Classement thématique série 1848–1945:
III. RELATIONS ÉCONOMIQUES INTERNATIONALES
III.2. LES ALLIÉS
III.2.1. NÉGOCIATIONS ÉCONOMIQUES AVEC LES ALLIÉS
Abgedruckt in
Diplomatische Dokumente der Schweiz, Bd. 15, Dok. 186
volume linkBern 1992
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Archiv | Schweizerisches Bundesarchiv, Bern | |
▼ ▶ Signatur | CH-BAR#E2001E#1000/1572#817* | |
Alte Signatur | CH-BAR E 2001(E)1000/1572 72 | |
Dossiertitel | Wirtschaftsverhandlungen und Abkommen mit England (1943–1945) | |
Aktenzeichen Archiv | C.45.111 • Zusatzkomponente: Grossbritannien |
dodis.ch/47790
ENTRETIEN AVEC LORD SELBORNE, MINISTRE DE L’«ECONOMIC WARFARE» DU 27 JUILLET 1944
LordSelborne a manifesté le désir de me voir, sans doute à la suite du contact qu’il avait eu avec le Secrétaire d’Etat aux Affaires Etrangères, M. Eden2.
L’entretien s’est déroulé surtout sur un plan général, tout en prenant comme point de départ les négociations économiques en cours.
Je ne reviens pas ici sur l’exposé de notre thèse, que j’ai été amené à faire dans une phase difficile des pourparlers économiques. Cet exposé reprenait avec quelques précisions techniques celui que j’avais développé devant M. Eden, en insistant sur les difficultés extrêmes, contre lesquelles notre pays avait eu et avait à lutter pour s’assurer, d’une part, des produits indispensables à l’économie suisse, pour réduire, dans de vastes proportions, les fournitures de produits intéressant la guerre à ses voisins, et pour maintenir ouvertes, malgré tout, les voies de communications avec le monde occidental. J’ai tâché de préciser aussi la part que le facteur économique joue dans le maintien de la neutralité, base indispensable de l’action déployée par notre pays dans l’intérêt de tous.
J’ai été heureux de constater que LordSelborne manifeste une entière compréhension pour le rôle de la Suisse neutre dans le conflit et dans l’aprèsguerre, et je crois pouvoir admettre que nous pourrons trouver dans cet homme d’Etat un appui, lorsqu’il s’agira de voir reconnaître la fonction de la Suisse neutre dans une organisation internationale à venir. Ses réactions et le mode de raisonnement de LordSelborne présentent une ressemblance étonnante avec celle de son oncle, LordRobert Cecil (actuellement LordCecil of Chelwood). Comme ce dernier, LordSelborne présente un mélange frappant d’idéalisme généreux sur un plan général, et de l’esprit pratique d’un Ministre chargé du blocus. Durant l’entretien, je me suis souvenu que LordRobert Cecil également était entré dans la voie de la collaboration internationale après avoir passé, durant la dernière guerre, par le dur apprentissage d’un Ministère, souvent impitoyable, du blocus. Il y a d’ailleurs aussi une forte ressemblance physique entre les deux hommes, sans que toutefois Selborne ait l’expression souvent malicieuse de son oncle.
Parlant de notre pays, LordSelborne a dit que la Suisse avait certainement un rôle très important à jouer dans la reconstruction du monde et dans le rééquipement de l’Europe, dont les stocks sont devenus, dans de nombreuses régions, inexistants. Il s’est demandé - et sur ce point il a repris la thèse personnelle, dont M. le Prof. Keller avait déjà eu connaissance - si une partie de l’industrie suisse ne devrait pas, pour les besoins immenses de l’après-guerre, se spécialiser dans la production de machines agricoles. Le souci principal de LordSelborne, comme, dit-il, de plusieurs de ses collègues de Cabinet, est le problème politique de l’Allemagne de l’après-guerre. J’aurai l’occasion de revenir sur les idées développées par le Ministre de P«Economic Warfare». LordSelborne dit que l’on compte beaucoup sur la pénétration, dans le monde germanique, d’idées qui ont toujours eu cours en Suisse et, par conséquent, sur l’influence morale et intellectuelle de notre pays. Très nettement, mon interlocuteur a indiqué que des mesures radicales de compression économique du peuple allemand ne résoudraient pas le problème d’une paix future.
Pour terminer, LordSelborne a exprimé le vif espoir, comme moi-même du reste, que les délégués alliés et suisses arriveraient à la signature de l’accord.
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