dodis.ch/45592

F. Hall à P. Bonna, au Département politique à Berne12

Honoré Monsieur,

Ayant été très occupé avant mon départ de la Suisse, il m’était impossible de vous saluer.

Comme j’avais appris de source certaine qu’il n’existait pas de traité de commerce et d’amitié entre la Suisse et l’Ethiopie, j’ai profité de mon audience auprès de sa Majesté hier pour attirer son attention sur ce vide dans la politique étrangère éthiopienne. D’après les questions que Sa Majesté m’a posées, je ne crois pas me tromper, que sous peu vous ayez des nouvelles au sujet du traité.

Comme dans le passé, Sa Majesté a une grande sympathie pour la Suisse, mais il y a des éléments égoïstes qui ne cherchent que leurs intérêts, au détriment de l’Ethiopie et de la Suisse, et font leur possible pour atténuer cette sympathie. J’ai visité tous les Suisses, et surtout ceux qui sont les victimes de la politique coloniale impitoyable, pour les prier de prendre encore un peu de patience. Si j’atteins seulement une partie du but de mon voyage, je pourrai user de mon influence, pour que les Suisses reçoivent le traitement qui leur est dû.

Je vous prie de considérer ma lettre personnelle, et d’en faire usage à titre privé, pour qu’à Berne on ne perde pas patience.

Je profite naturellement de mon séjour en Abyssinie pour défendre les intérêts de l’industrie suisse. Les différents pourparlers que j’ai eus avec Sa Majesté à ce sujet sont encourageants.

Dans l’espoir de vous trouver en parfaite santé à mon retour en Suisse, je vous salue,

avec tous mes respects