Thematische Zuordung Serie 1848–1945:
I. INTERNATIONALE LAGE
Abgedruckt in
Diplomatische Dokumente der Schweiz, Bd. 5, Dok. 306
volume linkBern 1983
Mehr… |▼▶Aufbewahrungsort
| Archiv | Schweizerisches Bundesarchiv, Bern | |
▼ ▶ Signatur | CH-BAR#E2300#1000/716#1241* | |
| Alte Signatur | CH-BAR E 2300(-)1000/716 520 | |
| Dossiertitel | Wien, Politische Berichte und Briefe, Militär- und Konsularberichte, Band 30 (1910–1915) | |
| Aktenzeichen Archiv | 188 |
dodis.ch/43161
Il n’est un secret pour personne que l’Autriche-Hongrie et l’Italie, quoique liées par la Triple Alliance, n’ont l’une pour l’autre qu’une sympatie très modérée. Les Autrichiens même les plus calmes se sentent froissés par les prétentions irrédentistes, et un parti militaire puissant ne se gêne pas pour proclamer des sentiments nettement hostiles contre les voisins de la frontière sudouest.
Les ingénieurs fortifient sans cesse davantage le Tirol et les troupes y font des manœuvres aussi soignées que discrètes. «Contre nos bons amis et alliés», disent les officiers avec un sourire énigmatique. Le Chef de l’état-major, Général Conrad von Hötzendorf - dont vous vous souvenez - voulait encore accentuer l’action militaire dans cette région. Le Ministre des Affaires Etrangères s’y opposa, et le conflit entre ces deux hauts personnages, en Décembre dernier, se termina par la victoire du Ministre. Le Général Conrad dut se retirer, mais sa démission, signée d’une main frémissante, fit beaucoup causer, et peu après commençait une campagne, qui devint assez vive, contre le Comte d’Aehrenthal, dont elle a pu assombrir les derniers jours.
A Trieste, le Gouvernement ne ménage pas la censure et la répression contre toutes les manifestations italophiles. Reste à savoir s’il ne serait pas de meilleure politique, pour rallier ces irrédentistes, de fermer un peu les yeux sur leur exubérance et d’user d’indulgence au lieu de sévérité: c’est ce qu’assurent les Italiens qui comparent irrésistiblement la situation à Trieste avec ce qui se passe au Tessin.
Je ne vous ai pas parlé de l’article, paru le 25 Janvier dans «Die Information», resté à Vienne complètement inaperçu, mais qui a fait le tour des journaux suisses (p. ex. Bund 30 Janvier, Neue Zürcher Zeitung 1er Février) à la grande satisfaction de son auteur. Celui-ci préconise un rapprochement plus intime, «eine politische Vertragsgenossenschaft» entre la Suisse et l’Autriche, spécialement parce que ces deux pays ont à souffrir également de l’irrédentisme italien, «beide haben unter dem italienischen Irredentismus gleichmässig zu leiden.» L’éditeur-propriétaire de l’«Information» est M. le Chevalier A. von Eisner-Eisenhof, grand admirateur de notre pays, fidèle paroissien du Cresta Palace à Celerina où il va tous les ans, et qui, s’il n’est pas, comme disaient nos journaux, un «hervorragender österreichischer Diplomat», appartient du moins à la meilleure société viennoise et fréquente les plus hauts personnages. Il vint se présenter à la Légation pour m’inviter à un bal de la Société la Croix Blanche («Kurorte» pour militaires malades) qu’il organisait, et où, effectivement - je l’ai vu - il faisait les honneurs à l’Archiduc Frédéric. Il me parla de cet article qu’il avait publié précisément la veille, et qu’il m’envoya le lendemain. Or, il y a quelques jours, dans une soirée, je fus présenté au jeune Archiduc Charles Albert, de 23 ans, lieutenant d’artillerie, très sérieux, qui me parla de la Suisse, de notre armée «dont le Général Conrad fait tant d’éloges», et me dit: «Vous avez comme nous à souffrir des menées irrédentistes des Italiens». Exactement la même expression que M. de Eisner: il y a là un symptôme caractéristique qui vous frappera comme moi.
La fameuse 9e Canzone de d’Annunzio contenant, paraît-il, des traits assez déplacés contre l’Autriche, a jeté encore de l’huile sur le feu. La Neue Freie Presse du 2 courant - dont un exemplaire ci-joint - lui a consacré une riposte virulente, et la Bibliothèque centrale de Vienne vient de rayer de son catalogue l’œuvre totale du poète-romancier. Vous savez d’ailleurs que le Gouvernement italien a séquestré cette publication, et que M. Giolitti a déclaré le 24 courant à la Chambre qu’il refuserait de répondre à toute question concernant le séquestre de la dite «Canzone».
La mort du Comte d’Aehrenthal amènera-t-elle un changement dans les relations officielles de la Monarchie avec l’Italie? L’approbation formelle donnée par l’Empereur au Ministre agonisant et les télégrammes de chaude amitié échangés entre le Comte Berchtold et le Gouvernement italien semblent indiquer que non. Et pourtant il faut compter avec le parti opposant qui n’est pas près de désarmer.
L’Archiduc-Héritier, qui entretenait des relations assez froides avec le Comte d’Aehrenthal, représentait Sa Majesté aux obsèques du Ministre. Le cérémonial adopté prévoyait que le cercueil serait accompagné en cortège de l’église Saint Michel jusqu’à la Place Schwarzenberg, où se ferait la dislocation du cortège tandis que le cercueil serait acheminé vers la gare pour la Bohème. Les membres du Corps diplomatique se préparaient si bien à prendre part au cortège qu’ils avaient envoyé leurs voitures les attendre à la Place Schwarzenberg. Mais la cérémonie religieuse terminée, l’Archiduc Franz Ferdinand, suivi des autres membres de la famille impériale, se retira par une porte latérale de l’église. Dans ces conditions, le Corps diplomatique ne pouvait que s’abstenir d’accompagner le convoi, et c’est ce qu’il décida à regret. Les commentaires n’ont pas manqué sur cet incident.
Dans leurs appréciations sur la guerre italo-turque, les journaux autrichiens qui, au début, avaient été aussi désobligeants que possible envers l’Italie, puis avaient pris un ton convenable, sinon amical, ont employé de nouveau des termes sévères à l’égard du récent bombardement de Beiruth.
A ce sujet, il n’est pas aventuré de croire que cette opération de la flotte italienne obéit surtout au secret désir de forcer les Puissances à une intervention pacifique. L’Ambassadeur de France me disait dernièrement: «Ils voudraient bien la paix, Turcs comme Italiens, mais aucun des deux ne veut avoir l’air de la demander». Depuis lors, le télégraphe vous aura porté la nouvelle, qui semble se confirmer, d’une démarche des Puissances à Rome.
- 1
- Politischer Bericht: E 2300 Wien, Archiv-Nr. 30.↩
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Internationale Lage (bis 1914)


