Classement thématique série 1848–1945:
II. LES RELATIONS INTERGOUVERNEMENTALES ET LA VIE DES ETATS
II.9 ITALIE
Pubblicato in
Documenti Diplomatici Svizzeri, vol. 7-II, doc. 139
volume linkBern 1984
Dettagli… |▼▶Collocazione
Archivio | Archivio federale svizzero, Berna | |
▼ ▶ Segnatura | CH-BAR#E2300#1000/716#895* | |
Vecchia segnatura | CH-BAR E 2300(-)1000/716 395 | |
Titolo dossier | Rom, Politische Berichte und Briefe, Militärberichte, Band 19 (1919–1919) |
dodis.ch/44350
Vous aurez vu dans les journaux qu’une députation de Tyroliens de langue allemande a été reçue dernièrement par M. Nitti, Président du Conseil. Ces nouveaux sujets italiens ont commencé par exprimer au Ministre le regret qu’ils éprouvaient d’avoir été séparés du Tyrol. Ils ont insisté ensuite pour avoir des assurances du Gouvernement royal au sujet de leur avenir; ils ont demandé le respect de leur langue, de leurs usages, de leurs traditions. Ils se sont exprimés avec modération et dans les termes les plus respectueux et les plus soumis.
Le Ministre les a comblés de promesses et de bonnes paroles. L’Italie n’entend nullement imposer à ses nouveaux sujets de trop brusques changements. Sans doute, ils devront peu à peu apprendre l’italien, mais on agira à leur égard sans pédanterie, avec douceur. La langue allemande ne sera point méconnue, ni persécutée. Et les Tyroliens du Sud pourront en toute liberté chanter leurs chants, célébrer leurs fêtes, administrer leurs communes.
J’ai l’idée qu’ils se résigneront très vite à leur nouveau sort, que nous n’aurons aucun irrédentisme allemand en Italie et que peu à peu ils finiront par s’italianiser comme leurs compatriotes du Val Formazza qui sont d’origine valaisanne, qui parlent allemand en famille et qui sont d’excellents sujets du Roi Victor Emmanuel III. Ceci résulte d’une conversation que je viens d’avoir avec un Bavarois qui connaît fort bien tout ce pays. L’Autriche n’est plus pour ces Tyroliens un centre d’attractions; aucun de ces montagnards ne pardonne au Gouvernement de Vienne d’avoir entraîné l’empire dans cette effroyable catastrophe. On peut être surpris qu’au lendemain d’une guerre où les Tyroliens se sont battus avec un incomparable héroïsme, ils se montrent déjà si résignés à une domination étrangère. C’est en partie le mérite de l’administration italienne qui manque d’ordre et de méthode, mais qui laisse les gens vivre à leur gré. Les Allemands, avec toute leur science et leurs grandes qualités administratives, se sont toujours fait détester de tous les peuples étrangers soumis à leur domination, comme le prouvent la Pologne et le Slesvig danois. Ils ne se sont même pas fait accepter en Alsace, pays de langue allemande. Ce sont là des faits pleins d’enseignement pour toutes les démocraties et pour les pays dont les habitants parlent des langues diverses.
Les rapports entre le Vatican et le Gouvernement italien ne furent jamais si cordiaux. Il ne faut pas y voir un progrès des sentiments religieux. C’est la conséquence naturelle de la participation des catholiques à la vie publique, de la force de leur nouveau parti, de son ardeur et de sa discipline. Le Gouvernement a tout intérêt à ménager cette armée nouvelle.
Comme symptômes de ce rapprochement, je note que le Gouvernement vient de donner une des plus hautes décorations italiennes aux trois cardinaux archevêques de Venise, Turin et Pise; ce fait aurait été impossible il y a quelques années; le Vatican s’y serait lui-même opposé.
Le Gouvernement aurait été même disposé, me dit-on, à proposer au Roi la nomination du Prince évêque de Trente comme sénateur du Royaume. On estimait, en effet, que ce haut prélat étant autrefois membre de la Chambre des Seigneurs en Autriche devait figurer de droit dans la Chambre Haute du Royaume. Il paraît que le Vatican s’est opposé à cette nomination, estimant qu’il ne s’agit pas ici seulement d’un honneur mais d’une fonction publique qu’un évêque italien ne peut pas accepter. [...]2
Ce que j’ai dit plus haut de la mission tyrolienne à Rome ne doit pas faire croire que j’approuve le moins du monde l’annexion de cette région de langue allemande au Royaume d’Italie. J’estime que c’est une faute, et en tous cas un acte contraire à tous les principes proclamés par les Alliés au cours de la guerre. Je constate seulement que les Tyroliens paraissent se résigner assez facilement à leur sort et que le Gouvernement royal n’a pas à craindre de difficultés graves de leur côté.
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