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Le Ministre de Suisse à Rome, P. Ruegger, au Chef de la Division des Affaires étrangères du Département politique, P. Bonna1

Il y a quelque temps, j’avais prié M. Micheli, Conseiller de Légation, de demander à titre personnel à un haut fonctionnaire du Ministère de la Culture populaire une liste vraiment complète des journaux suisses se trouvant frappés d’une interdiction. Vous voudrez bien trouver, sous ce pli, la liste2 qui vient de nous être communiquée en conséquence et qui, vous le verrez, est fort longue, du moment qu’elle indique pour ainsi dire toute la presse socialiste de notre pays. Mais il y a, en outre, une série d’organes de presse bourgeois fort importants, comme le «Bund» et - ce que j’ai constaté à ma surprise - la «Revue de Lausanne».

Au cours de mon entretien de ce matin avec le Ministre Rocco, directeur de la Presse étrangère, j’ai renouvelé nos instances antérieures notamment en faveur du «Bund», en disant que la révocation de la mesure frappant ce grand journal serait certainement fort bien vue chez nous. M. Rocco paraissait personnellement enclin à appuyer ma demande, mais il déclarait se trouver auparavant dans la nécessité de se mettre en rapport avec M. Tamaro, Ministre d’Italie à Berne.

J’ai, entre outre, attiré l’attention de M. Rocco sur le fait que parmi les petites feuilles interdites, le «Guardista» est un organe de la jeunesse conservatrice tessinoise exprimant des tendances sympathiques envers l’Italie3.