dodis.ch/41915

Le Ministre de Suisse à Florence, G. B. Pioda, au Président de la Confédération, K. Schenk1

J’ai reçu hier dans la journée Votre billet du 19 court.2 et je me suis immédiatement rendu chez M. De Vincenzi, le Ministre des Travaux Publics, auquel j’exposai le doute que Vous m’aviez communiqué, ainsi que l’importance d’une démarche de la part de la Légation Italienne à Berlin, analogue à celle qui sera faite par la Légation Suisse.

Le Ministre prit la chose avec beaucoup de zèle et il donna ordre sur le champ, en ma présence, de rédiger une Note au Min. des Aff. Etr. pour le prier de vouer son attention à l’affaire et d’inviter le Ministre Italien, M. de Launay, à abréger son congé. Il donna de plus l’ordre de rédiger une lettre particulière à ce dernier pour le prier de rentrer à son poste à Berlin au plus tôt.

J’avais en même temps envoyé le Cons. Secr. de la Légation chez M. Sella qui, tout en prenant la chose à cœur, déclara cependant qu’il était sans crainte et il citait pour preuve la conversation qu’il avait eue avec M. de Launay, qui dit avoir laissé la chose en très bon état à Berlin, et le toast porté par le Comte de Wesdehlen, le 18 court., au Dîner Municipal à Turin, dans lequel il fit une allusion, quoique délicate, à la réalisation du projet du St-Gothard.

En sortant du Ministère des Travaux Publics, je passai à la Légation Allemande, où je trouvai le Comte de Wesdehlen (Chargé d’affaires ad interim pendant l’absence du Comte Brassier de St-Simon qui est malade à Savone) sur le point de venir chez moi, pour causer de l’affaire. Je lui dis alors qu’en Suisse, aussi bien qu’en Italie, on serait fort déconcerté si l’Allemagne n’arrivait pas avant l’expiration du délai, c’est-à-dire avant le 31 Octobre prochain, avec son vote définitif. Il me répondit que lui-même serait bien aise d’avoir une assurance sur ce point et qu’il allait en écrire immédiatement à Berlin.

M. De Vincenzi m’a en sus promis de me faire connaître depuis Rome, où il ira incessamment, le résultat de ses démarches auprès de son Collègue des Aff. Etr., mais je crois que dès à présent, Vous pouvez compter que le Gouvt. Italien donnera suite au désir que je lui ai fait connaître en Votre nom.