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Le Général H. Guisan au Chef de F Etat-Major Général de l’Armée, J. Huber1

L’ampleur et les succès initiaux de l’offensive russe sur le front oriental nous obligent à envisager la situation qui se présenterait au cas où les armées soviétiques gagneraient encore du terrain vers le centre de l’Europe et où leur pénétration jusqu’en Bavière ou au Tyrol, par exemple - c’est-à-dire au-delà de la ligne de démarcation prévue par les Alliés pour l’occupation de l’Allemagne -, constituerait une menace directe pour notre territoire.

Cette menace pourrait revêtir des formes diverses, soit du simple fait de l’avance éventuelle des armées russes sur tels axes et dans tels délais; soit par les répercussions que cette avance pourrait avoir sur les opérations des autres armées belligérantes; soit par les mouvements d’éléments civils dans les régions menacées.

Il faut enfin ne pas perdre de vue certains problèmes d’ordre intérieur qu’un développement croissant des victoires russes pourrait entraîner, simultanément, dans notre pays.

Je vous prie donc de faire établir une appréciation de situation, et, sur la base qu’elle vous fournira, de mettre en chantier les études d’état-major relatives à la concentration de nos forces et à la manœuvre défensive destinées à parer à cette nouvelle forme de danger.