Classement thématique série 1848–1945:
II. RELATIONS BILATÉRALES
5. Chili
5.1. Emprunts suisses et clearing
Abgedruckt in
Diplomatische Dokumente der Schweiz, Bd. 10, Dok. 335
volume linkBern 1982
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Archiv | Schweizerisches Bundesarchiv, Bern | |
▼ ▶ Signatur | CH-BAR#E7110-02#1000/1065#545* | |
Alte Signatur | CH-BAR E 7110-02(-)1000/1065 134 | |
Dossiertitel | Devisenmassnahmen (1933–1933) | |
Aktenzeichen Archiv | 8.9.1 • Zusatzkomponente: Chile |
dodis.ch/45877
Nous avons eu l’honneur de recevoir vos deux lettres des 31 août2 et 9 septembre 2, et vous remercions d’avoir bien voulu traiter cette affaire avec l’urgence qu’elle comporte. Après avoir examiné vos lettres, ainsi que l’excellent rapport de M. le consul général Küpfer3, nous vous avons télégraphié que nous étions tout à fait disposés à donner suite à la suggestion de M. Küpfer de nous servir, pour notre accord de clearing, de celui que la Belgique a conclu récemment avec le Chili. Nous insistions, par contre, pour que notre consulat général à Santiago n’attende pas la fin des négociations que l’Allemagne et l’Italie menaient à ce moment-là avec le Gouvernement chilien, en vue de la conclusion d’un accord de clearing, mais que nous attacherions le plus grand prix à ce que notre accord soit conclu le plus vite possible. Dans notre télégramme, nous avons toutefois exprimé le désir que M. Küpfer réussisse à connaître les concessions que l’Italie cherche à obtenir du Gouvernement chilien et qui, d’après son rapport, paraissent plus avantageuses que toutes les concessions obtenues jusqu’à présent par les Etats étrangers. Pour le reste, nous avons fixé les points essentiels du futur accord comme nous voudrions le voir établi. Nous y revenons plus en détail dans la suite de la présente lettre.
Nous avons en effet jugé parfaitement justifiées les raisons qui ont engagé M. Küpfer à nous proposer certaines modifications au projet d’accord que nous lui avions soumis par votre entremise. En effet, M. Küpfer est mieux placé que nous pour juger les possibilités du fonctionnement d’un pareil accord et les concessions que l’on peut espérer obtenir du Gouvernement chilien. C’est pourquoi nous avons accepté sa suggestion de conclure un accord qui se composerait de deux parties:
La première traiterait la liquidation des avoirs suisses congelés au Chili au cours officiel du pesos, soit à 3,15 pence or par pesos or. Pour alimenter ce clearing, nous emploierions les importations de salpêtre et de cuivre chiliens en Suisse. Le salpêtre sera mis très prochainement au régime du permis d’importation, de sorte qu’il nous sera facile de saisir cette marchandise en faveur du clearing. Le cuivre est importé par trois ou quatre maisons seulement, qu’il sera aisé de réunir, afin de les engager à faire en commun et directement au Chili leurs achats de ce métal. En ce qui concerne le salpêtre, nous nous rendons très bien compte, d’après les expériences des longues négociations conduites au commencement de cette année par l’Office suisse d’expansion commerciale4, que nous ne pourrions saisir que 20% de l’importation de ce produit en faveur du clearing. Aussi, sommes-nous décidés, ainsi que nous l’avons dit dans notre télégramme, à nous contenter de cette fraction de l’importation de salpêtre. Pour ce qui est du cuivre, M. de Moras5 - qui a passé dans nos bureaux - nous a fait entrevoir qu’il avait eu l’impression, dans ses discussions au Ministère chilien des Affaires étrangères, qu’on mettrait toute exportation supplémentaire de cuivre à la disposition des créanciers suisses, c’est-à-dire à la disposition du clearing. Or, d’après les statistiques chiliennes, la Suisse n’a pour ainsi dire pas du tout importé de cuivre chilien, de sorte que nous pourrions faire passer nos importations futures de cuivre comme importations supplémentaires, à la condition, bien entendu, que l’achat se fasse directement au Chili et non par l’intermédiaire des trusts américains ou français. C’est grâce à cette combinaison que nous espérons pouvoir saisir le cuivre chilien que nous importons, soit entièrement, soit au moins partiellement, en faveur de la liquidation des créances suisses bloquées. C’est à M. Küpfer et à ses talents de négociateur que nous devons laisser le soin d’obtenir du Gouvernement chilien la cession de la plus grande partie possible du cuivre que nous pourrions acheter au Chili.
Les deux produits chiliens susmentionnés permettraient donc de liquider une certaine partie, au moins, de nos avoirs bloqués. Nous nous rendons parfaitement compte que même par ce système la liquidation entière de toutes les créances suisses ne pourra se faire que dans quelques années. Toutefois, si nous y arrivons, nos exportateurs extrêmement impatients et découragés, reprendront confiance et pourront se décider à effectuer de nouvelles exportations vers le Chili.
La seconde partie de l’accord de clearing en question concernerait un clearing général pour toutes les autres marchandises que nous achetons au Chili et qui atteignent chaque année une somme assez considérable. D’après ses propres propositions, le Gouvernement chilien devrait céder 25 % de ses exportations en Suisse pour le paiement des créances bloquées, au cours des devises d’exportation, alors que les 75% restants seraient employés au paiement de nouvelles exportations suisses au Chili. Nous pourrions même envisager, dans ces conditions, de favoriser l’achat de produits chiliens si, grâce à cet accord, notre exportation dans ce pays - qui était réduite à un minimum - pouvait de nouveau reprendre une partie de son ancienne importance.
Nous vous serions reconnaissant de bien vouloir insister auprès de M. le Consul général Küpfer, afin qu’il hâte dans la mesure du possible ses négociations et qu’il tâche d’arriver à une conclusion rapide de l’accord tant désiré et si impatiemment attendu par nos exportateurs.