dodis.ch/42419
Le Chef du Département des Affaires étrangères,
N. Droz, au Ministre de Suisse à
Paris, Ch.
Lardy1
à chiffrer
Berne, 13 février 1890, 12h soir
Reçu hier soir votre rapport2 via Genève. Je crois que vous pourriez répondre de ma part à M. Spuller:
1° Nous n’avions aucune connaissance d’accumulation de matériel et de troupes alpines à la frontière savoisienne. Il doit s’agir d’une panique sans motif sérieux. Mais si le gouvernement français a des détails plus précis, nous lui serions reconnaissants de nous en faire part.
2° La Suisse a assez montré de tout temps l’intérêt qu’elle prend à la neutralité de la Savoie pour qu’on soit assuré qu’elle ne négligera rien de ses droits et de ses devoirs sous ce rapport; on se rend parfaitement compte ici de ce qu’ils comportent et l’on y est préparé en vue de toute éventualité. L’esprit d’amitié et de confiance réciproques qui anime les deux gouvernements est le plus sûr garant que le moment venu les questions de détail qui doivent être réglées suivant les circonstances recevraient une solution pratique satisfaisante.
3° Il ne serait pas prudent de la part des députés savoisiens de faire du bruit autour d’une question de nature à émouvoir l’Europe entière, et je suis certain que le gouvernement français partage absolument mon point de vue.
Voilà la réponse que je vous autorise à donner et qui me paraîtrait devoir suffire. Si toutefois vous estimez que soit cette réponse soit d’autres points nécessitent l’exécution de votre projet, je suis pleinement d’accord et vous réponds oui. Dans ce cas je vous prierais de me télégraphier à votre tour oui.