dodis.ch/47323
Notice du Chargé d’Affaires de Suisse à
Lisbonne,
H. Martin1, au Département politique
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Cet après-midi, j’ai rendu visite au Ministre d’Angleterre, M. Kelly3. Au cours de la conversation, j’ai eu l’occasion de lui exposer la question du ravitaillement de la Suisse par Lisbonne, en attirant son attention sur le fait que, vu le manque de tonnage dont nous disposons, nous avions toujours à Lisbonne plus de 100000 tonnes de céréales que nous devions emmagasiner, ce qui, pour la Suisse, renchérissait la tonne de 200 francs.
J’avais consulté toutes les instances compétentes, et il résultait de mon enquête que, vu l’impossibilité pour l’Espagne de nous donner même la totalité des 50000 tonnes auxquelles elle s’était engagée par l’accord de Madrid4, il ne restait comme solution que l’augmentation par la Grande-Bretagne du contingent de shipwarrants de 114000 tonnes pour les navires suisses, grecs ou espagnols qui faisaient le trafic de Lisbonne vers les deux Amériques pour charger nos céréales5.
Il n’y avait, à mon avis, aucune raison pour que la Grande-Bretagne n’élève pas ce contingent, qui nous permettrait de chercher à nous assurer d’autres navires à notre propre compte.
Cette situation était très pénible pour notre ravitaillement et comme il n’y avait pas d’autre moyen de l’améliorer, j’exprimai l’espoir que le Ministre recommanderait à Londres une augmentation de 40 à 50000 tonnes, de façon à ce que nos céréales n’aient pas constamment de 6 à 10 semaines de retard. Il me répondit avec la plus grande bienveillance, tout en ajoutant qu’il ne connaissait pas les causes de cette limite insuffisante, mais qu’un délégué spécial pour les questions maritimes, M. Chaplin, qui devait partir de Londres le 10 décembre, et que sa Légation avait annoncé au Département politique, allait arriver incessamment. Il était important que je puisse prendre contact avec lui et M. Kelly m’offrit de me faire signe dans le courant de la semaine prochaine, ce que j’acceptai.
Je lui dis qu’un certain nombre d’instances s’occupaient de la question des transports maritimes et du ravitaillement, soit le Département politique fédéral (M. Hohl), la Section maritime de l’Office des transports de guerre (M. Boiler), l’Office de surveillance des importations et exportations (M. Schneiter), l’Administration fédérale des Blés (M. Laesser). M. Chaplin ne manquerait naturellement pas de prendre contact avec eux.