Printed in
Diplomatic Documents of Switzerland, vol. 12, doc. 402
volume linkBern 1994
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Archive | Swiss Federal Archives, Bern | |
▼ ▶ Archival classification | CH-BAR#E2001D#1000/1551#6030* | |
Old classification | CH-BAR E 2001(D)1000/1551 195 | |
Dossier title | Deutschland - Tschechoslowakei, Abtrennung der sudetendeutschen Gebiete, Allgemeines (1937–1939) | |
File reference archive | B.74.07 |
dodis.ch/46662
Le Comte d’Ursel vient me voir à 10 heures 1/2. Il cherche des nouvelles. Au cours de la conversation, il me raconte:
1° que l’on disait hier soir à Bruxelles qu’immédiatement après que M. Chamberlain eut demandé que l’Allemagne ne prît pas de mesures militaires pendant la durée des négociations, le Gouvernement allemand a publié que les négociations dureraient jusqu’à samedi soir. On en déduit que l’armée allemande entrera en Tchécoslovaquie dans la soirée du 24 septembre.
2° L’on aurait constaté à la Banque des Règlements internationaux à Bâle, immédiatement après l’Anschluss, de forts payements internationaux par l’Allemagne. Ces payements ont cessé, ce qui montrerait qu’elle a épuisé le stock d’or et de devises trouvé à Vienne. On admettrait, dans ces milieux, que le différend germano-tchèque est conditionné par la nécessité de trouver de nouvelles ressources et l’on croit que l’Allemagne ne vise pas seulement les richesses minières des Sudètes, mais également la réserve d’or de Prague. On ne croit donc pas, dans ces milieux, que les tentatives faites pour éviter la guerre entre l’Allemagne et la Tchécoslovaquie aient des chances de succès et l’on pense que, lorsque les ressources trouvées à Prague seront épuisées, l’Allemagne devra chercher querelle à un autre voisin riche pour les raisons qui Pont fait agir contre Vienne et contre Prague. - Il s’agit naturellement de déductions et de propos de conversation.
Le Ministre de Tchécoslovaquie vient me voir à 11 heures. Il me traduit le télégramme, daté du 24 à 1 heure du matin, par lequel son Gouvernement l’a informé de la mobilisation en Tchécoslovaquie. Ce télégramme commence par l’affirmation que les négociations s’avèrent impossibles. Il exprime également l’idée que la mobilisation tchèque aura peut-être un effet préventif. Il affirme aussi la volonté de la Tchécoslovaquie d’éviter toute provocation. J’ai répondu à M. Strer que la Suisse était unanime à souhaiter que la mobilisation tchécoslovaque reste une mesure préventive et que les possibilités d’arriver à un accord par voie de négociations ne soient pas complètement écartées.
M. Strer m’a demandé si, au besoin, la Suisse accueillerait le personnel du Consulat général de Tchécoslovaquie à Munich au cas où il devrait quitter cette ville. J’ai répondu que je n’en doutais pas, conformément aux précédents d’autres ruptures diplomatiques. Il a été convenu que M. Strer nous enverra la liste de ce personnel afin que, le cas échéant, son passage de la frontière fût facilité.
M. le Ministre Stucki téléphone à 13 heures. Il sort d’un entretien avec M. Massigli, Directeur politique au Quai d’Orsay, dont il résulte ce qui suit:
1° On ne sait encore rien de précis au sujet du dernier mémorandum remis par M. Hitler à M. Chamberlain, mais les nouvelles touchant le changement de Gouvernement en Tchécoslovaquie ne sont pas confirmées.
2° Les Polonais semblent assez impressionnés par l’attitude de Moscou.
3° La question des minorités hongroise et polonaise n’a pas été discutée à Godesberg de façon urgente et à fond. Il ne semble pas que Hitler se fasse le défenseur d’autres minorités que de la minorité allemande.
4° Au sujet de la mobilisation tchèque, M. Massigli indique qu’il en a été question toute la journée d’hier et qu’elle a été déconseillée par Paris et Londres jusqu’au moment où M. Chamberlain lui-même a estimé qu’on ne pouvait plus prendre la responsabilité de l’empêcher.
En ce qui concerne l’entrée de l’Allemagne en Tchécoslovaquie, Londres et Paris sont résolus à l’empêcher et resteront fermes. On est convaincu à Paris que Hitler finira par céder.
La liaison entre la Légation et le Quai d’Orsay et entre l’Attaché militaire et l’Etat-Major général français est assurée.
M. Stucki a l’impression d’une détente assez prononcée et se déclare personnellement convaincu que la guerre sera évitée.
Les communications téléphoniques entre Paris et Berne s’avèrent beaucoup plus difficiles qu’entre Berne et Paris. J’appellerai M. Stucki à 19 heures.
M. de Jenner me dit au téléphone que le Conseiller de l’Ambassade de France à Londres dit avoir vu des notes au sujet de l’entretien que M. Bonnet a eu avec M. Stucki. Il assure que la façon dont M. Bonnet a présenté les choses serait entièrement faussée et arrangée pour dégager sa responsabilité personnelle. Il y aurait, en ce moment-ci, à l’Ambassade de France à Londres une grande antipathie contre M. Bonnet, qui se serait montré, lors des récents entretiens de Londres, extrêmement défaitiste et aurait beaucoup affaibli la ligne plus ferme que M. Daladier cherchait à défendre.
- 1
- E 2001 (E) 1/195. Paraphe: OB.↩