interlocuteur, dont la source est si haute que j’avais le devoir de Vous en faire part, malgré ce que ces déclarations ont d’absolu et partant de suspect.
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