Pubblicato in
Documenti Diplomatici Svizzeri, vol. 9, doc. 129
volume linkBern 1980
Dettagli… |▼▶Collocazione
Archivio | Archivio federale svizzero, Berna | |
▼ ▶ Segnatura | CH-BAR#E2001B#1000/1506#1725* | |
Vecchia segnatura | CH-BAR E 2001(B)1000/1506 19 | |
Titolo dossier | Article injurieux dans le «Basler Vorwärts» du 20 novembre 1925 contre le Président Mussolini (1918–1946) | |
Riferimento archivio | B.46 • Componente aggiuntiva: Italien |
dodis.ch/45146 Der schweizerische Gesandte in Rom, G. Wagnière, an den Vorsteher des Politischen Departementes, G. Motta1
J’ai l’honneur de vous confirmer mon télégramme No 16 d’hier soir2.
Je vous l’ai envoyé en sortant du bureau de M. Contarini qui m’avait fait prier de passer chez lui vers 6 h. du soir. Il tenait à la main une lettre du Consul d’Italie à Bâle avec un certain nombre de coupures du Vorwärts. Ces pièces venaient de lui être remises par le Président, qui l’avait chargé de m’en parler tout de suite.
Le Consul de Bâle est un fasciste ardent et sa lettre était rédigée, d’après les fragments qui m’ont été lus, sur un ton vif et désagréable. Quant au principal article incriminé, il est contenu dans le numéro du 20 novembre et se réfère à la scène, du reste fort peu édifiante, qui s’est passée au Parlement à la rentrée du petit groupe communiste. L’article contient quelques très gros mots à l’adresse des fascistes, du Gouvernement Royal et de son Président3. Celui-ci est, entre autres, accusé d’être l’auteur responsable de l’assassinat de Matteotti.
Il faut bien se rendre compte que M.4 vit dans une atmosphère d’adulation qui le rend d’autant plus sensible aux attaques. Il s’est toujours préoccupé de façon exagérée de ce qu’on disait de lui et se fait renseigner exactement à ce propos par les représentants de l’Italie à l’étranger.
M. Contarini m’a fait entendre que le Président pourrait bien ne plus donner suite aux mesures prises contre les publications irrédentistes si la presse suisse continuait à l’attaquer de façon si violente. M. Contarini avait l’air assez embarrassé et ennuyé de me faire de pareilles communications. Ce fut, du reste, toujours une tactique en usage au Ministère des Affaires Etrangères de se servir de façon plus ou moins voilée de l’irrédentisme comme moyen de pression sur nous.
J’ai rappelé, comme je l’ai fait toujours, à M. C.5 que la presse était libre chez nous et que le pouvoir fédéral était relativement désarmé dans ce domaine et j’ai très vivement insisté pour que l’on n’établisse pas de rapports entre les articles, sans doute déplorables, d’un journal socialiste et l’action sournoise engagée par un groupe d’irrédentistes contre notre intégrité nationale. Rien de comparable, aije dit, ne s’est produit dans la presse suisse contre l’Italie.
M. C., du reste, a paru fort bien comprendre, mais il devait s’en tenir aux instructions de son chef et il a insisté pour que je signale à mon Gouvernement l’effet produit par les attaques du Vorwärts et le tort qui en résultait pour nous. Je le répète, M. C. ne paraissait pas très convaincu lui-même de son raisonnement, mais il se montre préoccupé de l’irritation du Président. Il m’a affirmé encore qu’il ne perdait pas de vue l’affaire de la Palatina et qu’il avait déjà agi dans le sens de nos vœux.
Il a encore ajouté, suivant une remarque faite par le Président lui-même, que la presse suisse ne s’était pas autrement indignée de la condamnation des communistes à Londres et qu’elle réservait sa réprobation pour le fascisme. M. C. n’a pas cessé d’être parfaitement courtois et amical, comme toujours.
Je suis sorti de cet entretien fort perplexe, car je me rends bien compte que notre presse sera amenée à désapprouver de plus en plus la politique intérieure du Gouvernement fasciste. Le Journal de Genève a eu p. ex. l’autre jour un article des plus sévères. Je suis convaincu, toutefois, que ce sont les attaques personnelles contre M. beaucoup plus que les critiques adressées à son régime qui sont relevées au Palais Chigi. C’est dans ce sens que l’on pourrait peut-être exercer une action sur une partie de notre presse. Mais je me rends bien compte que la tâche est difficile et je sais par expérience combien nos journalistes sont réfractaires à ces considérations. Je souhaite néanmoins que l’on trouve le moyen d’attirer l’attention du Vorwärts sur le tort que son langage peut causer à notre pays.
J’attends un mot de vous pour demander un nouvel entretien avec M. Contarini à ce propos6.
- 1
- Schreiben: E 2001 (B) 6/19.↩
- 2
- Nicht abgedruckt.↩
- 3
- Vgl. Nr. 124.↩
- 6
- Motta antwortete Wagnière mit Schreiben vom 7.12.1925: [...] J’ai été quelque peu surpris de la liaison que M. Contarini a cherché à établir entre les attaques du «Vorwärts» et les menées irrédentistes dont nous avons eu récemment à nous plaindre. Je sais bien que, si nous désirons avoir le Gouvernement italien de notre côté lorsqu'il s’agit d’étouffer les tentatives irrédentistes, nous devons lui montrer que nous sommes prêts à le défendre contre des outrages dont il est victime. Vous voudrez bien attirer l’attention de M. Contarini sur les difficultés légales qui entravent notre action. Vous voudrez bien lui faire comprendre aussi que, plus le Gouvernement italien sera énergique dans le désaveu et dans la condamnation des menées que des irresponsables ourdissent contre l’intégrité de la Confédération, plus il nous sera facile d’obtenir que la presse communiste - comme la presse en général - s’impose la mesure et la modération indispensables.[...] (E2001 (B) 6/19).↩