Classement thématique série 1848–1945:
II. RELATIONS BILATÉRALES
II.3. BELGIQUE
Imprimé dans
Documents Diplomatiques Suisses, vol. 15, doc. 241
volume linkBern 1992
Plus… |▼▶Emplacement
Archives | Archives fédérales suisses, Berne | |
▼ ▶ Cote d'archives | CH-BAR#E2300#1000/716#163* | |
Ancienne cote | CH-BAR E 2300(-)1000/716 86 | |
Titre du dossier | Brüssel, Politische Berichte und Briefe, Militärberichte, Band 11 (1941–1946) |
dodis.ch/47845 Le Chef de la Chancellerie consulaire de Suisse à Bruxelles, R. Miney, au Chef du Département politique, M. Pilet-Golaz1 NOTES SUR LA SEMAINE DU LUNDI 18 AU SAMEDI 23 SEPTEMBRE 1944.
Les nouvelles de province sont encore rares, les communications étant toujours précaires et difficiles. Il semblerait que les grèves du Borinage aient pris
fin, les ouvriers ayant obtenu une augmentation de salaire de 40% plus 20%
pour les deux mois à venir, mais les renseignements sont contradictoires. La
reprise du travail n’est dans tous les cas pas générale et la question du ravitaillement est toujours sans solution, bien qu’une légère amélioration soit manifeste.
Le Ministre de la Justice a dû se rendre mardi à Liège où des troubles étaient
à craindre, mais l’ordre a pu être maintenu, pour autant qu’on le sache ici.
Les Anglais ont soulevé la question du Ministre d’Allemagne dont ils ne veulent pas reconnaître le statut, étant donné qu’il n’était pas accrédité auprès du
Roi, mais simple fonctionnaire de Berlin. Des pourparlers à son sujet sont
encore en cours.
Diverses personnalités rentrées cette semaine dont Monsieur Theunis de
retour de New York et le Sénateur Godin de retour du Congo, ont publiquement exprimé leur stupeur devant la désorganisation actuelle et sonné l’alarme,
car le pays va à la dérive. Les Anglais ont la même opinion, ma conversation
avec le Chargé d’Affaires de Grande-Bretagne m’en a donné la preuve et ils
regrettent que le Gouvernement Belge soit rentré avant la libération complète
du territoire, ce qui complique les choses à tous points de vue.
La rentrée des Chambres n’a pas donné lieu à des incidents mais l’élection du
Régent est discutée. Lors du premier tour du scrutin, le Prince Charles obtint
seulement 169 voix sur 270, car 100 bulletins blancs et un négatif furent déposés
par les fractions socialistes qui désiraient ainsi montrer leur opposition à la
dynastie. Au second tour, les abstentionnistes votèrent, toutefois, pour le seul
candidat officiel qui fut élu par 217 voix. Les Anglais sont surpris de constater
que le Roi semble avoir perdu beaucoup de prestige et de sympathie.
Le gouvernement va démissionner mais nul ne sait encore quelle sera la composition de la nouvelle équipe.
En attendant, les arrestations continuent sur une grande échelle, on parle de 28 000 à ce jour et tous les jours j’apprends l’incarcération de nouveaux compatriotes, arrêtés pour les raisons les plus futiles, ce qui est possible sur simple dénonciation anonyme. Devant ces excès, je suis allé moi-même aux Affaires Etrangères pour me plaindre et demander à ce que nos nationaux ne soient pas inquiétés sans raison, priant le service compétent de donner les instructions pour qu’en cas d’arrestation, nos compatriotes soient interrogés de suite et non simplement mis au cachot sans autre forme de procès. Cette intervention était justifiée car devant le nombre croissant d’arrestations, les interrogatoires n’auront pas lieu avant plusieurs semaines, les services étant débordés. J’ai reçu la promesse que le nécessaire serait fait conformément à mon désir.
Les nouvelles de nos compatriotes de province sont encore rares, mais à part ceux du littoral et du Limbourg, je suis rassuré à leur sujet. Toutefois, toute la zone d’Anvers vers la Hollande est encore sous le feu et je crains que des dégâts assez considérables nous soient, par la suite, connus. La ville d’Anvers reçoit encore des obus tous les jours et le nombre des blessés est assez considérable.
J’ai rendu visite à M. Spaak, Ministre des Affaires Etrangères qui m’a paru assez désorienté de ne pas pouvoir déceler clairement les courants d’opinion politique de la population; il se rend compte que le Gouvernement n’a pas le pays bien en main2.
- 1
- E 2300 Brüssel/11.↩
- 2
- Par une notice dictée le 2 octobre, Bonna attire l’attention du Chef du Département politique sur ces résumés des événements. Ils montrent la profonde désorganisation qu’ont créée des mesures hâtives et la peine que le Gouvernement belge de Londres éprouve à faire prévaloir son autorité sur les éléments disparates qui ont constitué la «résistance» (E 2300 Brüssell/11).↩
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