dodis.ch/45191 Der schweizerische Gesandte in Rom, G. Wagnière, an den Vorsteher des Politischen Departementes, G. Motta1
La démission de M. Contarini de ses fonctions de Secrétaire Général du Ministère des Affaires Etrangères était annoncée depuis quelque temps; mais, comme, à plusieurs reprises, M. Contarini avait déjà fait connaître son intention de s’en aller, tout en restant à son poste, on avait pu croire qu’il s’agissait, cette fois aussi, d’un bruit prématuré.
Malheureusement, le fait est maintenant certain. La démission est acceptée, et M. Contarini sera destiné à la tête de quelque grande fondation de l’Etat, peutêtre de l’Institut International de droit privé.
Divers motifs ont provoqué ce départ. Le plus grave, et celui qui caractérise le mieux le moment présent, est le fait que M. C.2 avait de plus en plus de peine à résister à la pression d’éléments nouveaux auxquels le régime fasciste permet les ambitions les plus osées. Le Palais Chigi, comme j’ai eu souvent l’occasion de vous l’écrire, était de tous les Ministères celui qui avait subi le moins de changements dans ses traditions et dans son haut personnel. M. C. s’entendait fort bien avec le Premier Ministre, mais il n’était pas fasciste, et il gardait la place qu’il occupait sous les Ministères précédents. Il avait, depuis quelque temps, à lutter pour la défense non seulement de sa politique, mais d’un certain nombre de représentants diplomatiques, dont les postes sont enviés.
En ce qui nous concerne, je regrette infiniment ce départ. Malgré des habitudes désordonnées qui mettaient souvent notre patience à l’épreuve, je savais de pouvoir compter sur la confiance et l’amitié du Secrétaire Général. Je savais aussi que sa ligne politique à l’égard de la Suisse était une garantie de nos bons rapports avec l’Italie, et qu’il avait eu souvent bien des difficultés à résister à certains éléments irresponsables qui nous sont hostiles. Depuis huit années que je suis en rapport avec C., j’ai eu bien des occasions de constater ses bonnes dispositions.
Je dois dire que son successeur, M. Bordonaro, qui fut autrefois à la Légation d’Italie à Berne, et qui paraît bien connaître notre pays, m’inspire également beaucoup de confiance. C’est un homme aimable et très éclairé. Aura-t-il la fermeté de caractère nécessaire à nous rassurer entièrement? C’est ce que je ne saurais dire.
Je compte le voir bientôt et lui parler avec entière franchise de nos relations et de ce qui peut les troubler. Si vous avez quelque avis à me donner, vous êtes à temps de m’écrire3, car je ne pense pas être reçu par le nouveau Secrétaire avant quelques jours. P.S.
La démission de M. Contarini est datée du 23 janvier. Cela correspond à l’époque du fameux discours à la Chambre du Premier Ministre sur les relations avec l’Allemagne. Je crois savoir, en effet, que ce discours fut vivement blâmé par C.; ce fut la goutte d’eau. Mais les causes premières et essentielles de sa décision sont celles que je vous expose.