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Documents Diplomatiques Suisses, vol. 7-I, doc. 121
volume linkBern 1979
Plus… |▼▶Emplacement
Archives | Archives fédérales suisses, Berne | |
▼ ▶ Cote d'archives | CH-BAR#E21#1000/131#10555* | |
Ancienne cote | CH-BAR E 21(-)1000/131 352 | |
Titre du dossier | Spartakisten (1919–1919) | |
Référence archives | 06.2.3.2-2 |
dodis.ch/43866Rapport au Ministère public sur les mouvements révolutionnaires européens et la Suisse1
Cette semaine, les chefs du groupe «Réveil» de Genève ont reçu des manifestes émanant de la F.C.A.A., apportés par des anarchistes venant directement à. [de? Berlin. En même temps que des écrits, ces émissaires ont transmis verbalement des ordres et des instructions aux différents groupements révolutionnaires suisses. Ces individus seraient arrivés en Suisse au moment même où le groupe Spartacus livrait bataille à Berlin pour s’emparer du pouvoir. Ils seraient encore à Berne et à Zurich.
D’autre part, avant d’entreprendre à Berlin le mouvement révolutionnaire actuellement en cours, Liebknecht aurait fait demander au comité central du parti socialiste suisse s’il agirait, en cas de réussite du mouvement spartacien en Allemagne. Il lui fut répondu que, par suite des divisions provoquées par la dernière grève dans le parti socialiste, il était difficile de promettre un appui efficace à moins que les spartaciens ne s’emparent du pouvoir et ne s’y maintiennent assez longtemps pour former un solide bloc révolutionnaire avec les Suisses.
Mais le groupe de Platten et de ses amis aurait, pour son compte, promis son concours aux Spartaciens. Les «Jeunesses socialistes» de la Suisse allemande ont dans le même but entrepris une active propagande afin que toutes leurs organisations rompent avec les éléments modérés et se rangent derrière Platten pour organiser le mouvement révolutionnaire. Platten est particulièrement secondé par Nobs, du Volksrecht, et par Misiano, qui faisait la navette entre Zurich et Berlin.
D’autre part, le 8 janvier, est arrivé en Suisse un envoyé de Liebknecht, nommé Meerning[!], ayant pour mission de prendre tous les renseignements nécessaires en vue de créer une liaison constante entre le groupe Spartacus et les socialistes français de gauche, les zimmerwaldiens Raffin-Dugens, Brizon, Blanc et Loriot et les minoritaires de la C.G.T., opposés à Jouhaux, pour créer un vaste mouvement révolutionnaire en Europe et venir en aide à Lenine. Liebknecht serait d’avis qu’il faudrait exécuter à Paris une série d’attentats contre les membres de la Conférence de la Paix ou amener les troupes de Paris à intervenir par la force en faveur des socialistes minoritaires. Ces renseignements sont donnés par un très bon informateur qui assure que ce plan surprenant serait réellement envisagé par Liebknecht.
Il est certain, en fait, que Liebknecht s’efforce d’entrer en relations directes avec les extrémistes français. Jusqu’ici il ne paraît pas y réussir. Au contraire, de source sérieuse, on apprend que la liaison des extrémistes entre la Suisse et la France serait en ce moment assez mal assurée. Il existait dans ce but à Genève, toute une organisation dont les membres se rendaient chaque semaine à différents points frontière, Moillesulaz, Orbe, Le Brassus, Les Verrières, Delémont; des Français, en général des jeunes gens ou des femmes venaient les y rejoindre et y faire l’échange des correspondances. Cette liaison, toujours aléatoire, serait actuellement particulièrement précaire. Aussi serait-il question d’envoyer prochainement en France quelques anarchistes français munis d’instructions. Parmi eux se trouverait un individu qui a fait son service aux pompiers de Paris et a déserté au moment de partir au front. Il est actuellement ébéniste à Genève. On n’a pu connaître que le prénom: Lucien...
- 1
- CH-BAR#E21#1000/131#10555*. Rapport parvenu au Ministère public de la Confédération le 20 janvier; sa provenance n’a pas pu être établie.↩
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