dodis.ch/44852
Le Chargé d’Affaires de Suisse à
Rome, Th. von
Sonnenberg, au Chef du Département de l’Economie publique,
E. Schulthess1
J’ai reçu ce matin un coup de téléphone du Chef de Cabinet du Ministre des Affaires étrangères, qui me demandait de passer à son bureau pour une communication urgente concernant nos négociations commerciales.
Il savait par une conversation que nous avions eue l’autre jour à la Chambre des Députés, que j’étais pour le moins surpris de n’avoir pas encore de réponse à notre note du 18 juillet2, demandant d’une manière précise l’ouverture des négociations.
Le Chef de Cabinet du Ministre m’a déclaré qu’il tenait à me donner connaissance du texte de la note qui nous est destinée et qu’il allait soumettre à l’approbation et à la signature de M. Schanzer dès son retour de Londres dans les premiers jours de la semaine prochaine. En voici les passages marquants:
1°. Le Gouvernement italien est heureux d’entrer en négociations avec le Gouvernement suisse pour la conclusion d’un nouveau Traité de Commerce.
2°. L’Italie se trouve à l’heure actuelle engagée dans d’importantes négociations commerciales avec la France, qui l’empêchent, malgré son désir, d’entamer nos pourparlers aussi rapidement que le Gouvernement fédéral le proposait.
3°. Le Gouvernement italien suggère au Gouvernement fédéral de lui remettre, dès maintenant, la liste des demandes suisses, afin de raccourcir ainsi dans la mesure du possible la phase préparatoire.
4°. Le Gouvernement italien estime que les négociations avec la Suisse pourront commencer immédiatement après les pourparlers avec la Francequi ne dureront, à l’avis du Gouvernement italien, pas plus tard que jusqu’à la fin deseptem
J’ai déclaré très nettement au Chef de Cabinet de M. Schanzer que je devais faire personnellement toutes mes réserves en ce qui concerne la date de fin septembre pour l’ouverture des négociations, étant donné que le Gouvernement fédéral a exposé clairement pour quelles raisons il s’était vu obligé d’envisager la mi-août. J’ai aussi fait observer à mon interlocuteur que le texte de sa note ne correspondait pas en réalité aux déclarations qui m’avaient été faites par le Ministre Rossi.
J’ai dit que je vous transmettrai immédiatement cette réponse du Ministère telle que je l’ai résumée dans les quatre points précités, afin de savoir en premier lieu votre avis sur une remise immédiate de notre liste de demandes.
J’ajoute que je crois personnellement que nous pourrions insister en vue de ne pas retarder nos négociations jusqu’à fin septembre, d’autant plus que M. Rossi avait fait entrevoir qu’il ne serait pas nécessaire que l’accord italo-français fût entièrement établi. Je sais d’autre part que les Français ont hâte de terminer, et je ne crois pas que la crise ministérielle puisse justifier à leurs yeux un retard aussi grand, dans la conclusion qu’ils attendent.