Classement thématique série 1848–1945:
2. RELATIONS BILATÈRALES
2.14. ITALIE
2.14.1. RELATIONS ÉCONOMIQUES
Également: Les négociations économiques avec l’Italie vont reprendre à Rome. Le Conseil fédéral approuve les nouvelles instructions pour la délégation suisse et décide de lui adjoindre un représentant des milieux financiers. Annexe de 26.6.1942 (CH-BAR#E1004.1#1000/9#13793*).
Printed in
Diplomatic Documents of Switzerland, vol. 14, doc. 211
volume linkBern 1997
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Archive | Swiss Federal Archives, Bern | |
▼ ▶ Archival classification | CH-BAR#E2001D#1000/1552#7354* | |
Old classification | CH-BAR E 2001(D)1000/1552 232 | |
Dossier title | Italienisch-schweiz. Wirtschaftsverhandlungen (1941–1943) | |
File reference archive | C.21.21.1 • Additional component: Italien |
dodis.ch/47397
I. Dès son retour à Rome, le 29 juin dernier, M. Hotz prit contact avec la Légation et, conformément aux instructions reçues du Conseil fédéral2, élabora avec la délégation suisse les contre-propositions au projet italien. Le 30 juin, lors d’une séance plénière réunissant les deux délégations au Palais Chigi, il exposa le point de vue suisse aux délégués italiens, présentant dans les termes les plus conciliants les concessions que la Suisse est à même d’accepter, tout en soulignant son désir de maintenir dans les grandes lignes le système jusqu’ici en vigueur.
L’Ambassadeur Giannini, sans répondre quant au fond, se borna à demander ce qu’il en était du crédit bancaire. L’attitude de Monsieur Masi laissa voir un désappointement évident.
Le soir même, M. Giannini convoqua M. Hotz auquel il déclara ne pouvoir accepter les propositions suisses, ajoutant que seule l’intervention du Comte Ciano, provoquée par lui, avait permis d’éviter l’arrêt complet du trafic avec la Suisse demandé par le Ministre Riccardi3. Il indiqua que l’Italie continuerait à appliquer provisoirement les accords dénoncés pour le 30 juin, en attendant de nouvelles propositions suisses.
Ce n’est que le 2 juillet, après le départ de M. Hotz, que M. Giannini accepta de signer le projet de note présenté par M. Troendle. Cet échange de notes, daté du 30 juin 1942, ne sera pas publié4; il prévoit que les accords sont provisoirement maintenus en vigueur et que cet arrangement peut être dénoncé par chaque Etat, moyennant préavis de quinze jours, pour le quinzième ou le dernier jour de chaque mois. La Suisse dispose ainsi du délai qui lui est nécessaire avant de pouvoir poursuivre les négociations sur une base élargie.
II. Du point de vue politique, l’attitude du Ministre Riccardi n’est pas nouvelle. Ce magistrat a fréquemment exposé, dans ses discours, sa manière de voir à l’égard des petits Etats, dans des termes qui rappellent ceux utilisés par le Ministre Funk, comme Monsieur Micheli a eu l’occasion de le relever à plusieurs reprises déjà.
Sans attacher à ce fait plus d’importance qu’il n’en peut avoir, il est à noter que l’après-midi du 30 juin, quelques heures après la séance plénière des deux délégations, le «Giornale d’Italia» publia un article assez violent intitulé «Sovranità e neutralité della Svizzera» (voir annexe)5.
III. Dans le domaine intéressant les créanciers financiers, la quote-part de 15 % reste donc provisoirement en vigueur. Le volume du fonds de transfert alimenté par ce 15 % dépendra cependant de l’importance des exportations italiennes vers la Suisse. Sur ce point, on peut s’attendre à ce que la diminution enregistrée déjà au cours des quatre derniers mois s’accentue si, dans l’attente des nouveaux accords, les deux Etats limitent leurs exportations aux livraisons strictement nécessaires pour se procurer les produits qui leur sont indispensables en contre-partie.
- 1
- E 2001 (D) 2/232. Paraphe: DB.↩
- 2
- Cf. annexe au présent document.↩
- 3
- Sur ce rapport, cf. aussi le rapport du Chargé d‘Affaires à Rome, L. H. Micheli, à Pilet-Golaz, du 1er juillet 1942: Ainsi que le chef de la délégation économique le rapportera au Conseil fédéral, M. Giannini a indiqué hier que M. Riccardi, Ministre des Echanges et Devises, menaçait d’appliquer la manière forte et que, vu que la Suisse n’avait pas fait les concessions voulues (il ne peut s’agir que des crédits commerciaux et bancaires), il n’avait pas été possible de conclure un nouvel accord et qu’il n’y avait qu’à considérer les accords antérieurs comme expirés et à suspendre tout le trafic des marchandises et des paiements avec la Suisse, ce qui pouvait impliquer même une cessation de l’application des accords de transit. A la suite de cela, il y aurait eu une intervention personnelle du Comte Ciano, sans doute grâce à l’initiative et l’appui du Sénateur Giannini (bien qu’il ne l’ait pas dit), s’opposant à cette méthode et démontrant que, du côté politique, il n’y avait aucune menace à l’égard de la Suisse. L’orage annoncé par M. Giannini hier se serait limité au domaine économique. On a pu ainsi éviter, sauf quelques petites notes de presse, l’injection de dangereux éléments de pression politique. Ce résultat semble dû à la manière extrêmement compréhensive et animée d’une bonne volonté manifeste dans laquelle les conversations ont été ordonnées par le Conseil fédéral et dirigées par M. Hotz, avec la collaboration de la Légation et notamment de son Service commercial, dont M. Troendle s’occupe avec beaucoup d’énergie et de compétence. Tous les délégués suisses ont d’ailleurs fait preuve, il faut le constater, soit lorsque M. le Directeur Hotz était présent, soit lorsque la délégation a été présidée, en son absence, par M. Vollenweider, de tout le calme, de l’objectivité et des connaissances pratiques nécessaires. M. Giannini a prié M. Hotz, sur la demande du Ministre des Affaires étrangères, de faire connaître au Conseil fédéral cette intervention du Comte Ciano. Je tiens, en ce qui me concerne, à souligner cet élément, avec le poids qu’il comporte et les déductions que l’on peut en tirer. Je serais incomplet si je n’ajoutais que la prolongation provisoire (il s’agirait d’un délai ne dépassant pas trois mois, selon l’expression adoptée par M. Hotz vis-à-vis de M. Giannini) est le meilleur succès que le chef de la délégation suisse pouvait obtenir dans les circonstances actuelles difficiles et vu la position de la Suisse entre l’enclume et le marteau, avec des angles encore trop peu éclairés pour pouvoir conclure les accords définitifs nécessaires.↩
- 4
- Cf. K 1/1086.↩
- 5
- Non reproduite. En voici le premier paragraphe: É veramente la Repubblica elvetica uno Stato sovrano e neutrale? Tale essa con fierezza si pretende. Tale sempre meno appare nel corso di questa guerra nella quale i suoi atteggiamenti ufficiali e ufficiosi si profilano, più o meno pubblicamente, in un indirizzo ehe si puo definire di sottomissione e di complicità in favore dei nemici dell’Asse.↩
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