Je vous remercie bien cordialement de votre lettre du 27 novembre2, que j’ai reçue hier au matin. [...]
J’ai estimé de mon devoir de donner communication de vos informations au Conseil fédéral3, qui en a pris note à titre officieux.
J’avoue que la nouvelle d’une suggestion ou proposition hollandaise tendant à ce que la Conférence économique se réunisse à Amsterdam m’a quelque peu étonné. Il avait toujours été entendu, jusqu’ici, que la Conférence aurait lieu à Genève. La participation des Russes ne pourrait apporter aucune contribution utile. Les frais de la Conférence s’en trouveraient augmentés. Les Russes pourraient se trouver encouragés dans leur politique de chantage envers la Confédération. Je crains que la Société des Nations souffrirait dans son prestige, non seulement en Suisse, mais dans tous les pays, notamment, je pense, dans les Etats-Unis de l’Amérique du Nord.
Je crois que vous feriez bien de dire ces choses à M. le secrétaire général, Sir Eric Drummond, dont vous m’avez d’ailleurs communiqué les points de vue qui concordent, dans la substance, avec les miens.
Je reconnais que la question sera plus délicate lorsqu’il s’agira de fixer le lieu où sera convoquée la Conférence du désarmement. Je comprends que plusieurs Etats attachent un prix considérable à la participation des Russes et que ceux-ci auront beau jeu lorsqu’ils chercheront à soulever leurs difficultés bien connues contre la Suisse. Mais il me semble qu’il serait prématuré d’aborder la question maintenant. Si je suis bien informé, la Conférence du désarmement ne pourra avoir lieu qu’en 1928. Le Conseil de la S.d.N. n’aura probablement à s’occuper de la date et du lieu de la Conférence que dans la deuxième partie de l’année prochaine.
Nos relations avec les Russes n’ont subi, depuis le début de cette année, aucune variation. Nous sommes toujours à un point mort. Mais en politique il faut toujours savoir compter avec l’imprévu. Il se pourrait que, d’ici au moment où le Conseil de la Société aura à délibérer, les difficultés existantes entre la Russie soviétique et nous soient résolues.
Je ne voudrais pas vous donner la peine de venir expressément à Berne. Je vous écris ici tout ce que je pourrais vous dire de vive voix. Mais je vous serai toujours très obligé de me tenir au courant des développements de l’affaire.
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DDS
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