dodis.ch/47588

Le Directeur général de la Société de Banque Suisse, A. Nussbaumer, au Chef du Département politique, M. Pilet-Golaz1

Veuillez, je vous prie, m’excuser si je me permets de vous adresser cette note à votre domicile et au moment même de votre retour.

Sur la prière urgente reçue hier par téléphone d’un personnage très important italien2, j’ai moi-même interrompu mes vacances pour vous demander l’honneur d’une entrevue aussitôt que possible. Le personnage en question est arrivé avec moi à Berne et m’a demandé d’être interprète auprès de vous de certaines communications concernant la situation dans son pays en relation avec les perspectives qui lui s’offrent [sic] en raison de l’attitude des Puissances adversaires et des dangers immédiats auxquels il est exposé d’autre part.

Quelle que soit l’attitude que le Gouvernement suisse adoptera vis-à-vis de ce message, je crois être mon devoir de vous le transmettre sans délai, ne fusse que pour le désir que vous en soyez informé.

Comme cette affaire est très urgente, je me permettrai de vous téléphoner ce soir pour savoir si vous pouvez me recevoir demain matin à votre bureau, ou même ce soir chez vous3. Au cas où vous le désiriez, le personnage en question serait à votre disposition pour vous rencontrer aussi personnellement; dans ce cas il vous demanderait la faveur d’être reçu chez vous ou ailleurs en dehors du Palais.

Je désire souligner que ni ma Banque ni moi-même n’avons aucune part dans cette initiative. Cependant je n’ai pas cru pouvoir refuser cette tâche d’interprète, puisque j’estime que le message en question touche aux intérêts de notre pays, et que je désirais vous rendre service.