Classement thématique série 1848–1945:
III. RELATIONS ÉCONOMIQUES INTERNATIONALES
III.2. LES ALLIÉS
III.2.1. NÉGOCIATIONS ÉCONOMIQUES AVEC LES ALLIÉS
Printed in
Diplomatic Documents of Switzerland, vol. 15, doc. 23
volume linkBern 1992
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Archive | Swiss Federal Archives, Bern | |
▼ ▶ Archival classification | CH-BAR#E7110-01#1973/134#54* | |
Old classification | CH-BAR E 7110-01(-)1973/134 9 | |
Dossier title | Einmischungen, Schwarze Listen, Undertakings (1941–1944) | |
File reference archive | 21122 |
dodis.ch/47627
Le Ministre de Suisse à Londres, W. Thurnheer, au Département politique1
No 1026. Réponse Foot mémoranda vos 1033 à 1037 et 1086 arrivée 13 octobre soir2. Nous avons étudié les deux mémorandums que vous m’avez remis les 30 septembre3 et 12 octobre4. En ce qui concerne le premier, nous relevons avec quelque surprise la déclaration que les livraisons très considérables faites à l’Axe durant le second trimestre de l’année en cours et pendant le mois de juillet constituaient la conséquence inévitable d’arrangements passés en 1941. Au cours de nos longues négociations de l’an passé, votre Délégation économique a, à plusieurs reprises, exprimé son confiant espoir que les exportations d’armes et de machines diminueraient en 1943, bien qu’elle n’ait jamais voulu s’engager à des réductions spécifiques position par position.
Les Gouvernements britannique et américain ont déjà clairement montré l’attitude qu’ils adoptaient à l’égard des crédits. A la fin de la guerre, de nombreuses réclamations seront adressées aux Puissances vaincues de l’Axe qui seront requises de réparer, autant qu’elles le pourront, les dommages qu’elles ont causés dans tant de pays. Leurs dettes envers les Etats neutres résultant de crédits ou d’avances qui leur ont été consentis pendant la guerre ne prendront rang, et ce dans les conditions les plus favorables, qu’après toutes ces réclamations. En outre, je dois appuyer sur le fait que si votre Gouvernement devait s’engager à fournir à nos ennemis de nouveaux crédits qui, inévitablement, faciliteraient le commerce d’exportation suisse avec eux, cela porterait sérieusement préjudice aux nouvelles négociations économiques proposées entre les représentants de la Suisse, de l’Empire Uni et des Etats-Unis d’Amérique. En ce qui concerne ces négociations, je vous ai déjà fait tenir une liste des sujets que nous désirons voir figurer dans l’ordre du jour. Lors de notre entretien du 30 Septembre j’ai exprimé quelque doute sur la question de savoir si le moment présent était le mieux approprié à une reprise de nos pourparlers économiques, attendu que la tournure des événements change si rapidement et que l’avance des Alliés en Italie est de nature à provoquer, tôt ou tard, une situation entièrement nouvelle. Si, néanmoins, votre Gouvernement désire renvoyer une Délégation économique à Londres, nous serons heureux de la recevoir. Je désirerais répéter, une fois encore, qu’à notre avis, cette Délégation devrait être prête à discuter non seulement la situation actuelle mais aussi celle qui se présentera lorsque la frontière suisse sera de nouveau ouverte et que la Suisse sera en mesure de commercer librement avec le monde extérieur. Il est évidemment important, que dans l’entre-temps, votre Gouvernement s’abstienne de souscrire à quelque engagement que ce soit qui ne lui laisserait pas les mains libres quand ce stade sera atteint. Une assurance de sa part comme quoi il ne fera rien de la sorte, tant que la Délégation ne sera pas arrivée, serait la bienvenue.
Votre mémorandum du 30 septembre expose la situation en ce qui concerne les crédits mais ne nous donne aucune indication quant aux autres arrangements passés récemment avec l’Allemagne. Nous serions heureux de recevoir des précisions à cet égard.
J’en viens maintenant à votre mémorandum du 12 octobre et à votre lettre du 13, dans laquelle vous reprenez l’opinion de votre Gouvernement selon laquelle nous ne sommes point en droit d’exercer une pression sur des maisons privées, vu l’existence de Y [arrangement du 17 août. Au sujet de cet accord, je ne crois pas que je puisse utilement ajouter quoi que ce soit à la lettre de Selborne du 27 septembre où il relève que nous ne tenons pas nos prises de contact avec les maisons privées pour incompatibles avec un arrangement passé entre nos Gouvernements à propos de la réduction des exportations vers l’Axe5
. Nous avons accoutumé d’entendre l’opinion que lorsque nous avons signé un accord de commerce de guerre portant réduction des exportations d’un pays neutre en faveur de nos ennemis, nous ne devrions plus faire d’objections aux transactions des maisons privées si lesdites réductions sont respectées. Je me sens tenu de faire ressortir clairement que le Gouvernement de Sa Majesté n’a jamais été disposé à accepter cette opinion comme saine. Si une maison neutre profite de la situation née de la guerre pour augmenter ses ventes à l’Allemagne et à ses satellites, elle se décide, en fait, à soutenir l’effort de guerre allemand et contribue ainsi à retarder la libération définitive de l’Europe, événement qui est autant de l’intérêt des pays neutres d’Europe que de celui des Nations Unies. A notre avis une telle maison n’a aucune raison sincère de se plaindre si elle se trouve portée sur les listes noires alliées et, partant, empêchée de commercer avec l’Empire britannique, les Etats-Unis d’Amérique et les autres pays d’Outre-Mer.
Votre mémorandum du 12 octobre propose que nous cessions des interventions directes telles celles qui ont été faites récemment et que nous nous abstenions de placer sur la liste noire les maisons déjà approchées. Cela, en échange de nouvelles réductions des exportations suisses, vers les pays de l’Axe autres que l’Allemagne, des machines reprises sous les principales positions du tarif, ainsi que le maintien des réductions des exportations vers l’Allemagne jusqu’à la fin de la guerre. Je ne doute pas que vous compreniez que, en qualité de pays belligérant, nous devions juger la valeur d’une telle offre à ses résultats probables. Je suis au regret de déclarer que, examinée sous ce jour-là, l’offre de votre Gouvernement ne constitue pas une base de discussion. l’[arrangement du 17 août stipule déjà que des ajustements seront opérés à l’égard de tout pays qui se retire de la guerre. C’est ce qui s’est passé, en fait, quand l’Italie a signé un armistice le 3 septembre. A part les livraisons dues à ce pays, les chiffres de votre mémorandum constituent seulement une réduction extrêmement modeste pour le reste de l’année en cours. Nous n’excluons pas la possibilité d’arriver à un arrangement d’après lequel le Gouvernement suisse réduirait davantage ses exportations indésirables vers l’Allemagne et le reste de l’Europe sous contrôle de l’Axe, en échange d’une cessation de la pression exercée sur les maisons privées qui fabriquent des armes et des machines. Mais, évidemment, un pareil arrangement ne serait justifié à nos yeux que si les réductions envisagées étaient calculées de façon à produire un résultat plus satisfaisant que la méthode consistant à approcher les maisons individuelles.
Votre mémorandum exprime, en outre, l’attente que les Alliés consentiront à maintenir, pour le moment, les quotas d’importation octroyés dans V[arrangement] du 17 août dans les limites des quantités actuelles, pour le moins. Je vous confirme que c’est notre intention, à condition bien entendu que les restrictions fixées dans l’accord soient maintenues intégralement et gardent leur plein effet.
J’ai montré cette lettre à Riefler qui me prie de dire qu’il y souscrit.
- 1
- (Copie de réception): E 7110/1973/134/9. Paraphe: LK.↩
- 2
- T. des I et 9 octobre, E 7110/1967/32/821/Grossbritannien/2.↩
- 3
- Cf. No 9.↩
- 4
- E 7110/1973/134/ 60.↩
- 5
- E 7110/1967/32/821/Grossbritannien/2.↩