Classement thématique série 1848–1945:
V. CHEMIN DE FER DU GOTHARD
Pubblicato in
Documenti Diplomatici Svizzeri, vol. 2, doc. 197
volume linkBern 1985
Dettagli… |▼▶Collocazione
Archivio | Archivio federale svizzero, Berna | |
▼ ▶ Segnatura | CH-BAR#J1.2#1000/1310#30* | |
Vecchia segnatura | CH-BAR J 1.2(-)1000/1310 6 | |
Titolo dossier | Vorgeschichte und Anfänge der Gotthardbahn (1815–1870) | |
Riferimento archivio | 5-1 |
dodis.ch/41730
J’avais promis, avant ma dernière audience chez Monsieur Rouher, au Ministre d’Italie, M. Nigra, de l’informer dès que j’aurais reçu de votre part des directions plus positives concernant la question qui a fait l’objet d’une dépêche du Ministère de Florence et dont je vous ai parlé dans mon rapport du 15 Mai2.
Après avoir pris connaissance de la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’adresser hier3 et qui m’est parvenue aujourd’hui, je me suis rendu immédiatement chez M. Nigra, et je lui ai dit ce qui suit:
«Par suite des directions que je viens de recevoir, je vous prie de ne pas faire usage du tout de la dépêche en question. Le Gouvernement fédéral ne trouve pas compatible avec la position qu’il a prise jusqu’à présent, de faire la moindre démarche pour engager le Gouvernement français à participer à l’entreprise du Gothard. Ce n’est pas lui qui a provoqué les offres faites à la fin du Mois de Mars par la Prusse, l’Italie et le Grand Duché de Bade. Si des démarches ont été faites dans ce but, ça été plutôt par des délégués du Comité du St-Gothard, siégeant à Lucerne, mais nullement par les autorités fédérales. Il ne serait donc pas convenable de la part du Conseil Fédéral de prendre l’initiative pour obtenir une participation de la France dans cette entreprise. Du reste le Conseil Fédéral sait bien que, de la part de l’Italie, on ne rencontrerait pas la moindre opposition contre des démarches de ce genre, mais il ne peut pas savoir si ce serait encore le cas de la part de la Prusse, et le Gouvernement Suisse ne voudrait nullement se charger de la responsabilité qu’impliquerait une autre conduite que celle que je viens d’exposer vis-à-vis de ceux qui sont prêts à engager leurs finances pour l’exécution de ce passage alpestre.»
Telle est l’essence de ce que j’ai exposé à M. Nigra. Je n’ai pas trouvé prudent de lui indiquer ce que vous m’écrivez dans votre lettre d’hier sur les dispositions qui paraissent prévaloir à ce sujet à Berlin, et cela d’autant moins que le motif allégué par moi me parait suffisamment justifier l’attitude de la Suisse dans la question dont il s’agit.
M. Nigra m’a immédiatement assuré qu’il ne ferait pas le moindre usage de la dépêche qu’il a reçue, ni officiellement, ni officieusement, et qu’il n’agirait dans cette affaire que d’accord avec moi, vu que nous avons les mêmes intérêts à défendre. Il a ajouté qu’il ne manquerait pas d’informer immédiatement son Gouvernement des ouvertures que je lui ai faites.
Je l’ai prié d’observer sur le mandat qu’il avait reçu à cet égard de son Gouvernement, le plus grand secret, attendu que dans des questions qui paraissent marcher avec entrain, il faut soigneusement éviter de provoquer des difficultés.
J’ai profité de cette occasion pour lui demander s’il avait déjà appris jusqu’à présent, dans les régions gouvernementales, quelque chose sur l’affaire du St-Gothard, et qui peut être d’un certain intérêt pour mon Gouvernement. Il m’a répondu qu’il en aurait parlé il y a environ trois ans officieusement à M. Béhic, alors Ministre du Commerce, en le rendant attentif à l’intérêt qu’auraient l’industrie et le commerce de l’Alsace à la construction d’une ligne de chemin de fer par le St-Gothard. M. Béhic lui aurait répondu comme suit: «Je conçois parfaitement l’intérêt qu’ont l’Italie et la Suisse à l’exécution de cette entreprise, et nous ne pourrions pas l’empêcher. Mais la même entreprise serait au grand préjudice du port de Marseille et de la ligne Paris-Lyon-Méditerranée, de sorte que les intérêts de l’Alsace seraient tout à fait secondaires, et ne pourraient en aucune manière compenser le préjudice qu’elle porterait sous d’autres rapports à la France; demander une subvention à la France pour le St-Gothard serait tout simplement absurde.»
Sur ma demande si M. Nigra n’avait pas peut-être appris quelque chose au sujet des dispositions actuelles du Gouvernement français, il m’a répondu qu’il avait dit quelques mots avant-hier soir sur cette affaire à M. Rouher, en demandant brièvement, sans entrer dans aucun détail: «Qu’est-ce que vous dites du passage du St-Gothard?» M. Rouher lui aurait répliqué: «Le Ministre de Suisse m’a parlé de cette affaire Jeudi dernier, et je vais l’étudier. Dans tous les cas, nous ne pourrions pas admettre que la Direction de cette entreprise fut jamais fusionnée avec la Direction des chemins de fer allemands.» Cette réponse de M. Rouher n’est pas sans intérêt, car elle fait supposer que M. Rouher lui-même admet que la France n’a aucun droit de s’opposer à l’exécution de cette entreprise et qu’elle se bornera probablement à insister pour qu’on évite tout ce qui pourrait compromettre la position internationale de la Suisse et sa neutralité.
J’ai pensé que vous apprendriez avec intérêt les communications qui précèdent, et c’est pour cela que je me suis empressé de vous les transmettre immédiatement.
Tags
Ferrovia Tunnel delle Alpi Ferrovia del Gottardo, progettazione (1851–1871)