dodis.ch/43239 Der schweizerische Generalkonsul in
Montreal,
H. Martin, an den Bundespräsidenten und Vorsteher des Politischen Departementes,
E. Müller1
Montréal, 30 septembre 1913
Je viens d’envoyer au Département fédéral du Commerce un rapport intitulé: «Ce que l’industrie suisse des machines devrait faire au Canada»2.
Comme je sais votre Département vivement intéressé au développement de nos exportations suisses dans le Dominion, je me permets de vous envoyer, à toutes fins utiles, une copie de ce rapport, en nourrissant l’espoir qu’il vous plaira d’en prendre connaissance.
Depuis mon arrivée ici, j’ai pu me rendre compte que notre belle industrie suisse des machines était loin de faire au Canada les affaires que l’excellence de ses produits devrait lui assurer; j’en ai cherché les causes, que j’ai déjà eu en partie l’occasion de développer dans mes deux Lettres du Canada publiées dans les numéros du 1er mai et 1er août 1913 du Bulletin Commercial et Industriel Suisse; j’en ai naturellement fait part au Département fédéral du Commerce et à divers industriels suisses qui s’étaient adressés à moi; j’ai déjà pu constater que c’est une véritable campagne pacifique que j’aurais à entreprendre pour arriver à ce que les industriels et commerçants suisses, petits et grands, conçoivent les avantages considérables qu’ils retireraient en s’adaptant aux conditions du marché canadien au lieu de vouloir imposer leur mode de traiter les affaires; on ne saurait jamais trop répéter en effet que les catalogues allemands restent incompris, et que ceux rédigés en anglais ont une utilité immédiate cent fois supérieure; que les conditions de livraison doivent être «frank on board», port d’Europe ou même port canadien, et encore mieux, pour certains produits, au lieu de destination.
Lorsque je vois plusieurs gouvernements ou associations de commerce de la Russie, de l’Autriche-Hongrie, de l’Allemagne, de la Grande-Bretagne, envoyer des experts ou des représentants pour parcourir le pays, l’étudier, nouer des relations, quand je vois des maisons étrangères entretenir ici des agences ou en tous cas envoyer des commis-voyageurs, je me demande pourquoi la Suisse ne pourrait pas faire au Canada les efforts couronnés de succès qu’elle a déjà faits ailleurs sur des marchés plus difficiles ou de moins grande puissance de consommation; et, sans la résoudre de façon satisfaisante, je me pose également la question de savoir pourquoi les grandes entreprises suisses qui pourraient le faire hésitent à faire les petits sacrifices d’une représentation permanente; pourquoi, enfin, le voyageur de commerce suisse est pour ainsi dire inconnu; les raisons que je sais exister, ce sont elles que je m’efforcerai de combattre.
Il ne faut pas oublier qu’aujourd’hui même la Grande-Bretagne et les Etats-Unis absorbent ensemble le 85 % des échanges commerciaux du Canada; que plus l’industrie du pays se développe, moins les Canadiens feront appel aux produits de l’étranger; la conséquence est simple: Tant que les taux du tarif, déjà protectionnistes, ne seront pas absolument prohibitifs, il faut que la Suisse élargisse sur le marché canadien la place qu’elle a déjà conquise, pendant qu’elle jouit de certains avantages tarifaires; si le pain et le vin du voisin sont bons et bon marché, on est moins enclin de pétrir et presser chez soi.
Actuellement, les produits des Etats-Unis et de l’Allemagne sont encore soumis au tarif général, mais rien ne dit qu’ils le seront toujours; et c’est alors que la concurrence sera pour ainsi dire impossible à battre, et que ceux qui n’auront pas su réserver leur place à temps n’en trouveront plus.