Classement thématique série 1848–1945:
II. RELATIONS BILATÉRALES
13. France
13.1. Commerce
13.1.1. Traité de commerce et guerre douanière
Printed in
Diplomatic Documents of Switzerland, vol. 4, doc. 93
volume linkBern 1994
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Archive | Swiss Federal Archives, Bern | |
▼ ▶ Archival classification | CH-BAR#E13#1000/38#153* | |
Old classification | CH-BAR E 13(-)1000/38 33 | |
Dossier title | Delegationsberichte der Schweizer Gesandtschaft in Paris an das Departement des Auswärtigen betr. Handelsverhältnisse mit Frankreich (1892–1892) |
dodis.ch/42503
En vous confirmant notre télégramme de vendredi soir2 qui vous aura permis de terminer définitivement la discussion sur les tarifs, je crois devoir vous fournir quelques indications en réponse à la lettre de M. Lardy, du 29 écoulé, et à votre rapport du 30.
Devant m’absenter la semaine prochaine, et peut-être la suivante pour des raisons de famille, j’attendais impatiemment hier et aujourd’hui votre rapport sur la conférence qui devait avoir lieu vendredi au Ministère des Affaires étrangères pour discuter la question de la forme à donner à l’arrangement. Il serait hautement désirable que l’on ne tardât pas trop à aborder ce point de telle manière qu’il pût être réglé dans le courant de cette semaine, car la semaine suivante sera absorbée depuis le mercredi 13 jusqu’au 16 par le tir fédéral de Glaris, époque pendant laquelle nous ne pouvons avoir de séances du Conseil fédéral dont deux membres (MM. Schenk et Ruchonnet) sont en vacances, et trois au moins seront à Glaris. Uurgence extrême qu’il y a de terminer toutes ces questions, spécialement celle de la forme3, dans la huitaine, s’impose d’autant plus que, d’après l’arrêté du 24 juin4, dont vous connaissez la teneur, nous avons l’obligation de convoquer l’Assemblée fédérale pour le 1er août au plus tard si l’arrangement n’aboutit pas jusque vers la mi-juillet. Or, comme il faut que la convocation ait lieu au moins dix jours à l’avance, il s’ensuit que nous devrons lancer nos lettres aux membres de l’Assemblée le 20 juillet si jusque-là l’accord complet et signé n’existe pas. En supprimant donc les journées du 13 au 16, il est évident que si nous ne réglons pas ces points dans la huitaine, ce n’est pas dans les 4 jours qui sépareront le 16 du 20 que nous pourrons avoir la certitude de le faire.
J’insiste donc de la manière la plus pressante pour que nous ne soyons pas acculés au tout dernier moment. Vous pouvez d’ailleurs dire à MM. Roche et Ribot que nous garderons le secret le plus rigoureux sur la conclusion de l’arrangement, et sur sa signature si elle a lieu avant les vacances des Chambres françaises. L’essentiel est actuellement de s’entendre sur cette grosse et difficile question de la forme, après quoi le reste paraît devoir aller tout seul.
Les tergiversations et les reculades de M. Ribot ne sont pas sans me causer de constantes inquiétudes. Et à ce propos, je dois vous faire part d’un entretien que j’ai eu hier avec M. Rabanit, secrétaire général de l’agence Havas. Il est venu s’excuser d’avoir publié le télégramme du 23 juin dont j’ai dû parler au Conseil national.5 Ce télégramme, m’a-t-il dit, était «de source officieuse; il provenait de M. Roche» (?). M. Rabanit, extrêmement au courant, d’après ce que j’ai pu constater moi-même, de l’état de nos négociations, m’a dit de la manière la plus positive que nous ne devions pas nous faire d’illusions, que le gouvernement français ne cherchait qu’à gagner du temps, qu’il ne concluerait pas avec nous et surtout ne signerait rien, que cela était une chose entendue avec la majorité protectionniste, etc., etc.. M. Rabanit m’a d’ailleurs offert de me faire soumettre à l’avance tous les télégrammes qu’il recevrait de Paris à ce sujet, attendu qu’il ne voulait livrer à la publicité en Suisse que ceux avec le contenu desquels je serais d’accord. Je n’ai pas repoussé l’offre, tout en pensant qu’il faut être sur ses gardes.
Ce que j’ai particulièrement retenu dans ces ouvertures, c’est que le télégramme en question était de source officieuse. Je n’en avais jamais douté, quoique M. Arago soit venu m’assurer, il y a quelques jours, et cela de la part de M. Ribot, que le gouvernement français était entièrement étranger à cette publication. Je dois dire encore que d’après M. Rabanit, l’agence Havas avait reçu du gouvernement français une autre communication beaucoup plus longue et détaillée démentant notre message, mais qu’elle l’a supprimée pour ne pas nous être désagréable.
Tout cela montre combien nous avons raison de nous défier. Aussi, je ne croirai à l’arrangement que quand il sera signé.
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