dodis.ch/47765

Le Ministre de Suisse à Bucarest, R. de Week, au Chef du Département politique, M. Pilet-Golaz1

Pour faire suite à mes derniers rapports écrits et télégraphiques2, j’ai l’honneur de porter à votre connaissance ce qui suit:

Au cours de l’audience qu’il m’a accordée aujourd’hui même, M. le Président intérimaire du Conseil des Ministres m’a remis personnellement, après m’en avoir donné lecture, une très longue épître relative, d’une part, à la situation des Suisses de Roumanie et, de l’autre, à son désir de nous voir offrir un refuge à un certain nombre de ses compatriotes du monde intellectuel et universitaire.

Le temps me manquant pour faire recopier la missive du premier ministre, je vous l’envoie sous ce pli en original en vous priant de vouloir bien me la restituer le plus promptement possible dès que vous aurez pu en faire prendre des copies.

Par sa longueur et sa grandiloquence, cette lettre vous fera comprendre quelles difficultés je rencontre pour amener mon interlocuteur à traiter les questions qui nous intéressent sur le plan pratique et concret auquel nous sommes habitués, mais qui n’est décidément pas le sien.

J’eusse désiré être en mesure de vous soumettre, de la part de M. Mihai Antonesco, des propositions précises. Tout ce que je puis faire, c’est de vous transmettre tel quel son plaidoyer en vous priant de m’adresser le plus promptement possible toutes les instructions que vous jugerez utiles.

Je crois qu’il serait bon d’appeler l’attention de M. Pella sur la nécessité de nous présenter un programme nettement défini: nombre des personnes que l’on désirerait nous voir accueillir, état nominatif de ces personnes, modalités envisagées pour assurer leur entretien, etc.

Peut-être pourrions-nous suggérer au gouvernement roumain l’idée de grouper dans un de nos hôtels, de préférence dans une région où l’industrie touristique a besoin d’encouragement, une petite colonie d’intellectuels et d’universitaires.