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Le Ministre de Suisse à Tokyo, C. Gorgé, au Département politique1

La première attaque aérienne sous ciel bleu contre Tokyo fut si inattendue que beaucoup crurent à un exercice destiné à éprouver la défense aérienne active et passive. Le bombardement commença avant l’alerte des sirènes, preuve de la surprise. Au moment de l’attaque, je me trouvais chez Grew et fus retenu dans l’Ambassade d’Amérique mais sortis avant la fin du bombardement, preuve aussi que la police était décontenancée car mon auto fut arrêtée plus loin. Quand j’arrivai à la Légation, les grilles étaient gardées par deux policiers ce que j’appréciai beaucoup.

Les milieux officiels sont très discrets sur le résultat du bombardement, minimisent à leur habitude les pertes subies et expriment brève sympathie pour victimes. On ne saura jamais l’étendue exacte des dommages.

Les milieux militaires sont visiblement gênés que tant d’avions ennemis aient pu franchir partout les défenses côtières en plein jour avec une si grande aisance.

Tokyo qui faisait mi-blackout connaît maintenant les nuits opaques avec de nombreuses alertes fausses ou vraies.

Aucun Suisse atteint.