Notiz über eine Unterhaltung mit dem sowjetischen Aussenminister Molotow.
Pubblicato in
Documenti Diplomatici Svizzeri, vol. 19, doc. 104
volume linkZürich/Locarno/Genève 2003
Dettagli… |▼▶Collocazione
Archivio | Archivio federale svizzero, Berna | |
▼ ▶ Segnatura | CH-BAR#E2800#1967/59#355* | |
Vecchia segnatura | CH-BAR E 2800(-)1967/59 20 | |
Titolo dossier | Généralités (1953–1954) | |
Riferimento archivio | 06.1 |
dodis.ch/9023 Notice du Chef du Département politique, M. Petitpierre1 ENTRETIEN AVEC M. MOLOTOV, MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE L’URSS, LE VENDREDI 28 MAI 19542
M. Molotov est entré dans mon bureau à 11 h. 40. Il était accompagné de son interprète, M. Starikov, du Ministre de l’URSS à Berne, M. Molotchkov, et du Ministre Zehnder. L’entretien a duré jusqu’à 12 h. 05. Il a été très cordial et animé. Nous avons échangé debout quelques compliments. J’ai souhaité la bienvenue et remercié M. Molotov d’avoir consacré une journée à un voyage à Berne. Il m’a dit son plaisir d’être en Suisse, d’avoir fait le voyage de Genève à Berne par un très beau temps et en traversant de belles régions.
M. M. m’a demandé ce que je pensais de la Conférence de Genève, si j’étais optimiste ou pessimiste. Je lui ai répondu que c’était plutôt à moi à lui poser cette question, puisqu’il était mieux renseigné que je ne l’étais sur ce qui se passait, – mais j’ai ajouté que je lui répondrais, et lui m’a dit qu’il me donnerait aussi son avis. Je me suis exprimé en substance ainsi: Au moment où la conférence a été décidée et où Genève a été choisie comme son siège, nous avons eu l’espoir en Suisse qu’elle donnerait des résultats positifs; c’est pourquoi nous avons accepté et nous avons été heureux qu’elle se tînt en Suisse. Au début de la conférence, on pouvait hésiter entre l’optimisme et le pessimisme et avoir des doutes sur les chances de succès. Mais depuis plusieurs jours on peut être optimiste. Il semble que personne ne veuille courir le risque d’une guerre générale. On fera son possible pour arriver à un compromis. Sans doute un règlement définitif des problèmes en suspens n’est pas à envisager, mais si l’on peut mettre fin aux hostilités, ce serait déjà beaucoup: celles-ci arrêtées, les belligérants n’ont en général pas envie de les recommencer. Il faut de la patience. J’émets deux éventualités: celle où la conférence aboutirait à des résultats positifs, et celle où il faudrait envisager une nouvelle conférence pour reprendre des questions qui n’auraient pas été réglées à Genève. J’ajoute qu’à Genève, deux hommes d’Etat me paraissent pouvoir et avoir la volonté de jouer le rôle de conciliateurs et par leurs efforts pouvoir faciliter un compromis: «Vous-même, M. le Ministre, et M. Eden, Ministre des Affaires étrangères de Grande-Bretagne.» Je précise encore que les opérations militaires actuelles en Indochine compliquent les choses, parce que les belligérants (je ne précise pas le Vietminh) ont tendance à s’assurer le maximum d’avantages sur le terrain pour améliorer leur position à la conférence.
M. M. estime que les points de vue que j’ai exprimés sont justes, et il déclare les partager. Aussi longtemps que les discussions continuent, les chances de réaliser un compromis subsistent. Une nouvelle conférence après celle de Genève n’est pas exclue. Le devoir de lui, Molotov, et de M. Eden en tant que présidents de la conférence, est de chercher à concilier les points de vue. Mais les difficultés sont très grandes et on ne peut encore dire si elles pourront toutes êtres surmontées. M. M. n’est pas sûr que tout le monde veuille éviter la guerre (allusion sans doute aux USA, qu’il ne nomme pas).
La discussion se poursuit sur ce thème, puis M. M. me dit que les gouvernants suisses ont su faire une habile politique, puisqu’ils ont évité que la Suisse ne soit entraînée dans les dernières guerres. Je relève que notre position géographique et nos montagnes nous ont facilité cette politique et la préparation de notre défense. M. M. insiste sur le fait que c’est surtout la sage politique pratiquée par les gouvernants suisses qui a préservé notre pays. Je réplique alors que depuis des siècles les Suisses se sont efforcés de rester en dehors des conflits et des oppositions entre les grandes Puissances, notamment celles qui nous entouraient naguère. J’ajoute aussi que notre armée nous a toujours protégés, en particulier pendant la dernière guerre, et que, si elle avait dû ou devait à l’avenir se battre, nous pensons qu’elle se battrait bien. Sur une question de M. M. concernant l’armée, j’ai précisé que c’était une armée de milices, que chaque citoyen était soldat, qu’il n’y avait pas de troupes de métier, hormis les officiers instructeurs, et que le peuple et l’armée formaient une entité.
- 1
- E 2800(-)1967/59/20.↩
- 2
- Au sujet de la visite de W. Molotov en Suisse cf. aussi la notice de A. Zehnder du 28 mai 1954, non reproduite (dodis.ch/9031).↩
Collegamenti ad altri documenti
http://dodis.ch/9031 | cfr. | http://dodis.ch/9023 |