dodis.ch/43245 Der schweizerische Generalkonsul in Montreal, H. Martin, an den Vorsteher des Handels-, Industrie- und Landwirtschaftsdepartementes, E. Schulthess1
Montréal, 2 décembre 1913
Par votre lettre du 11 novembre2, vous voulez bien me demander de vous faire savoir si, à l’aide des documents que vous m’aviez transmis le 3 juin relativement aux différences de principe existant entre les statistiques suisses et canadiennes, j’ai attiré l’attention du Ministère du Commerce du Dominion sur le fait que la statistique canadienne est loin de reconnaitre l’importance de la Suisse comme acheteur de produits canadiens, et de blé en particulier.
Je m’empresse de vous informer que je n’ai point fait de voyage officiel à Ottawa depuis le commencement de mars, et que je n’ai pas voulu faire de cette question l’objet d’une correspondance spéciale; en effet, pour autant que je puis juger de la situation, il ne me paraîtrait pas opportun de nous montrer inquiets et d’agiter le grelot. Sur le conseil de la Légation de Londres, qui estime, comme moi, que nous avons tout avantage à pratiquer la politique de Fabius Cunctator, je dirai même à «faire le mort», j’ai évité jusqu’à aujourd’hui de m’entretenir de cette question à Ottawa.
Devant l’avis de la Légation de Londres, qui m’a fait connaitre que selon elle il n’y avait pas lieu de fournir spontanément nos statistiques commerciales à n’importe quelle autorité canadienne, je me suis abstenu de transmettre nos statistiques suisses aux Autorités canadiennes compétentes tant qu’elles ne me le demanderont pas expressément. Il serait donc suffisant que je reçoive nos publications suisses en un seul exemplaire au lieu de deux. Il me parait certain, comme à M. Carlin, que nous ne retrouverions pas, après la dénonciation du Traité de 1855, les avanages tarifaires dont nous jouissons actuellement; je suis donc péniblement impressionné quand je vois la Presse suisse annoncer comme un fait certain la dénonciation du Traité de 1855 et la négociation d’un Arrangement3.
Il est certain que le développement industriel du Canada a beaucoup augmenté la puissance de l’Association des Manufacturiers, qui demande au Gouvernement un tarif encore plus protectionniste; d’autre part, le Gouvernement impérialiste Borden, constatant l’essor naturel du pays, a estimé que le mieux était l’ennemi du bien et a tendu ses efforts vers d’autres questions, surtout celle du Bill Naval.
Certains importateurs de chocolat ont exposé au Consulat de Toronto que l’augmentation du droit de douane de 32/4 à 35, à partir du 13 mai dernier, Les avait vivement affectés, et l’on a même suggéré mon intervention.
J’ai évidemment répondu qu’à mon avis la Suisse se garderait bien d’user de son crédit et de venir se poser en sollicitrice dans cette affaire, alors que sa politique économique au Canada devait consister uniquement dans la conquête pacifique du marché sans intervention officielle.
Je continue à estimer qu’il pourait être utile qu’on sache à Ottawa l’importance de la Suisse comme cliente du Canada, mais c’est là une arme que nous pouvons très bien tenir en réserve.